Comprendre l'Islam

Tariq Ramadan prend position pour le calcul astronomique

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يَا أُولِي الْأَلْبَابِ لَعَلَّكُمْ تَتَّقُونَ
« Ô vous doués d’intelligence, peut-être atteindrez-vous la conscience révérencielle de Dieu » (Sourate 2, Verset 179)

وَمَن يُؤْتَ الْحِكْمَةَ فَقَدْ أُوتِيَ خَيْرًا كَثِيرًا وَمَا يَذَّكَّرُ إِلَّا أُولُو الْأَلْبَابِ
« Et celui à qui la sagesse est offert,  c’est vraiment un bien immense qui lui est offert.
Mais seuls les doués d’intelligence s’en souviennent. » (Sourate 2, Verset 269)

Les années se suivent et se ressemblent. À quelques jours du début du mois de jeûne, les esprits s’échauffent, les tensions sont vives et les divisions de plus en plus prononcées. Ce sont parfois des pays, ou des conseils juridiques, ou encore des savants qui s’opposent sur la compréhension de certains textes, les méthodes de calcul, le recours aux sciences ou encore les relations aux États. Les musulmans du monde observent ce spectacle en ne sachant pas vraiment comment se déterminer. Qui faut-il donc suivre? Comment se déterminer? En se référant à son shaykh, à la mosquée locale, à un conseil de savants, au pays où l’on vit, à son pays d’origine, ou encore à l’Arabie Saoudite puisque c’est là que se trouve le centre spirituel de la communauté des croyants? La confusion est totale entre des savants divisés et une communauté de fidèles tiraillés. Le tableau est déroutant, attristant même, quand on y ajoute les hésitations, et les erreurs, qui ont jalonné les décisions de ces dernières années quant à déterminer quel avait été le premier jour du jeûne.

Ce que disent les textes et les savants

Pourtant, les textes relatifs à la détermination du début du jeûne, dans le Coran comme dans la Sunna, sont clairs et laissent peu de place à des interprétations complexes, tronquées, voire ambiguës.

  • Les cycles sont déterminés :

Le Coran met clairement en évidence la réalité  des cycles déterminés :

هُوَ الَّذِي جَعَلَ الشَّمْسَ ضِيَاءً وَالْقَمَرَ نُورًا وَقَدَّرَهُ مَنَازِلَ لِتَعْلَمُوا عَدَدَ السِّنِينَ وَالْحِسَابَ

« C’est Lui qui a fait du soleil une clarté et de la lune une lumière, et Il en a déterminé les phases afin que vous sachiez le nombre des années et le calcul (du temps). » (Sourate 10, Verset 5)

  • Le nombre de mois est de douze :

La référence au nombre de mois ne laisse aucun doute dans le texte révélé :

إِنَّ عِدَّةَ الشُّهُورِ عِندَ اللَّهِ اثْنَا عَشَرَ شَهْرًا فِي كِتَابِ اللَّهِ يَوْمَ خَلَقَ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضَ مِنْهَا أَرْبَعَةٌ حُرُمٌ ذَٰلِكَ الدِّينُ الْقَيِّمُ قيم

« Le nombre de mois, auprès de Dieu, est de douze [mois], dans la prescription de Dieu, le jour où Il créa les cieux et la terre. Quatre d’entre eux sont sacrés: telle est la religion droite. » (Sourate 9, Verset 36)

  •  Les jours sont dénombrés :

Le Coran ici encore fait référence aux jours de jeûne et met en évidence qu’il s’agit de jours tout à fait déterminés et dont on sait qu’il s’agit pour les mois lunaires de 29 ou de 30 jours :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا كُتِبَ عَلَيْكُمُ الصِّيَامُ كَمَا كُتِبَ عَلَى الَّذِينَ مِن قَبْلِكُمْ لَعَلَّكُمْ تَتَّقُونَ
أَيَّامًا مَّعْدُودَاتٍ فَمَن كَانَ مِنكُم مَّرِيضًا أَوْ عَلَىٰ سَفَرٍ فَعِدَّةٌ مِّنْ أَيَّامٍ أُخَرَ وَعَلَى الَّذِينَ يُطِيقُونَهُ فِدْيَةٌ طَعَامُ مِسْكِينٍ فَمَن تَطَوَّعَ خَيْرًا فَهُوَ خَيْرٌ لَّهُ وَأَن تَصُومُوا خَيْرٌ لَّكُمْ إِن كُنتُمْ تَعْلَمُونَ

