Révolution ou coup d’Etat ? Les réactions de la communauté internationale au renversement du président Mohamed Morsi par l’armée traduisent un certain inconfort, voire de l’inquiétude, même si de nombreux pays se sont dit prêts à travailler avec le nouveau pouvoir en Egypte.
Aucune grande puissance occidentale n’a employé l’expression de « coup d’Etat » contre le dirigeant islamiste élu démocratiquement il y a un an, un évènement que les démocraties seraient obligées de condamner. De nombreux pays occidentaux ont néanmoins appelé à un retour rapide au processus démocratique. Plusieurs pays arabes ont adressé leurs félicitations au président par intérim, Adli Mansour, saluant même le rôle de l’armée. Des régimes où les islamistes sont au pouvoir, comme la Tunisie ou la Turquie, dénoncent eux un « coup d’Etat » militaire.
Réactions mesurées en Europe
- Allemagne
Une des plus vives réactions est venue d’Allemagne, dont le ministre des affaires étrangères, Guido Westerwelle, a évoqué « un échec majeur pour la démocratie en Egypte ». « Il est urgent que l’Egypte retourne aussi vite que possible à un ordre constitutionnel », a-t-il ajouté, se faisant l’écho du message envoyé par plusieurs dirigeants occidentaux.
- Etats-Unis
Le président américain, Barack Obama, s’est dit « profondément inquiet » de l’évolution de la situation dans le plus grand des pays arabes, auquel les Etats-Unis apportent une aide militaire essentielle. « J’appelle maintenant le pouvoirmilitaire égyptien à rendre toute l’autorité rapidement et de manière responsable à un gouvernement civil démocratiquement élu selon un processus ouvert et transparent », a dit M. Obama.
Sans qualifier le coup de force contre M. Morsi, le président Obama a seulement annoncé qu’il allait demander aux agences et aux ministères concernés d’étudier les « implications » légales de la nouvelle situation pour l’aide que Washington verse annuellement à l’Egypte – et qui, en vertu de la loi américaine, ne peut aller à un pays où un coup d’Etat a eu lieu.
- Grande-Bretagne
Son allié britannique a annoncé d’emblée qu’il coopérerait avec le nouveaupouvoir. « Nous ne soutenons pas les interventions militaires dans un système démocratique, a déclaré le chef de la diplomatie britannique, William Hague. Mais nous travaillerons avec les autorités en place en Egypte. » M. Hague a estimé que le renversement du gouvernement du président Morsi était un « dangereux précédent ». Mais « nous devons comprendre que cette intervention est populaire », a-t-il ajouté.
- France
Le président Hollande a appelé jeudi à « tout faire » pour relancer le processus démocratique en Egypte. « Nous devons tout faire pour que [le processus] puissereprendre sur la base du pluralisme et du rassemblement », a jugé M. Hollande lors d’une visite en Tunisie.
« Nous avons pris acte des évolutions intervenues hier dans la situation très dégradée et d’extrême tension de l’Egypte, ainsi que de l’annonce de nouvelles élections après une période de transition, a réagi le Quai d’Orsay. Ce qui importe maintenant, c’est que les prochaines échéances soient préparées dans le respect de la paix civile, du pluralisme, des libertés individuelles et des acquis de la transition démocratique, afin que le peuple égyptien puisse choisir librement ses dirigeants et son avenir. »
- ONU
Le secrétaire général de l’Organisation des nations unies, Ban Ki-moon, a demandé jeudi qu’« un gouvernement civil soit remis en place aussi vite que possible, reflétant les aspirations du peuple ». Il a estimé qu’une solution devait unirl’ensemble des forces politiques.
La Haut-Commissaire aux droits de l’Homme des Nations Unies, Navi Pillay, a appelé quant à elle vendredi au respect des libertés fondamentales en Egypte et s’est déclarée préoccupée par les informations sur des arrestations en masse de dirigeants de la confrérie des Frères Musulmans. Dans sa première réaction après la destitution et l’arrestation du président Mohamed Morsi, Mme Pillay affirme qu’il « ne doit pas y avoir d’autres violences, de détentions arbitraires, d’actes illégaux de vengeance ».
Les pays qui dénoncent un « coupe d’état »
- Tunisie
Le parti islamiste Ennahda, est sorti de son silence attentiste jeudi en fin d’après-midi, pour dénoncer un « putsch ». Pour la direction d’Ennahda, seul le président Morsi est légitime et nul autre ne peut le remplacer.
Le parti du président tunisien, Moncef Marzouki, avait condamné un peu plus tôt l’éviction de Mohamed Morsi. Il s’agissait de la première réaction en Tunisie, berceau du « printemps arabe », à la destitution du chef de l’Etat en Egypte.
« Le parti condamne le coup d’Etat militaire contre le processus démocratique », écrit le Congrès pour la République dans un communiqué. « Nous considérons ce qu’a fait l’état-major de l’armée comme un retour en arrière sur le chemin de la révolution égyptienne et comme une tentative de restauration de l’ancien régime », ajoute le CPR, classé au centre-gauche.
