Spiritualité

Le respect envers Allah – Par Ibn Al Qayyim

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Le respect envers Allah - Par Ibn Al Qayyim

Une des plus grandes injustices et preuves d’ignorance consiste à désirer que les gens te respectent et t’estiment alors que ton cœur est vide de tout respect et estime envers Allah. En effet, tu as trop de respect et de considération pour les créatures pour leur permettre de te voir dans une situation (désavantageuse), alors que tu n’éprouves aucune gêne à ce qu’Allah te voie dans cette même situation.

Allah ta’ala a dit : « Qu’avez-vous à ne pas vénérer (waqâr) Allah comme il se doit ? » (Sourate Nouh verset 13)

C’est à dire : qu’avez-vous à ne pas vous comportez avec Allah ta’ala comme vous vous comportez avec quelqu’un que vous respectez ? Le mot waqâr désigne la vénération comme dans le verset :


« Pour que vous croyiez en Allah et en Son messager, que vous l’honoriez, Le vénériez (tuwaqqirûh), et le glorifiez matin et soir. » 
(Sourate al Fath verset 9)

Al Hassan -qu’Allah lui fasse Miséricorde- a dit (concernant le verset de la sourate Nouh) : « Qu’avez-vous à ne pas reconnaitre les droits d’Allah et à ne pas Lui être reconnaissant ? »

Mujâhid -qu’Allah lui fasse Miséricorde- a dit quant à lui : « Qu’avez-vous à ne pas accorder d’importance à la grandeur d’Allah ? »

Ibn Zayd -qu’Allah lui fasse Miséricorde- a dit : « Qu’avez-vous à considérer qu’Allah ne mérite pas obéissance ? »

Ibn Abbâs -qu’Allah l’agrée- a dit : « Qu’avez-vous à ne pas reconnaître Sa grandeur comme il se doit ? »

Toutes ces explications se regroupe en une signification commune, à savoir que s’ils vénéraient Allah ta’ala et reconnaissaient Sa véritable grandeur, ils Lui voueraient un culte sincère, Lui obéiraient et Lui seraient reconnaissants. En effet, obéir à Allah ta’ala délaisser les péchés, et éprouver de la pudeur à Son égard dépend de la vénération d’Allah dans le cœur. C’est pourquoi un de nos pieux prédécesseurs a dit :

« Que la vénération d’Allah dans le cœur de chacun d’entre vous soit telle que vous éprouviez de la pudeur à mentionner Son nom en présence de ce qu’il est honteux de mentionner , comme le fait de dire : Qu’Allah enlaidisse le chien , le porc , les ordures etc … »

Tout cela participe de la vénération d’Allah. Vénérer Allah, c’est aussi ne jamais mettre quoi que ce soit au même niveau que Lui, que ce soit en termes de propos, comme le fait de dire : Je jure par Allah et par ta vie ! Ou Je n’ai rien d’autre qu’Allah et toi ou Je ferai ce qu’Allah veut et ce que tu veux, ou en terme d’amour, de révérence et de considération, ou en terme d’obéissance, au point d’obéir aux ordres et interdits d’une créature comme on obéirait à Allah, voire plus encore, comme le font les injustes et les dévoyés, ou en terme de crainte et d’espoir. Vénérer Allah ta’ala, c’est aussi ne pas le considérer comme le plus méprisable des observateurs en se permettant de faire des péchés en secret, ne pas négliger son droit en pensant qu’Il S’en désistera par le pardon et ne pas lui accorder un intérêts secondaire en donnant priorité aux droits des créatures sur les siens. C’est aussi ne pas se mettre du côté des gens quand ils sont du côté opposé à celui d’Allah et de Son messager. Vénérer Allah, c’est aussi refuser de n’offrir à Allah que gestes et paroles durant l’adoration sans que le cœur et l’âme n’y soient, alors que l’on donne tout son cœur et sa concentration aux créatures lorsque l’on discute avec elles. C’est aussi ne pas donner priorité à ses propres désirs sur ceux de son Seigneur.

Tout ceci dénote un manque de vénération d’Allah dans le cœur. Or quiconque présente un tel manque, Allah ta’ala ne fera pas naître respect et vénération pour lui dans le cœur des gens. Il fera même en sorte que le respect et la vénération pour lui disparaissent complètement de leur cœur. S’il arrive qu’ils le respectent de crainte qu’il ne leur fasse du mal, ce sera là un respect plein de haine et non un respect plein d’amour et de vénération.

Vénérer Allah ta’ala, c’est aussi éprouver de la pudeur à ce qu’Allah scrute ce qu’il y a dans nos pensées secrètes et notre conscience et y voie des choses qu’Il déteste. C’est aussi éprouver plus de pudeur envers Allah quand on est seul que celle éprouvée en présence de personnalités importantes.

En bref, celui qui ne respecte pas Allah, Sa parole, la science et la sagesse qu’Il lui a donnée, comment peut-il oser demander aux gens de le respecter et avoir de l’estime pour lui ?!

