Actualités

La source des Femmes ou la source bafouée

Pinterest LinkedIn Tumblr
La source des Femmes ou la source bafouée. Le film “La source des Femmes”, vu par une jeune Française.
 
 

La source des Femmes ou la source bafouéeDernièrement, je me suis rendu au cinéma. Le film que j’ai vu: la Source des femmes, sorti le 2 Novembre au cinéma. C’est le scénariste et réalisateur Radu Mihaileanu qui est à l’origine de ce film 100 % Femme.  Le film était présenté en compétition officielle lors du 64ème festival de Cannes.  A l’écran, une panoplie d’actrices plutôt douées telles que Hafsia Herzi, Sabrina Ouazani ou d’autres dont le talent ne se dit plus : Biyouna. Au début du film, le synopsis indique ou plutôt n’indique pas précisément l’emplacement géographique de l’histoire. On peut lire: « Cela se passe de nos jours dans un petit village, quelque part entre l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Les femmes vont chercher l’eau à la source, en haut de la montagne, sous un soleil de plomb, et ce depuis la nuit des temps ». Pour résumer, sans trop en dire, la Source des Femmes est l’histoire de femmes, vous l’aurez devinez. Celles-ci, par l’initiative d’une tête forte, Leila, jouée par Leila Bekhti décident de changer les traditions.

Depuis toujours, ce sont ces femmes du village qui  doivent aller chercher l’eau au puits. Zones montagneuses oblige, nombre de femmes ont laissé sur ces roches des vies…Pas la leur, une partie seulement. Celles de fœtus qu’elles perdent en tombant sous la lourde charge des bidons d’eau. Leila, la fameuse tête forte, va être à l’origine d’un mouvement de grève chez ces femmes. N’en disons pas plus, autrement, le film n’aurait plus d’intérêt à être vu. Au-delà de ce fil conducteur, ce que j’ai pu noter, c’est l’absence totale de référence à la culture berbère dont s’est inspiré le film. Village, décor, tenues et bijoux, traditions et chants, tout est berbères. Et finalement, rien ne l’est véritablement, puisque même dans la version originale du film, on devine sans grande difficulté le Darija, l’arabe dialectal, en l’occurrence marocain.

La source des Femmes ou la source bafouéeLe constat est dramatique, la culture berbère est en voie de disparition. Même si la réalisation de tel film partait d’un bon sentiment, elle n’aura pas permis d’atténuer l’érosion d’une culture qui s’est admirablement adaptée à la religion musulmane au cours des siècles. L’histoire nous apprends en effet que les Almoravides, dynastie berbère qui a régné du 11eme au 12eme siècle de l’Ouest du Sahara à une partie de la péninsule ibérique, en passant par la partie occidentale du Maghreb prêchaient l’obéissance au Livre Saint Coranique et la discipline à la religion musulmane. Almoravide se dit en en arabe al-Mur?bit?n et en berbère Im?ab?en. Ibn Khaldoun, érudit professeur, historien et philosophe du 14ème siècle a écrit, concernant l’Histoire des Berbères (Tome 1) : « Quant au Zèle qu’ ils (ndlr: les berbères) déployèrent à faire respecter le prescriptions de l’islamisme, à se guider par les maximes de la loi et à soutenir la religion de Dieu; on rapporte, à ce sujet, des faits qui démontrent la sincérité de leur foi, leur orthodoxie et leur ferme attachement aux croyances par lesquelles ils s’étaient assurés la puissance et l’empire. Ils choisissaient d’habiles précepteurs pour enseigner à leurs enfants le livre de Dieu, ils consultaient les casuistes pour mieux connaître les devoirs de l’homme envers son créateur .Ils cherchaient des Imams pour leur confier le soin de célébrer la prière chez les nomades et d’enseigner le Coran aux tribus; ils établissaient dans leurs résidences de savants jurisconsultes, chargés de remplir les fonctions de cadi; ils favorisaient les gens de piété et de vertu, dans l’espoir de s’attirer la bénédiction divine en suivant leur exemple; ils demandaient aux saints personnages le secours de leurs prières; Ils affrontaient les périls de la mer pour acquérir les mérites de la guerre sainte; ils risquaient leur vie dans le service de Dieu, et ils combattaient avec ardeur contre ses ennemis. »

Il faut savoir que le réalisateur a été accueilli 4 mois durant dans ce village Chleuh, Warielt, situé au sud du Maroc. Leila Bekhti elle, 6 mois. La moindre des choses aurait été dé remercier cette hospitalité. De quelle manière me direz-vous ? En n’oubliant pas de présenter correctement et véritablement ceux-là même qui ont été vos hôtes.