« O les croyants! On vous a prescrit le jeûne comme il a été prescrit à ceux qui vous ont précédés, peut-être atteindrez-vous la conscience révérencielle de Dieu,
Pendant un nombre déterminé de jours. Quiconque d’entre vous est malade ou en voyage, devra jeûner un nombre égal d’autres jours. Mais pour ceux qui ne pourraient le supporter qu’(avec grande difficulté), il y a une compensation de nourrir un pauvre. Et si quelqu’un fait plus de son propre gré, c’est pour lui; mais il est mieux pour vous de jeûner; si vous saviez! » (Sourate 2, Versets 183-184)

  •  Il faut voir le hilâl (nouvelle lune) selon la tradition prophétique :

Le propos du Prophète (PBDSL) est explicite ici :

صوموا لرؤيته وأفطروا لرؤيته” متفق عليه
« Jeûnez à sa vue (la nouvelle lune) et rompez le jeûne à sa vue » (rapporté par Bukhari et Muslim)

La formulation  générale, dans ce hadîth, implique l’idée que l’on ne tient pas compte de la diversité des levants  (لا عبرة باختلاف المطالع لعموم الخطاب) comme le relevait le Comité Mondial du Droit musulman en 1986 déjà .

  • L’ordre naturel et la haute précision du mouvement des astres :

La formule coranique – où la figure de style amplifie la référence à la précision du calcul (صيغة المبالغة) – donne une information claire sur la précision des mouvements du soleil et de la lune :

الشَّمْسُ وَالْقَمَرُ بِحُسْبَانٍ
« Le soleil et la lune [évoluent] selon un calcul [minutieux]. »
(Sourate 55, Verset 5)

Les savants musulmans ont toujours tenu compte de l’ordre naturel et ils ont reconnu le bien fondé des calculs scientifiques basés sur le sens du verset susmentionné qui rappelle l’ordre précis et minutieux qui fonde le mouvement des planètes. Les études astronomiques ont d’ailleurs permis de déterminer les horaires des différentes prières et ainsi de respecter au plus près le sens du verset :

إِنَّ الصَّلَاةَ كَانَتْ عَلَى الْمُؤْمِنِينَ كِتَابًا مَّوْقُوتًا
« La prière est, pour les croyants, une prescription, à accomplir à des moments déterminés. » (Sourate 4, Verset 103)

Au-delà donc de la formule coranique qui affirme qu’il faut commencer  le jeûne quand on peut distinguer le fil blanc du fil noir :

كُلُوا وَاشْرَبُوا حَتَّىٰ يَتَبَيَّنَ لَكُمُ الْخَيْطُ الْأَبْيَضُ مِنَ الْخَيْطِ الْأَسْوَدِ مِنَ الْفَجْرِ ثُمَّ أَتِمُّوا الصِّيَامَ إِلَى اللَّيْلِ
« Mangez et buvez jusqu’à ce que se distingue, pour vous, le fil blanc (de l’aube) du fil noir (de la nuit). Puis accomplissez le jeûne jusqu’à la nuit. » (Sourate 2, Verset 187)

Les savants ont admis que les calculs astronomiques liés au mouvement de la terre et du soleil nous donnaient la minute exacte à laquelle on devait cesser de manger et à laquelle commençait la prière du matin, comme la détermination de toutes les autres prières du jour et de la nuit d’ailleurs. Ainsi la référence au savoir scientifique pour mieux appliquer l’injonction coranique de la prière à l’heure, ou du début ou de la rupture du jeûne, comme de la connaissance du nombre de mois et de jours par mois (29 ou 30 jours lunaires) est très ancienne et n’est jamais apparue comme un problème chez les savants anciens comme modernes, de toutes les écoles de droit et de toutes les traditions.