Le Coran, la science et les paroles du prophète sallallahu ‘alayhi wa sallam sont des attachés émanant d’Allah : Ils sont un rappel, une dissuasion et une menace qui te parviennent, la vieillesse aussi est une menace, un avertissement et un réveil qui ne te quitte pas. Pourtant, tu n’es pas touché par ce qui te parvient, et tu ne te sens pas concerné par les conseils de ce qui ne te quitte pourtant jamais. Et malgré tout cela, tu demandes qu’on te respecte et vénère ?? Tu es semblable, à une personne touchée par une calamité, mais dont le malheur n’a aucune influence sur elle, tant en terme de rappel que de menace, et qui pourtant demande à autrui de tirer une leçon et une morale de son propre malheur. Les coups ne lui ont été d’aucune utilité en termes de dissuasion, mais il demande aux autres d’être dissuadés par le simple fait d’observer les traces de coups.

Quiconque entend parler des châtiments, punitions et signes qui ont frappé autrui n’est pas comparable à celui qui les a vus de ses propres yeux chez autrui. Mais que penser alors de celui qui les a vus en lui-même ?

« Nous leur montrerons Nos signes dans l’univers et en eux-mêmes. » (Sourate fussilat verset 53)

Les signes d’Allah dans l’univers sont perçus par l’ouïe et connus. Quant aux signes en soi même, ils sont perçus par la vue et observés. Qu’Allah nous protège donc de l’abandon.

Allah ta’ala dit :

« Ceux contre qui la parole (la menace) de ton Seigneur se réalisera ne croiront pas, même si tous les signes leur parvenaient, jusqu’à ce qu’ils voient le châtiment douloureux. » (Sourate Yûnus verset 96)

« Et si Nous faisions descendre les anges vers eux, (comme ils l’avaient proposé) si les morts leur parlaient, et si Nous rassemblions toute chose devant eux, ils ne croiraient que si Allah veut. »  (Sourate al An’âm verset 111)

Un être raisonnable assisté par Allah ta’ala tire des leçons d’événements moindre que cela. Il complète ses carences physiques par les mérites de son bon comportement et ses bonnes œuvres. Toutes les fois que les souffrances de la maladie laissent des traces sur son corps, elles laissent aussi des traces de foi dans son cœur. Plus sa force physique faiblit et plus sa foi, sa certitude, son désir de rencontrer Allah et de l’au-delà se renforcent. Si le serviteur ne se comporte pas ainsi, la mort est préférable pour lui, car celle-ci lui permet de mettre un terme à sa souffrance et à la détérioration de sa santé, contrairement au fait de vivre longtemps à supporter ces carences et ces déficiences physique, ce qui ne fera qu’augmenter la douleur, les soucis, l’angoisse et le désarroi. Une longue vie est désirable et bénéfique dès lors qu’elle donne l’occasion de se rappeler d’Allah, de rattraper le temps perdue, de profiter des occasions pour l’adoration, et de se repentir sincèrement, comme l’a dit Allah ta’ala :

« Ne vous Avons-nous pas donné une vie assez longue pour que celui qui réfléchit réfléchisse ? » (Sourate Fâtir verset 37).

Or celui qu’une vie longue et durable ne pousse pas à corriger ses défauts, à rattraper les erreurs du passé, à profiter du reste de ses jours pour revivifier son cœur et obtenir ainsi les délices éternels, sa vie ne présente alors aucun bien.

En effet, le serviteur est constamment en voyage, qui le mènera soit au paradis soit en enfer. Si sa vie est longue et remplie de bonnes actions, la longueur de son voyage ne sera qu’augmentation de délices et de plaisirs (dans l’au-delà). En effet, plus le voyage est long et plus le désir est fort et ardent. En revanche, si la vie du serviteur est longue et remplie de mauvaises actions, la longueur du voyage ne fera qu’augmenter sa douleur, son tourment, et l’entrainera vers le bas. En effet, le voyageur soit gravit une pente, soit en descend. On trouve dans un hadith du prophète sallallahu ‘alayhi wa sallam : « Le meilleur d’entre vous est celui dont la vie est longue et dont les œuvres ne font que s’améliorer. Et le pire d’entre vous est celui dont la vie est longue et dont les œuvres ne font qu’empirer. » [1]

Quand une personne aspirant sincèrement à l’au-delà voit sa santé décliner, elle en profite pour fortifier son cœur et son âme. Quand elle perd un bien de ce bas monde, elle le considère comme une augmentation de sa récompense dans l’au-delà. Lorsqu’elle est privée de certains de ses plaisirs terrestres, elle considérera que ses plaisirs dans l’au-delà n’en seront que décuplés. Quand les soucis, la tristesse, l’angoisse l’atteignent, elle considère que sa joie n’en sera que plus intense dans l’au-delà. Si la diminution de sa force physique, de ses biens matériels, de ses plaisirs, de sa notoriété, et de son autorité ne font qu’augmenter et fructifier sa récompense dans l’au-delà, ce sera alors une miséricorde et un bien pour elle. Dans le cas contraire, ce ne sera que privation et châtiment pour avoir commis des péchés apparents ou internes, ou pour avoir délaissé des obligations apparentes ou interne. En effet, le fait d’être privé des biens de ce bas monde et de l’au-delà provient de l’une de ces quatre causes. Et c’est Allah qui accorde assistance.

Source : Kitab al Fawa’id de l’imam Ibn Al Qayyim.

1 Comment

  1. un texte avec des paroles pleines d’enseigenements,ou chacun peu se positionner afin d’en tirer le meilleur pour avancer dans cette vie et ainsi accéder à l’au-delà dans les jardins du paradis!
    avec ce texte la rétrospection s’impose!!!!!!

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