- Turquie
La Turquie a jugé jeudi antidémocratique la destitution du président Morsi. « Le changement de pouvoir en Egypte n’est pas résultat de la volonté du peuple. Il ne s’inscrit pas dans le respect de la démocratie et de la loi », a déclaré à Ankara le vice-premier ministre, Recep Bozdag.
« Dans tous les pays démocratiques, les élections sont le seul moyen d’arriver aupouvoir (…) Cette situation est inacceptable », a-t-il dit, espérant que « l’Egypte retourne à la démocratie, à une structure où la volonté du peuple l’emporte ».
Le gouvernement islamo-conservateur qui est au pouvoir depuis plus de dix ans en Turquie était un important soutien du président déchu et des Frères musulmans en Egypte.
Le soutien de certains pays arabes
- Qatar
Le Qatar, seul pays ayant apporté un soutien officiel aux Frères musulmans, est resté circonspect, mais a affirmé jeudi continuer à soutenir l’Egypte, et son émir a félicité le nouveau président intérimaire, Adli Mansour.
« Le Qatar continuera à soutenir l’Egypte dans son rôle de leader des mondes arabe et musulman », a déclaré un porte-parole du ministère des affaires étrangères, à Doha. « Le Qatar continuera à respecter la volonté et les choix du peuple d’Egypte », tout en souhaitant « un renforcement de l’unité nationale des Egyptiens (…) dans le respect de l’esprit de la révolution du 25 janvier 2011 », qui avait renversé le régime de Hosni Moubarak, a-t-il ajouté.
Le groupe de télévision qatari Al-Jazira, qui avait été la boîte de résonance des révoltes arabes, a annoncé que les services de sécurité égyptiens avaient fait irruption mercredi soir dans ses bureaux du Caire et interrompu la transmission de sa chaîne exclusivement consacrée à l’Egypte. Le directeur d’Al-Jazira au Caire a été interpellé avec d’autres membres du personnel, a indiqué la télévision, demandant leur libération.
- Arabie saoudite
Les termes mesurés de la réaction du Qatar contrastent avec le ton plus chaleureux et direct de la réaction de l’Arabie saoudite, dont le roi a été le premier chef d’Etat à féliciter M. Mansour, qualifié de « président de la République arabe d’Egypte sœur », avant même sa prestation de serment.
« Au nom du peuple de l’Arabie saoudite et en mon nom, nous vous félicitons pour votre arrivée au pouvoir en Egypte à ce stade crucial de son histoire. Nous prions Dieu pour qu’il vous aide à assumer la responsabilité qui vous incombe afin d’accomplir les ambitions de notre peuple frère d’Egypte », a déclaré le roi Abdallah dans un message de félicitations à Adli Mansour.
- Koweït, Emirats arabes unis, Bahreïn…
Les dirigeants du Koweït, des Emirats arabes unis et de Bahreïn ont emboîté le pas au roi Abdallah, se disant prêts à collaborer avec la nouvelle administration égyptienne et saluant le rôle de l’armée de ce pays.
Pour sa part, le roi Abdallah II de Jordanie a assuré M. Mansour dans un message de félicitations du « soutien de la Jordanie à la volonté du grand peuple d’Egypte et à ses choix nationaux », tandis que son ministre des affaires étrangères, Nasser Jawdeh, a souhaité dans un communiqué que l’Egypte retrouve « la stabilité, la concorde et la propérité ».
- Syrie
La Syrie, avec laquelle le président Morsi avait rompu les relations diplomatiques, a estimé que sa chute représentait un « grand accomplissement ».
- L’embarras de l’Iran
L’Iran, qui défendait encore mardi la légitimité de Mohamed Morsi, a réagi avec prudence jeudi à sa destitution, soulignant « les revendications légitimes » du peuple, tout en mettant en garde Le Caire contre « l’opportunisme des ennemis et de l’étranger ».
La déclaration de Téhéran est beaucoup plus nuancée que celle faite lors de la chute de Hosni Moubarak, en 2011, saluée par Téhéran comme « le réveil de l’islam ». Elle contraste aussi avec celle d’un responsable iranien mardi, qui insistait sur le fait que Mohamed Morsi avait été légitimement élu et appelait les forces armées égyptiennes à « bien tenir compte du vote du peuple ».
- Territoires palestiniens
Coté palestinien, le président Mahmoud Abbas a félicité le nouveau président égyptien « dans cette phase transitoire » et a « rendu hommage au rôle joué par les forces armées pour (…) empêcher [l’Egypte] de basculer vers un destin inconnu ».
Source Le Monde.fr avec AFP et Reuters
1 Comment
encore une fois les civils qui ont donné une couverture au militaire en egypte font preuve d’incapacité a entamé le parcours democratique et veulent toujours rester dependant de la dictature comme un chien qu ‘il peut pas se separer de son maitre.par ailleurs ce coup d’etat a devoilé les occidentaux a leur tete les USA concernant la liberte des peuples pour choisir leur avenir que c’est une idée pas plus.grand salut au libre civil qui font l’histoire aujourd’hui et qui empeche faraon de renaitre et que dieu soit avec vous.
c’est rafik d’alger qui vous soutient apres la priere del fadjr.