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Les musulmans de Crimée : les oubliés du conflit

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Comprendre le conflit en Ukraine

L’Ukraine est un pays profondément divisé sur le plan géographique, politique, économique, comme culturel. Le conflit qui sévit depuis 5 mois dans ce jeune pays, ex-membre de l’Union soviétique, n’a fait qu’exacerber les tensions au sein de la population entre, d’un côté les « pro-européens » à l’ouest, et de l’autre les « pro-Russie » à l’est.  Au sein du conflit, la minorité religieuse musulmane Tatar paye les frais de l’implosion ukrainienne alimentée par une rivalité entre Russie et Occident.

Impossible de comprendre la situation critique dans laquelle se trouve cette minorité musulmane sans connaître l’histoire qui la lie à l’Ukraine et à la Russie, et sans comprendre le conflit qui déchire le pays aujourd’hui.

Peut on également comprendre les agissements des différents acteurs sans connaitre les intérêts économiques et stratégiques de chacun ? Assurément non !

En l’occurrence, ici, les Etats-Unis et leurs alliés européens d’une part, s’opposent à la puissance russe d’autre part. Les fantômes de la guerre froide voient peut être en l’Ukraine, entre les deux, un parfait alibi pour raviver les tensions des deux puissances.

L’Ukraine est le plus grand pays d’Europe, situé à la jonction entre la Russie et l’Union Européenne. L’Ukraine est aussi le plus important carrefour de transports, notamment d’hydrocarbures, entre la Russie et l’Europe, et représente ce qu’on appelle communément le « grenier à blé de l’Europe ». L’histoire de l’Ukraine, ex-membre de l’URSS et indépendante depuis 1991, explique la diversité des populations qui la compose : 73 % sont ukrainiens, principalement à l’ouest du pays, 22 % sont d’origine Russe, il peuplent l’est du pays frontalier à la Russie ainsi que la Crimée, petite péninsule au Sud . Les 5 % restants regroupent les minorités roumaines, moldaves, bulgares, polonaises, juives et Tatars.

Pas étonnant donc que la Russie veuille garder la main mise sur cette région, véritable fenêtre sur l’Europe, et qu’elle cherche à préserver ses intérêts économiques et stratégiques de l’influence européenne et étasunienne.

Inutile de préciser l’attrait économique que représente cette région pour les alliés européens. Quand aux Etats-Unis, au delà de ces mêmes intérêts économiques, ils semblent éternellement frileux de la « re-soviétisation » de cette région clé par la Russie. Washington voie en effet en ce conflit la possibilité appétissante d’affaiblir son rival de toujours.

Le troisième acteur du conflit est bien sur le peuple Ukrainien lui-même. Ce peuple qui souffre économiquement, et qui voit ses dirigeants corrompus se remplir les poches à son détriment. Quoi de plus facile donc pour l’Occident que de fragiliser le gouvernement en place (pro-russe), en utilisant la colère déjà ardente du peuple ukrainien. Ajoutez à cela quelques dizaines de morts parmi les opposants lors des manifestions « pro-Europe », et vous obtenez un coup d’état en un tour de main, lucratif pour l’Occident, sans besoin d’intervention extérieure. Les Etats-Unis se frottent les mains depuis la destitution du Président Viktor Ianoukovitch, et Poutine quand à lui, passe à l’offensive en envoyant ses troupes militaires en Crimée !

Les musulmans Tatars payent les frais du conflit

Les ukrainiens de Crimée, majoritairement russes, ont choisis de soutenir Poutine suite à un référendum. La Crimée est donc, officiellement, rattachée à la Russie depuis le 18 mars 2014. Une désolation pour la minorité musulmane de l’est de l’Ukraine.

Bien que minoritaires, leur présence dans la région est historique. D’abord sous la domination grecque puis ottomane au 15ème siècle, la Crimée doit son appartenance culturelle à la Russie à l’occupation russe depuis 1783. La population à majorité musulmane s’est depuis raréfiée, et les Tatars subissent un exode progressif jusqu’à devenir minoritaires dans la région. C’est à la fin de la seconde guerre mondiale, accusés par Staline de collaborer avec l’ennemi nazi, que les Tatars subissent en 1944 une déportation sans précédent vers l’Asie centrale, où plus de 200.000 Tatars sont contraints à l’exil. Plus de la moitié vont mourir des conditions de vie intenables.