Ce que disent la science et les scientifiques

L’astronomie a beaucoup évolué et est devenue une science qui a développé des moyens  impressionnants  d’observation  de l’univers avec des instruments qui permettent de suivre précisément le mouvement des planètes, de situer leur évolution dans le firmament, et de calculer à la minute près la position de l’une vis-à-vis de l’autre.  Ainsi les astronomes peuvent indiquer avec la plus haute précision le moment de la conjonction (l’alignement du soleil, de la terre et de la lune). Cette conjonction marque la fin du mois lunaire et donc le début du nouveau mois. Les scientifiques peuvent déterminer le jour et l’instant exacts de ladite conjonction pour une centaine d’années à venir, voire davantage.

La détermination scientifique de la conjonction ne suffit pas d’un point de vue islamique (selon la majorité des savants) puisque le hadith est clair et exige que celle-ci puisse être vue par les hommes. C’est la vision de la nouvelle lune, où que ce soit sur la terre, qui marque le début du nouveau mois lunaire pour les croyants. En tenant compte de cette exigence, les scientifiques sont à même de nous dire quelles sont les conditions objectives qui rendent la vision possible par les hommes (à l’œil nu ou au moyen d’un télescope). Outre le fait que la conjonction doit avoir lieu avant le coucher du soleil pour être vue, les astronomes ont déterminé les conditions suivantes :

1. La disparition de la lune doit avoir lieu après le coucher du soleil
2. L’inclinaison de la lune par rapport à l’horizon ne doit pas être inférieure à 5   degrés
3. Le secteur angulaire ne doit pas être inférieur à 8 degrés

Ainsi, on le comprend, le calcul astronomique n’est pas utilisé de façon exclusive sans considération de la visibilité mais comme la référence scientifique qui permet de déterminer, avec la plus grande précision, quand la vision est objectivement possible (ou impossible) et à n’importe quel endroit de la surface de la terre.

Les bienfaits de cette approche

Il s’agit donc de considérer  les textes avec sérieux et fidélité. La vision est essentielle où que ce soit sur la terre et le savoir scientifique, basé sur des calculs précis, nous permet de déterminer quand et où cette vision sera possible. Ainsi le savoir scripturaire et le savoir scientifique se complètent afin de permettre une fidèlité stricte et profonde à l’injonction divine.

Les bienfaits de cette approche, au-delà de cet essentiel principe de l’union des exigences révélées et des savoirs scientifiques, est de permettre d’atteindre une certitude supérieure quant à déterminer le début des mois lunaires – ce que permet la science astronomique aujourd’hui puisqu’on peut désormais prendre une photographie de l’instant précis de la conjonction – et, de surcroît, d’unir les musulmans à travers le monde.

On doit ajouter que, sur le plan très concret, cela permet aux musulmans d’organiser, à l’avance,  leur vie sociale et professionnelle, individuelle et collective, de façon unie, confiante et assumée en évitant les disputes juridiques ou les conflits de pouvoir entre des savants, des écoles de droit, ou des États. Le savoir scientifique astronomique nous permet aujourd’hui d’unir les musulmans sur la base d’une fidélité savante à l’exigence stricte de la Révélation. Ainsi la conciliation des savoirs religieux et scientifiques, l’unité des musulmans à travers le monde et la prévisibilité de l’organisation des affaires musulmanes sont les trois acquis déterminants de cette approche.

Nous savons combien le temps du pèlerinage est un moment qui unit les musulmans à travers le monde. Il s’agit du même principe quant au calcul astronomique et donc une approche cohérente pour l’ensemble des mois, dont le Ramadan, serait de nature à clarifier et à nous unir sur des bases claires et acceptées.

