Était-il encore besoin de le mentionner? Certainement, lorsqu’on songe qu’aux IXe, Xe, XIe siècles, l’Europe centrale compte pour le moins 95 % d’analphabètes. Tandis que sur ses vieux jours, Charlemagne s’efforce de s’initier à une science, pour lui, aussi ardue qu’insolite et que plus tard la noblesse d’Occident s’enorgueillira toujours d’ignorer l’écriture, tandis que dans les monastères seuls quelques moines sauront encore manier la plume (si bien qu’en 1291, de tous les moines du chapitre du monastère de Saint-Gall, pas un seul ne saura écrire), pendant ce temps, dans les milliers d’écoles des villes et villages arabes, garçons et filles de six à onze ans, accroupis sur leur petit tapis, tracent d’une encre brunâtre leurs signes sur une tablette de bois ciré ou épellent les vers du Coran jusqu’à savoir chanter par cœur sourates, et peu à peu s’initient aux rudiments de la grammaire. Le désir éprouvé par les convertis…