Ce n’est que 47 ans plus tard, à l’indépendance de l’Ukraine, que les Tatars sont autorisés à retourner en Crimée, sans pour autant retrouver leurs terres. Ils représentent aujourd’hui 12% de la population de Crimée et vivent majoritairement en périphérie des villes, subissant une discrimination économique et un chômage massif.

Face à une population russophone se sentant renforcée par la présence militaire russe, pas étonnant donc que les Tatars refusent le rattachement de la Crimée à la Russie, craignant pour leur sécurité et redoutant un nouvel exode. Le vice-premier ministre de Crimée Roustam Temirgaliev a d’ailleurs annoncé « Nous avons demandé aux Tatars de Crimée de quitter une partie de leurs terres, c’est nécessaire pour répondre aux besoins sociaux ».

L’angoisse permanente a poussé un grand nombre d’entre eux à fuir la Crimée vers l’ouest de l’Ukraine, et à l’étranger. Près de 2000 d’entre eux se sont réfugiés à Lviv, ville proche de la frontière ukrainienne, hébergés dans des hôtels ou par des familles ukrainiennes.  Nombreux sont aussi ceux qui demandent l’asile politique en Pologne. L’enlèvement et les tortures perpétrés sur un membre de la communauté Tatar, connu pour son opposition à la Russie, n’est pas pour rassurer la population.

Adèle, une réfugiée, témoigne : « Nous avons pris peur quand les troupes russes ont tiré. Les soldats n’expliquent rien, ils disent de suivre les ordres. Je ne sais pas combien de temps je resterai mais je veux retourner chez moi dès que possible. Je veux la paix en Crimée. J’aime notre patrie et je veux rentrer à la maison ».

Afin de réagir intelligemment, les Tatars ont décidé d’organiser leur propre référendum, ayant majoritairement boycotté le référendum de rattachement à la Russie organisé par Poutine. Ils décideront ensemble samedi 29 mars, de leur avenir commun, et plus précisément des formes de coexistences possibles.

“Nous sommes 300.000 ici en Crimée. Nous sommes moins nombreux que les Russes ou les Ukrainiens, mais c’est notre terre, nous n’en avons pas d’autres. Personne ne nous a demandé notre avis sur la manière dont nous souhaitions vivre, sous quelles conditions, ni avant le référendum ni avant l’invasion des forces armées”, déclare Refat Chubarov, président de l’assemblée traditionnelle des Tatars de Crimée, le Medjlis.

Pour autant peut -on espérer des puissances occidentales qu’elles apportent en Ukraine apaisement et prospérité ?  Non,à ne pas en douter, la démocratie et la paix sociale étant le cadet des soucis de l’Union Européenne et des Etats-unis. Nous pouvons par contre attendre d’elles qu’elles agissent à leur habitude de sorte à acquérir toutes les ressources et régions stratégiques du monde. Nous pouvons attendre d’elles, qu’elles profitent du territoire pour laisser s’implanter leurs multinationales telles que Monsanto – qui fait de l’œil aux terres agricoles ukrainiennes – et nous pouvons attendre d’elles qu’elles utilisent les ressources en main d’œuvre bon marché du pays. Nous pouvons aussi compter sur ces puissances pour favoriser le libre échange au détriment de la population ukrainienne et de ses intérêts. Peut on compter sur nos médias français qui font des louanges à notre gouvernement pour sa  course à la démocratie désintéressée ? Je vous laisse le choix de répondre.

Pour l’heure, demandons qu’Allah swt vienne en aide à nos frères et sœurs exilés, qui attendent depuis 70 ans de vivre comme tout citoyen d’Ukraine, et qui payent encore aujourd’hui le prix du conflit ! Que Dieu leur accorde la patience et la piété dans cette épreuve.