Les critiques et leurs justifications

Les critiques et les controverses sont nombreuses et, depuis des années, les écoles de pensée, les savants et même les États se disputent quant à la méthode à utiliser pour déterminer le début du mois du Ramadan. Parmi les arguments avancés par ceux qui critiquent le recours au savoir scientifique, on trouve des considérations qui ne tiennent pas face au débat de fond et aux principes  mêmes de l’islam. Les arguments plus courants sont les suivants :

1. Le hadîth (tradition prophétique) est clair et parle de la vision en mentionnant le seul œil humain : on ne devrait donc pas se référer au calcul scientifique. Cette compréhension du hadith est tronquée et réductrice puisque le Prophète (PBDSL) fait référence au moyen à disposition de l’homme à son époque pour déterminer la nouvelle lune. Le Coran est pourtant clair:    الشَّمْسُ وَالْقَمَرُ بِحُسْبَانٍ « Le soleil et la lune [évoluent] selon un calcul [minutieux] » (Sourate 55, Verset 5) et si des moyens scientifiques nous permettent de mieux connaître le mouvement des planètes et l’entrée exacte dans le nouveau mois, il est de notre devoir – et de la sagesse collective – de faire usage de ces moyens. C’est ce que nous faisons, rappelons-le, pour la détermination de tous les horaires de prière.

2. D’aucuns ont avancé l’idée que les musulmans forment une communauté de foi qui doit s’appuyer sur les connaissances et les moyens naturels et simples car, comme le dit le Prophète (PBDSL), dans le hadîthauthentique: (إنا أمة أمية لا نكتب ولا نحسب،الشهر هكذا وهكذا   (البخاري  « Nous sommes une communauté illettrée, nous n’écrivons pas et ne comptons pas, le mois est ainsi et ainsi« .
Ainsi il ne pourrait être question de se référer aux calculs astronomiques qui sont en contradiction avec le sens apparent du hadith ci-dessus. C’est la lecture réductrice de ce hadith qui, bien plutôt, s’oppose aux enseignements fondamentaux de l’islam avec son appel à la lecture, au savoir, à la connaissance et à la compréhension du monde. Le Prophète (PBDSL) faisait simplement référence à la situation spécifique de sa communauté à son époque et non pas à ce qui devait définir sa communauté à travers le temps. L’histoire de la civilisation islamique montre exactement le contraire que cette référence à l’ignorance par l’esprit scientifique qui s’est développé dans tous les domaines du savoir de la médecine à l’astronomie, en passant par l’architecture et les arts. Encore une fois les musulmans se réfèrent sans contestation à l’astronomie pour la détermination des horaires de prières et ce hadith n’a jamais été invoqué en ce sens.

3. On a entendu l’argument que « le jour du doute » faisait partie intégrale de la préparation au jeûne du Ramadan et mettait les fidèles dans un état psychologique particulier. Outre le fait qu’aucun texte révélé et aucune tradition du Prophète (PBDSL) ne vient confirmer cette idée que le doute serait partie intégrante de la préparation au jeûne, on comprend que le « jour du doute » est simplement la conséquence des hésitations liées à la vision à l’œil nu et n’a donc aucune vertu spirituelle. Plus profondément, l’état des sociétés et des communautés musulmanes à travers le monde nous prouve que la situation actuelle est porteuse de plus de troubles, de divisions et de crispations qui perturbent la bonne préparation au jeûne, plus qu’elle ne permet la méditation et le calme.

4. Certains savants ont avancé l’idée qu’il fallait que la vue soit vérifiée dans chaque pays ou région, d’autres ont affirmé que ce devait être en Arabie Saoudite puisqu’il s’agit du centre de la communauté des croyants, d’autres enfin ont défendu l’idée qu’il fallait suivre les premiers qui ont pu déterminer la vue où que ce soit dans le monde. Au cœur  du flou de ces opinions juridiques, on assiste à des conflits de pouvoirs, à des rivalités informelles entre les États défendant leur autorité à déterminer le début du Ramadan. Nous ne sommes plus du tout dans le débat juridique sur l’interprétation approfondie et sage des textes, mais dans des luttes de pouvoir malsaines et en complète contradiction avec l’appel à l’unité qui est au cœur de l’islam :وَاعْتَصِمُوا بِحَبْلِ اللَّهِ جَمِيعًا وَلَا تَفَرَّقُو  « Attachez-vous fermement au pacte de Dieu et ne vous divisez pas » (Sourate 3, Verset 103). La tradition prophétique (hadith) sur la vue de la nouvelle lune a une portée générale sur laquelle les savants (lors d’une session du Comité mondial du Droit musulman en 1986, comme nous l’avons dit) sont tombés d’accord : il s’agit de suivre ceux qui les premiers ont vu la nouvelle lune où que ce soit sur la surface de la terre.  Cela permet, a fortiori, d’unifier tous les musulmans du monde qui arriveront naturellement à une concordance sur le temps du pèlerinage qui doit forcément être le même pour tous. La cohérence et l’unité sont ici des acquis primordiaux.

