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La Lumière qui illumina le Moyen-Âge

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Si l’on en venait à discuter de la Culture et de la Science dans le Monde Arabe, il serait bon de rappeler à toutes les nations du Monde la place primordiale que les Arabes tiennent dans l’Histoire de la pensée.

Les philosophes et les savants qui pourraient être de passage dans un pays arabe doivent acquitter leur propre dette du fait que ce fut le peuple arabe qui conserva vivante la tradition intellectuelle Grecque, et surtout l’enseignement d’Aristote, entre la chute de Rome et la Renaissance.

Les Arts, les Mathématiques, la Géographie, la Médecine et la Botanique doivent leur continuité à travers le Moyen-Âge aux peuples arabes.

En fait, il faut dire que la civilisation européenne fut vraiment sauvée par la sagesse et la magnificence des Cours arabes qui suivirent l’année 700.

Les anciens moyens de communications étaient lents. Quand les Arabes voyagèrent en Chine, et établirent les premiers écrits concernant la Tchécoslovaquie et Prague, leurs observations mirent longtemps à venir et furent diffusées encore plus lentement.

Les dessins persans mirent des centaines d’années à parvenir en Europe par la voie de l’architecture arabe, des ouvrages couverts de splendides enluminures et des dessins persans destinés à l’Espagne.

Des milliers de pièces de monnaies arabes du Xème siècle furent trouvées dans une île éloignée de la mer Baltique ; un voyage « en quête de Culture » fut écrit par l’historien Al-Massudi à Zanzibar ; une ligne commerciale régulière joignait l’Espagne à l’Asie centrale. Tout ceci n’est qu’un bref aperçu de ce que les Arabes ont parcouru autour des mers pour étudier avidement, laissant des traces presque partout où ils passèrent dans le Monde. Par ailleurs, en se basant sur le point de vue même de l’Occident, la Renaissance arabe resplendit au VIIIème siècle après JC devançant la Renaissance occidentale de sept siècles.

L’intérêt porté par le peuple Arabe à la géographie lui valut de riches profits, mais cet intérêt ne provient pas à l’origine d’un but commercial. Il jaillit d’une source très différente. Ce fut le besoin pour les pèlerins de se frayer leur  chemin à travers les sables, sans tracé, jusqu’à la Mecque, ce besoin aussi de placer les mosquées, de telle sorte qu’elles soient tournées vers la Ville Sainte et enfin le désir des pieux musulmans d’être sûrs au moment des prières, d’être dirigés vers la Mecque.

Les découvertes des voyageurs, des penseurs et des chercheurs de l’époque furent inscrites sur papier pour la première fois dans l’Histoire du Monde. Dans ce même temps, des siècles avant Gutenberg, des systèmes mécaniques d’impression furent employés pour rendre possible la diffusion de ces ouvrages. Y compris la question du droit d’auteur  qui fut légiféré par les Arabes des siècles auparavant.

Le julep (1), le soda, le sirop et le sorbet (ancêtre de l’ « ice cream ») ne sont pas seulement des mots dérivés de la langue arabe, leur nature est le signe  même d’une civilisation dans laquelle on trouve cette habileté à jouir de certaines petites choses agréables à la vie.

En se frayant une vie luxueuse les Arabes développèrent à un très haut degré l’art de la production des textiles, des soieries, des satins et des tapisseries. Par exemple, Damas fabrique du damas, la mousseline vient de Massoul, Bagdad produit des baldaquins etc.…, à profusion de couleurs et de dessins.

La culture arabe a été aussi absorbée lentement par l’Occident. Depuis l’établissement des Arabes en Espagne, les arts et les coutumes arabes firent leur chemins jusqu’en Provence (parés des chansons douces des troubadours) de Provence en Lorraine, et de là à travers toute l’Europe.

Toutefois, le drame de ce contact est qu’il y eut tant de choses que les Occidentaux n’apprirent jamais. La grande Littérature du Monde Arabe est encore presque intégralement contenue dans de magnifiques ouvrages reliés inconnus de la plupart d’entre nous.

Le Monde Arabe a vu son premier grand éclat entre 1000 et 1200 ans avant nous, et même maintenant, dans certains domaines de la pensée, l’Occident commence à peine à l’imiter.

Ainsi, par exemple, depuis longtemps, les Arabes insistèrent sur le fait qu’un médecin devait être en outre non seulement un physicien mais aussi un métaphysicien, un philosophe et un sage, pour qu’il puisse ainsi comprendre pleinement le rôle joué par la psychologie dans la guérison (c’était déjà la naissance de la psychiatrie).

En fait, telle fut l’œuvre accomplie dans le domaine de la Médecine par Avicenne (en arabe : Ibn Sina 980-1037) qui fut, non seulement un philosophe mais également philologue et poète. Il fut pour l’Ouest un éminent maître dans le domaine médical jusqu’au XVIIème siècle.

Un autre philosophe arabe, Ibn Ruschd, connu en Europe occidentale sous le nom d’Averroès  et dont les nombreux ouvrages ont élargi l’œuvre des penseurs musulmans à la fin du XIIème  siècle. Il fut décrit par Renan comme  étant « la Boétie de la philosophie arabe ».

L’apparition d’Averroès marque la fin du Moyen-âge. Pour Dante, il fut le « commentateur » par excellence : « Averroès, che il gran commento geo » : discuté, interdit, mais toujours très lu, il fut pendant plusieurs siècles l’une des principales forces qui mena à la Renaissance. Au début du XVIème siècle il était devenu « presque la philosophie officielle de toute l’Italie. »

(Citation de Renan)

Lorsque l’on examine le Monde Arabe d’aujourd’hui, on doit se rappeler que le phénix, qui renait à la vie d’une façon merveilleuse de ses cendres, est un oiseau dont le lieu de résidence est l’Arabie et dont le miraculeux pouvoir de réincarnation n’est pas encore épuisé.

(1)Juleps : médicament adoucissant délayé dans de l’eau gommée.

Extrait du journal « Unesco Courrier » octobre 1948

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