Lala Kahina

7 Comments

  1. -Wa alayoum Salam wa Rahmatou Allah wa Barakatou- Bonjour à toutes et à tous ;
    J’ai aimé le film, j’ai apprécier l’histoire, j’ai étais ému et j’ai versé des larmes. [ce que je dirai, n’engage que moi et reste un avis personnel]. Je trouve que tout est Vrai, tout, de part le comportement de certains hommes, d’autres part celui de certaines femmes.
    Je n’aurai pas honte (Hachma) de dire à ma mère ou à ma soeur que j’ai vu un film où des femmes berbères courageuses ont osées dire Non à leurs maris (non, je ne ferai pas ça, car je suis un être libre et que je veux choisir).
    Les chants, les tenues, ainsi que les plans de la camera sur le village (ou l’on vois l’architecture, les forets et les rues) étaient un vrai témoignage de notre culture berbère et de la tradition de notre pays.
    J’ai vu en ce film un hommage pour l’Humain (relations humaines), relation entre une mère (beyouna) et son fils. Relation entre deux amis d’enfance devenu tout deux hommes et époux. Relation entre une belle fille et sa belle mère.
    J’ai entendu dire au cinéma que le film était Vulgaire. Je ne vois pas de vulgarité dans ce film, je ne vois qu’un langage vrai, sans tabous.
    J’ai étais ému par l’histoire de Beyouna (vieux fusil) car comme elle, ma grande-mère fut marier à l’age de 13 ans.J’ai étais ému par l’histoire de la femme de Mohammed, car comme ma voisine (autrefois) son époux l’a battait et la força à porter le voile. J’ai étais ému par l’histoire de cette fille qui apprenait à lire et à écrire en cachette, car comme ma tente, elle n a pas pu aller à l’école… Et puis il y a une seine plus touchante-pour moi- que les autres, c’es quand Leila épuisée, se repose sous un arbre-Olivier, ça me renvoi à l’importance de cet arbre dans la culture berbère et musulmane.

  2. Abdelghafour Reply

    Salam, le film il est bidon, tu timagine dire a ta mere « ils ont fait un film sur les berbères » et quand elle va te demander c’est quoi le scénario du film ? Tu va hachm et tu pourra pas lui répondre…

    Alala ils nous ont tué avec leur film bidon.

    Ps : j’imagine bien àpres le petit frère passer et dire à la mère « anlala il a regardé un film de hume-hume »

  3. Je ne suis pas vraiment d’accord.

    C’est au contraire un magnifique hommage à la culture bèrbère qui, tu le dis toi même, transpire tout au long du film.

    La « dedicace » puisqu’il semble sagir de cela, n’apparait pas sporadiquement dans ce film, mais tout le temps à travers nos montagnes , nos coutumes, nos costumes en bref: notre Berberian « way of life » !

    Ce que je comprends en revanche de ta peine, c’est que le peu d’egard ou d’interet que porte en general la plupart des gens envers notre culture, te blesse, et comme beaucoup d’entre nous tu développes une défiance naturelle envers ceux qui se donnent la peine de l’évoquer….

    Ce ne sera jamais assez bien ou suffisant car ce n’est pas la source qui est bafouée, mais tout un peuple, tout une culture dont la richesse et les chants semblent s’éteindre peu à peu.

    j’irais presque jusqu’à dire que ce silence est une allègorie.
    Des hommes des femmes des vies passionnés, mais muettes dans la rumeurs du monde.

    Pour moi la source des femmes, est un très bel hommage ! Et ton artcle aussi , tant que la passion de nos racines vivra en chacun de nous…notres identitée demeurera.

  4. Et j’ajouterais une citation qui tend à me rassurer El Hamdoulilah… 🙂

    « La culture d’un peuple, dans ses traditions et ses pensées, demeure éternelle au fil des générations. »

    Driss Reffas, professeur Algérien.

  5. Certes Yunus, je suis d’accord avec toi.

    Pourtant, dans le synopsis, et dans tout le reste, on ne trouve aucune référence à cette culture berbère que le film a complétement insufflé. Il n’a certes pas voulu s’attarder sur la culture berbère, mais la moindre des choses aurait été de s’attarder ne serait-ce qu’un minimum. Par respect pour les hôtes et pour tout le reste.

  6. Salam aleykum,

    Je suis berbère et je trouve que l’analyse est bonne. Seulement, je ne pense pas que Radu Mihaileanu a voulut s’attarder sur la culture berbère mais plutôt sur la place et le pouvoir de la femme dans un pays musulman.
    Il a aussi réalise un film magnifique « Vas vis et deviens » qui retrace le parcours d’un petit garçon juif éthiopien qui immigre vers Israël mais qui ne se fait pas accepter au sein de la communauté juive malgré ses efforts. Là aussi, dans son film il ne fait pas beaucoup référence à la culture éthiopienne ni à la culture judaïque. Il raconte simplement une histoire.

    Et je pense que Radu Mihaileanu est sincère. Je l’ai vu expliquer comment il a essayer de rémunérer tout le village, de faire participer tout le monde. Il a construit une route dans le village (bien sur aussi pour les besoins du film); il a aussi rencontrer des élus locaux pour la création d’une clinique. Il a essayer de faire venir les actrices à Cannes mais les démarches administratives ont bloqué certaines d’entre elles. Il a gardé l’anonymat sur le nom du village et voulait qu’il reste secret pour ne pas attirer trop de monde et préserver la tranquillité des villageois.
    Et les berbères n’ont pas à prouver qu’ils sont musulmans. L’Histoire en témoigne et décrit notre région comme la forteresse de l’Islam.

  7. salam aleykoum

    pourrais je avoir d’amples informations sur une partie de l’article où il est dit :
    « ils demandaient aux saints personnages le secours de leurs prières »

    merci

Écrire un commentaire