On le voit les critiques sont peu cohérentes et très faibles face à l’analyse des textes révélés, des traditions prophétiques (ahadîth) et de l’héritage de la pensée musulmane (turâth). Au nom d’analyses superficielles, d’interprétations tronquées et de luttes de pouvoir et de représentativité stériles, on assiste à des divisions et à des fractures au sein de la communauté qui sont graves, contre-productives et qui minent l’unité de la communauté spirituelle des musulmans à travers le monde. Pour une communauté de foi qui dit célébrer l’unité et le savoir, il est triste de constater que c’est l’inverse qui se produit chaque année : des divisions sans fin parce que des leaders et des savants refusent d’utiliser à bon escient les moyens scientifiques de leur époque qui permettraient de les unir et de se concentrer sur l’essentiel de l’expérience spirituelle du jeûne.

Conclusion

Il faut appeler les musulmans au savoir et à la sagesse. Notre religion exige que nous fassions usage du savoir dans le bien et que nous nous appuyions sur nos connaissances pour avancer. La grande période de la civilisation musulmane était fondée sur cette fusion : un foi profonde, une curiosité intellectuelle et scientifique et un questionnement  éthique sur les finalités des savoirs et de leur usage. Il est l’heure que nous nous réconciliions avec l’énergie spirituelle et intellectuelle de l’origine. Une science utilisée avec conscience est une célébration de l’âme. Si les savants n’osent pas, si les États s’opposent à cause de vils calculs politiques, si les institutions sont frileuses, il appartient aux fidèles ordinaires, aux femmes et aux hommes, de s’engager sur ce chemin, de suivre la voie de la fidélité aux textes en s’appuyant sur les données scientifiques et de pousser les ulama et les États à reconsidérer leurs positions. Cela commence par cesser de se plaindre de l’incompétence des uns et des autres, alors que soi-même on fait le choix de suivre aveuglément son pays, un savant ou la majorité sans considérer les arguments et les données objectives.  L’histoire de la pensée et du droit islamiques a vu des savants et des États reconsidérer leurs positions officielles sous la pression des fidèles. Il est l’heure de faire des choix en connaissance de cause en pariant, à long terme, sur le savoir et la sagesse qui finiront, in sha Allah, par unir les musulmans.

On a vu l’année dernière encore des autorités musulmanes reconnaître qu’ils avaient sans doute fait une erreur sur le début du Ramadan. On a évité la catastrophe car, le mois lunaire ayant été de 30 jours, on a pu s’en tenir aux 29 jours admissibles. C’était en 1434/2013… Et nous ne sommes pas sortis de ces débats qui recommencent à nouveau à quelques jours du début du Ramadan de 1435/2014. Triste spectacle.

Le calcul astronomique, sur la base de tous les éléments et de toutes les conditions susmentionnés, nous informe que la vision de la nouvelle lune sera possible le vendredi 27 juin dans un certain nombre pays d’Amérique latine et en Polynésie française. Le premier jour du mois de Ramadan sera donc le 28 juin 2014. La fête, Aîd al-Fitr, selon les mêmes calculs et données, aura lieu le lundi 28 juillet 2014. In sha Allah.

Nous avons besoin de sagesse pour nous unir, faire un meilleur usage de la science et des savoirs, et ce – bien sûr – pour répondre comme il se doit à l’appel du Très-Haut.

Et Dieu est Le plus savant, Le plus élevé et Le plus sage.

