En principe, il n’est pas permis au musulman endetté d’accomplir le Pèlerinage avant de rembourser sa dette. En effet, le Pèlerinage relève du droit de Dieu et les dettes relèvent des droits des hommes, or les droits des hommes sont fondés sur l’intransigeance et la revendication, alors que le droit de Dieu est fondé sur l’indulgence et le pardon. Dieu pardonne en ce qui Le concerne, mais les hommes ne cèdent pas leurs droits. C’est pourquoi, le musulman ne peut accomplir le Pèlerinage à moins de rembourser ses créanciers. Si les créanciers font preuve d’indulgence à son égard, cèdent leur droit et lui permettent d’accomplir le Pèlerinage en lui disant que s’il meurt, ils lui pardonneront et effaceront sa dette, cela est de leur part une marque de vertu et que Dieu les récompense. Par contre, s’ils refusent, il ne lui est pas permis de partir pour le Pèlerinage.
Par conséquent nous disons : Si le musulman est endetté alors qu’il éprouve un désir ardent de partir pour le Pèlerinage, il se doit de demander la permission de ses créanciers. S’ils le lui autorisent, il lui est alors permis d’accomplir le Pèlerinage, à condition qu’il soit sûr d’être en mesure de rembourser la dette plus tard. Par contre, s’il sait qu’en accomplissant le Pèlerinage il ne serait plus en mesure de rembourser la dette, alors, il ne lui est pas permis de l’accomplir, car le remboursement des dettes est prioritaire, même s’il s’agit d’une dette à échéance, à moins que ce soit une dette échelonnée sur une longue période, sur une durée de 20 ou 30 ans, par exemple, pour l’achat d’une terre ou d’une maison, dans ce cas, cette dette n’empêche pas l’accomplissement du Pèlerinage car les mensualités sont déduites directement de son compte. Par contre, s’il s’agit d’une dette qu’il devra rembourser dans 2 ou 3 ans, par exemple, l’accomplissement du Pèlerinage pourrait empêcher l’acquittement de la dette selon le délai fixé. Dans ce cas, il n’est pas de son devoir d’accomplir le Pèlerinage. Plus encore, il ne lui appartient pas d’accomplir le Pèlerinage sauf s’il demande l’autorisation des créanciers et que ces derniers le lui permettent, tout en étant sûr d’être en mesure d’honorer cette dette.
Cheikh Dr. Youssef al-Qaradawi