Comprendre l'Islam

Le principe de la fraternité humaine en Islam

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Puisque l’islam est une religion humaniste et universelle qui s’adresse au genre humain dans son ensemble et dans sa diversité, il a sans doute fixé le lien qui unit tous les êtres humains quelques soient les différences qui les caractérisent. Ce lien se manifeste clairement dans le verset suivant : « Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des peuples et des tribus, pour que vous vous entre connaissiez »[1].

« Ô hommes » : un appel à toute l’humanité dans sa diversité. Ce verset met en évidence l’origine commune des êtres humains, à savoir, qu’ils descendent tous du même père et de la même mère « d’un mâle et d’une femelle », c’est-à-dire d’Adam et Eve.

Ainsi, ce verset établit clairement le principe de la fraternité humaine faisant fi de tous les facteurs qui  différencient les hommes, qu’ils soient d’ordre racial, national ou social puisque leur origine est commune. Les hommes sont tous des frères. L’humanité est une seule famille.

Dieu confirme ce principe en disant : « Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être et qui, ayant tiré de celui-ci son épouse, fit naître de ce couple tant d’êtres humains, hommes et femmes. Craignez Allah au nom duquel vous vous demandez mutuellement assistance, et craignez de rompre les liens du sang. Certes, Allah vous observe en permanence »[2].

A l’instar du verset 13 de la sourate 49, ce verset s’adresse à tous les êtres humains, leur rappelant leur origine commune, l’âme commune de laquelle ils sont tous issus. Il établit, ainsi, le principe de la fraternité humaine d’une façon générale.

Il n’est pas sans intérêt de remarquer que ce verset a utilisé le mot « liens de sang » (al-arham) pour qualifier le lien qui unit tous les êtres humains.

Sayyid Qotb dit en commentant ce verset : « Ce verset nous inspire que cette humanité issue d’une volonté unique, se rejoint en une seule matrice, se confond en une seule racine, provient d’une seule origine et appartient à une seule famille »[3].

En démontrant l’universalisme de l’islam, Marcel Boisard arrive à cette conclusion : « L’humanité est une. Les hommes sont issus, non seulement du même homme, mais encore d’une seule volonté créatrice, celle du Dieu unique »[4]

De son côté, le Prophète, que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur lui, a fait de la fraternité humaine un élément essentiel et fondamental de son message. Il déclare que les hommes sont tous des frères dans la mesure où Dieu est le Créateur de tous, et qu’Adam est leur père à tous : « Ô hommes ! Votre Seigneur est un, et votre père est un »[5].

En invoquant son Seigneur, le Prophète, que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur lui, dit : « Seigneur Dieu ! Maître de toute chose et Souverain de toute chose ! J’atteste que Tu es le Seigneur Seul et sans associés.

Seigneur Dieu ! Maître de toute chose et Souverain de toute chose ! J’atteste que Mohammad est Ton serviteur ainsi que Ton Messager.

Seigneur Dieu ! Maître de toute chose et Souverain de toute chose ! J’atteste que tous les hommes sont des frères »[6]

Après avoir attesté de l’unicité de Dieu, de sa servitude envers Dieu et de sa prophétie, le Prophète, que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur lui, atteste de la fraternité qui unit tous les hommes. Il écarte ainsi toute source de racisme, de discrimination, de préférence, d’injustice, de haine ou de jalousie.

Dans un autre Hadith, le Prophète, que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur lui, dit : « Aucun d’entre vous ne peut prétendre à la plénitude de la foi jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même »[7].

Le terme « frère » dans ce hadith désigne la fraternité humaine, puisque dans un hadith similaire, le Prophète, que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur lui, dit « … et aime pour les hommes (an-nas) ce que tu aimes pour toi-même, tu seras véritablement musulman »[8].

Il est également intéressant de remarquer que Dieu a décrit certains de Ses prophètes comme étant des frères pour leurs peuples bien que ces derniers aient rejeté farouchement leur appel. Ainsi, nous pouvons lire dans le Coran : « Et aux gens de ‘Aad,  fut envoyé leur frère Hûd »[9], « Et aux gens de Thamûd, fut envoyé leur frère Salih »[10], « Et aux habitants de Madyan, fut envoyé leur frère Shu’ayb »[11]. Ces versets énoncent très clairement le principe de la fraternité humaine.

A noter que le Coran reconnaît, en plus de la fraternité humaine dans son sens le plus général, un autre type de fraternité, plus spécifique, à savoir « la fraternité citoyenne ». En effet, observons les versets suivants :

            « Les ‘Ad traitèrent les prophètes de menteurs. Et lorsque leur frère Hûd leur dit : « Ne craindrez-vous donc pas (Dieu) ? » »[12]

            « Les Thamûd traitèrent aussi les prophètes de menteurs. Quand leur frère Salih leur dit : « Ne craindrez-vous donc pas (Dieu) ? » »[13]

            « Les habitants de al-Ayka traitèrent également les prophètes de menteurs. Lorsque Shû’ayb leur dit : « Ne craindrez-vous donc pas (Dieu) ? » »[14]

Dans le premier et le deuxième verset, le Coran utilise l’expression « leur frère » puisque Hûd et Salih, que la Paix et la Bénédiction soient sur eux, appartiennent respectivement aux peuples de ‘Ad et de Thamûd.

Dans le troisième verset, le Coran se contente de citer le nom de « Shû’ayb » sans qualificatif, puisque Shû’ayb, que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur lui, ne faisait pas partie des habitants de al-Ayka. En revanche, lorsque le Coran parle de Shû’ayb et des habitants de Madyan dont il fait partie, il le considère comme étant « leur frère » : «Et aux habitants de Madyan, fut envoyé leur frère Shu’ayb »[15].

Ces versets nous démontrent clairement, que le Coran reconnaît le lien de fraternité qui unit les habitants d’un même peuple en dépit de la spécificité religieuse de chacun. Ce que nous pouvons appeler dans notre usage contemporain « la fraternité citoyenne ».

Extrait du livre « La fraternité humaine en islam » de Moncef Zenati

 


[1] – Coran s 49 v 13

[2] – Coran s 4 v 1

[3] – « Fi dhilalil-Qor-an » de Sayyid Qotb Tome 1 p 574

[4] – Marcel A. Boisard, l’Humanisme de l’Islam, p 162

[5] – rapporté par Ahmed

[6] – rapporté par Ahmed d’après Zeyd ibn Arqam

[7] – rapporté par al-Boukhari et Mouslim d’après Anas ibn Malik

[8]– rapporté par Ahmed, at-Tirmidhi, al-Bayhaqi  d’après Abou Hourayra

[9] – Coran s 7 v 65

[10] – Coran s 7 v 73

[11] – Coran s 7 v 85

[12] – Coran s 26 v 122-123

[13] – Coran s 26 v 141-142

[14] – Coran s 26 v 176-177

[15] – Coran s 7 v 85

 

3 Comments

  1. Assalam aleykoum.

    J’apprécie énormément vos écrits, qu’Allah vous en récompense, mais je trouve très contradictoire de citer Sayyid Qotb dans un article qui parle de la fraternité humaine… Je pense que d’autres références auraient été plus adaptées.

    Wa Allahou A’lem.

  2. Yves Lagrula Reply

    Sans doute devriez-vous réaliser un reportage en Irak pour montrer à tous les frères de quelle manière exemplaire le principe de la fraternité humaine en Islam est mis en oeuvre dans ce beau pays.
    Que la bénédiction de Dieu vous accompagne dans cette mission
    .

    Yves

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