Tariq Ramadan
Oxford

Première parution sur le site du professeur : http://tariqramadan.com/blog/2014/06/24/quand-commence-le-mois-du-ramadan-la-science-et-la-sagesse/

13 Comments

  1. je suis triste aujourdhui de savoir que les gens sont morts par m épris pour pour la connaissance scientifique le24 SEPTEMBRE jour de la fête de tabaski était le11 DOULHIDJA ALORS dites moi qui a fixe le jour de arafath merci

  2. Ce qui n’est pas,dit dans cet article est que même les scientifiques divergent sur la manière dé calculer et notamment le nombre de degré à prendre en compte, donc comment ne pourrait il pas y avoir de divergence si même les,scientifiques divergent.

  3. Le lyonnais Reply

    Cheikh Al-Qaradawi dit dans un de ses écrits que des savants des écoles hanafite, shafiite et malekite étaient déjà dans les premiers siècles pour le calcul astronomique : Le successeur motarrif ibn abdallah ibn achikhir, al qocheyri, ibn qouteyba, assoubki shafiite, al abbadi shafiite, addawoudi malekite, ibn sourayj shafiite, ibn daqiq al iid, arrazi, etc
    Et parmi les contemporains al moutii, tantaoui jawhari, Mostapha al maraghi, Rachid rida, al qassimi, Ahmed chakir, mostefa azzarqa, Ali tantaoui, al Qaradawi, fayçal mawlaoui et tant d’autres.

    Il n’y a donc pas consensus mais seulement une majorité qui s.est exprimée selon leur contexte de l’époque.

    Ci-après quelques extraits qui relatent quelques uns des avis pour le calcul :

    Cheikh Mostapha Az-Zarqa a dit :
    « D’ailleurs, il existe des savants parmi les prédécesseurs « salaf » – alors que le calcul astronomique n’était pas précis – qui ont dit : Le connaisseur du calcul doit l’appliquer pour lui-même. Ceci est l’avis de Mouttarrif ibn ‘Abdoullah, parmi les « tabi’ines », relaté par le savant malikite al-Hattab dans son livre « mawahib al-jalil ».
    Al-Qoushayri dit : « Si le calcul indique que la nouvelle lune est apparue dans l’horizon de manière visible, s’il n’y a pas d’empêchement comme les nuages, par exemple, cela implique l’obligation (du jeûne) pour l’existence de la cause juridique, puisque la vision n’est pas une condition en soi pour l’obligation (du jeûne). En effet, ils s’accordent à dire que le prisonnier dans un silo souterrain, s’il prend connaissance par le fait de porter sha’ban à trente jours ou par effort de réflexion personnel que ce jour appartient au ramadan, il devra jeûner. » »

    Cheikh Ahmed Chakir a dit :
    « Mon avis n’est pas une innovation : le fait qu’une prescription puisse changer en fonction de la situation des astreints, a de nombreux exemples dans la législation, connus des savants et des autres. Par exemple, pour la question qui nous intéresse : le hadith : « Si la brume vous empêche de la voir, estimez-la » a été relaté selon d’autres termes dont : « Si le brume vous empêche de la voir, compétez le compte à trente jours » Les savants ont expliqué la version « estimez-la » dont la portée est générale, par la version explicative « complétez le compte à trente ». Mais un immense imam parmi les imams shafi’ites, leur référence à son époque, à savoir, Abou al-‘Abbas Ahmed ibn ‘Omar ibn Sourayj (m 306H) a concilié les deux versions en les appliquant à deux situations différentes : l’expression « estimez-la » signifie : déterminez-la selon le calcul des phases de la lune et s’adresse à ceux à qui Dieu a donné la connaissance de cette science, tandis que l’expression « complétez le compte » est un discours adressé au commun des gens. »

    Cheikh Youssef Al-Qaradawi a dit :
    « Par ailleurs, Abou al-‘Abbas ibn Sourayj, parmi les grandes figures shafi’ites, estime que celui qui connait le calcul et les phases de la lune, s’il sait par le calcul que demain appartient au ramadan, il devra jeûner car il a déterminé le début du mois par un argument, c’est comme s’il l’a su en se référant à une preuve. Le Cadi Abou at-Tayyib a opté pour cette avis, car il s’agit d’une cause qui procure une conjecture probante, c’est comme si un témoin honorable l’informe de ce qu’il a vu. D’autres ont dit : Il lui est permis de jeûner mais à titre obligatoire. D’autres ont permis à quiconque a confiance en lui de le suivre[5].