Assiba

 

6 Comments

  1. Ibn Hubert Reply

    il faut prendre le problème dans son intégralité…
    on a bien compris que tu étais anti américains et anti sionistes. Certes les Américains sont les premiers défenseurs d’Israël mais au delà des enjeux géostratégique Bachar est pro sionistes. si tu suivais l’actualité plus en profondeur, tu serais que les Israëliens bombardent des positions rebelles et que Bachar en est l’auteur. il est autant pro sionistes que les américains.
    bref pour revenir à la russie, l’article fais ressortir l’indifférence de l’Etat russe envers la minorité musulmane. Poutine est un danger pour les minorités religieuses et étniques. La guerre en Tchétchénie était plutôt un massacre qu’une guerre (dans une guerre on ne torture pas les petits enfant et on ne brûle pas les veillards)
    dans les journeaux russes nombreux sont les faits divers qui relatent des chasse à l’homme à St Pétersbourg sous prétexte qu’un Kazasktanais est « bronzé » et les autorités russes ne disent rien
    essai de consulter un maximum de source historique et actuel avant d’idéaliser un Poutine sanginaire et sans pitié

  2. Ce qui se passe en Syrie dépasse le cadre religieux car il s’agit d’interets géostratégiques entre les puissances émergeantes et les impérialo-sionistes qui n’a rien avoir ,pour ce qui est des russes en tous cas,avec le religieux.
    Quant à la Tchétchénie,ce pays a réussi à obtenir grâce à la lutte armée une semi-indépendance que les littéralistes ont saboté par leur aveuglement politique légendaire,en persistant dans la lutte armée,alors qu’ils n’en avaient nullement les moyens.
    Si les russes sont des sionistes ,alors que dire des américains qui bloquent les sanctions à l’onu ,lors que ce pays colonial violent les règles internationales systématiquement .Et que dire des milliards attribués à cet état voyou et toutes les bases américains disséminés au moyen-orient pour protéger cette l’entité sioniste.Et je ne parle même pas de la destruction de l’Irak par les américains orchestré par l’entité sioniste.
    Le passif de l’impérialo-sioniste est plutôt lourd en la matière,tandis que celui des russes ,qui eux n’ont à coeur que de défendre leurs intérêts est totalement vierge de tous ces crimes.
    Enfin,j’oubliais de préciser que le contentioeux entre la russie et les tchétchènes date de bien avant la conversion de ces derniers à l’islam.Donc les russes sont loin contrairement à l’occident dans une optique de retour des croisades bis ,contrairement à l’occident gangréné par dessus le marché par le lobby sioniste principalement en France et aux USA

  3. Selam aleykum.
    Merci havre de savoir de vous etes penchee sur le conflit ukr et rus. Nous apprenons que les musulans tatars minoritaires subissent bcp d iinjustice.

    Qu’Allah aide nos freres et soeurS tatars et qu’IL les preserve. Amin…

    Bien a vous

    Wassalam

  4. @Didon: poutine persécute les musulmans de son pays,de la Tchétchénie,de la Syrie alors arrêté de nous faire croire le contraire. Poutine s’entend bien avec les sionistes et n’hesite pas a passer de temps en temps devant le mur des lamentations. Gog: la Russie n’est pas notre allie.

    Le seul conseil que je peux donner aux tatars c’est de ne pas suivre les nazis au pouvoir en Ukraine. De faire des Douas.

  5. On est plus à l’époque soviétique où les communistes persécutaient les cultes.Les musulmans ont toujours un coup de retard dans l’échiquier international et ce sont eux en premier qui en paye le prix.Quoiqu’on pense de Poutine ,c’est un des seuls à s’opposer à l’empire capitalo-sionistant.Pour dépasser un monde unipolaire,il nous faudrait plus de gens tels que Poutine

  6. Salam aleykoum,
    Merci Havre de savoir de parler de nos frères et sœurs tatars. Personne n’en parle.
    Faut ils attendre qu’ils se fassent littéralement massacrer comme en Birmanie pour que les musulmans commencent à parler d’eux ?!

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