    Certains grands savants de notre époque appellent au recours au calcul astronomique catégorique pour la détermination de la nouvelle lune. Le grand traditionniste (savant de hadith), l’érudit Ahmed Mohamed Shakir écrit une épitre consacrée aux « débuts des mois arabes : Est-il permis de les déterminer juridiquement à l’aide du calcul astronomique ? »

    Avant lui, l’érudit Rashid Rida a appelé dans la revue « al-manar » et dans son exégèse en commentant les versets du jeûne, à adopter le calcul catégorique.

    Parmi les contemporains qui ont appelé à cet avis figure le grand et célèbre jurisconsulte « faqih », sheikh Mostapha az-Zarqa.

    C’est ce dont je suis convaincu et c’est ce que j’ai dit dans mes fatwas et dans plusieurs interventions et émissions télévisées, puis Dieu a voulu que je trouve ceci expliqué d’une manière détaillée par l’un des grands savants shafi’ites, à savoir, l’imam Taqiy ad-Dine as-Soubki (m 756H), à propos duquel on dit qu’il a atteint le degré d’ijtihad.

    As-Soubki dit dans ses « fatwas » que si le calcul réfute la possibilité de la vision à l’œil nu, il est du devoir du cadi (juge) de réfuter l’attestation des témoins. Il dit : « car le calcul est catégorique et le témoignage et l’information sont conjecturales, or, ce qui est conjectural ne pourrait s’opposer à ce qui est catégorique, à plus forte raison, il ne pourrait prévaloir sur lui »

    Selon lui, le cadi doit examiner le témoignage du témoin qui lui parvient et ce, dans n’importe quelle affaire. S’il voit que les sens ou l’évidence le démentent, alors il doit le réfuter. Il dit : « Pour être recevable comme preuve, le témoignage doit porter sur ce qui est possible matériellement, rationnellement et juridiquement. Ainsi, si le résultat du calcul indique d’une manière catégorique l’impossibilité de la vision, l’acceptation du témoignage est alors juridiquement impossible, car l’objet du témoignage est impossible, or, la législation n’admet pas ce qui est impossible. Quant au témoignage des témoins, il est interprété comme étant une illusion, une erreur ou un mensonge »[9] »

    • En aucun cas je ne parle d’innovation. Je pense juste que nous n’avons pas d’autorité religieuse en France qui rassemble assez pour pouvoir changer l#avis de la majorité.A La mosquée de Lyon et de Paris, les responsables ont changé d’avis au dernier moment après une grosse cacophonie. Les imams devraient se rassembler pour se mettre d’accord avant et ne pas lancer un test à l’improviste.
      Les musulmans (c’est mon cas) connaissent peu le cfcm et l’uoif.On à l’impression qu’il y a une influence des politiques français (sous Sarko).On ne se sent pas concernés. Biensûr que l’on suivrai même sans être d’accord si nous avions une autorité reconnu de tous. Mais bon la France étant un pays non musulman avec des muslims cosmopolites de tout madhab, ça va être difficile mais ElhamdouliLLAH en dialoguant on avance. En tous cas je dis ce que je pense être correcte et j’accepte avec grand plaisir vos corrections et remarques . Merci pour votre objectivité sur ce site

  4. Salemou 3aleykom!
    Les 2 avis ont des arguments recevables mais l’avis pour le calcul est marginal . l’écrasante majorité des musulmans dans le monde est pour la vision oculaire. Beaucoup de savants parlent même de consensus.
    Si le souhait est vraiment l’unité alors l’infime minorité doit se ranger derrière l’écrasante majorité (Cet avis viens de très grand savant digne de confiance qui sont les hérités du prophète »sws ».)
    Allahou a3lam.

  5. Assalâmou alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouhou,

    Aujourd’hui je reçois un hadith du jour de ce site ; site qui a son intérêt mais dont les commentaires laissent souvent à désirer par leur manque de profondeur et d’objectivité :

    http://www.hadithdujour.com/

    « L’imam Ibn Hajar (mort en 852) a dit : « Le sens apparent du hadith montre que le jugement n’a absolument rien à voir avec le calcul. Ceci est éclaircit par l’autre hadith -si vous êtes empêchés par des nuages alors complétez le nombre de jours à 30 jours-.
    La sagesse dans cela est qu’ainsi tout le monde est au même niveau (c’est à dire que nous ne sommes pas dans une situation où des gens connaissent les calculs astronomiques et jeûnent un jour tandis que d’autres ne les connaissent pas et jeûnent un autre jour) et donc cela lève la divergence et les polémiques entre les gens.
    Certes des gens ont été d’avis qu’il faut retourner vers les astronomes pour cela, il s’agit des Rawafid (les chiites extrémistes) et il a été rapporté que certains juristes ont été d’accord avec eux sur cela.
    Al Baji (savant de l’école malikite mort en 474) a dit : Le concensus des anciens est une preuve contre eux ».
    (Fath Al Bari 4/127) »

    A ma connaissance ce sont les régimes communistes (Pol Pot, Mao Zedong, Staline,…) qui prônent le nivellement vers le bas… au nom de l’égalité. Le Coran quant à lui affirme que le savant et l’ignorant ne sont point égaux. Le Coran loue l’effort pour la recherche du savoir.

    Un autre exemple de commentaire affligeant parce que contradictoire :
    http://www.hadithdujour.com/hadiths/hadith-sur-Donnez-a-l-employe-son-salaire-afin-que-_1589.asp

    Notez bien le « […] s’il le demande » !!!

    Comparaison avec ce site néo-salafi : http://www.islamhouse.com/222209/fr/fr/articles/Les_droits_des_employ%C3%A9s_et_leurs_devoirs_envers_leur_employeur

    Wa salâm

  6. As-Salemou3leykom,
    Je remercie notre frère Tarif pour son investissement au profit de la communauté et je prie Allah pour qu’IL unisse nos coeur. Mes frères et soeurs respectons nos divergences et ne sous-entendons pas que ceux qui sont pour se baser sur la vision oculaire sont des imbéciles:c’est l’avis des 4 écoles. (Une partie seulement de l’ecole hanafite et pour les calculs).L’immense majorité des musulmans dans le monde ne se base pas sur ces calculs. Dire que ceux qui ne veulent pas s’y fier divise est faux; c’est le contraire puisque jusque l’année passée il ne y avait pas eu de discorde de cette ampleur (il y en a tjs eu quelques unes mais marginal comparer à la an denier.

      • Le vrai problème est que nous n’avons pas d’autorité religieuse reconnu en France (les musulmans de France ne se sentent pas représentés ni par le cfcm ni par l’uoif).Si non nous suivrions cet avis même sans être d’accord.

  7. Assalâmou alaykoum wa rahmatoullâhi wa barakâtouhou,

    Moi, ancienne convertie (je déteste cette définition des musulmans non arabes), j’ai délaissé les croyances de ma famille et de mes amis pour le tawhid.
    Il y a donc une valeur au dessus de toute valeur, au delà de tout intérêt clanique, à mon sens : la VERITE ; la vérité qui doit nous unir.

    Wa salâm

  8. Franchement ça coule de source. On utilise le calcul toute l’année sauf pour déterminer le début de Ramadan. C’est incroyable !

    • Les calcules utilisés toute l’année concernant la prière concerne la position du soleil et non de la lune. Il n’y a aucune recommandation sur l’observation oculaire pour la prière .Par exemple le prophète sws va nous dire de prier au zénith(sans nous demander de le voir). Alors que le hadith pour Ramadan est précis « jeûnez à sa vue, rompez à sa vue ». »et aussi IL sws nous enseigne de compléter cha’aban à 30 jours si nous ne voyons pas le croissant de lune à cause d’un ciel couvert.
      Allahou a3lam.

    • El hamdouliLLAH Votre message touche à l’essentie:l’union.
      Je suis inquiet pour mes frères et soeurs « reconvertis ».J’ai peur qu’en voyant notre comportement lointain de l’éthique du musulmans, il y ai un amalgame entre principe de l’islam et notre mauvais comportement

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