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Cheikh Al-Qaradawi répond au Mufti de l’armée ‘Ali Joumou’a

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Je m’étonne de la position de certains gens qui prétendent représenter les savants, parlant en leur nom, édictant des avis juridiques qui déterminent le licite et l’illicite, alors qu’ils ne font que détourner les paroles de leur sens et mentent au nom de Dieu et de son Messager (saws) et au nom des savants de la nation musulmane « et disent : « ceci vient de Dieu alors qu’il ne vient point de Dieu. Ils disent sciemment des mensonges contre Dieu » » (3 :78).

Parmi ces falsificateurs menteurs, figure cheikh, ou plutôt le général égyptien ‘Ali Joumou’a qui s’est introduit parmi les savants d’al-Azhar alors que ces derniers se désolidarisent de lui. Hosni Moubarak l’avait nommé Mufti, puis il a quitté cette fonction, sans regret pour lui, après avoir édicté des fatwas inacceptables, ne se référant ni au Coran ni à la Sunna.

Puis Sissi et les siens l’ont rendu, d’une manière non officielle, pour qu’il soutienne leur régime corrompu et leurs orientations invendables et leur donne un semblant de légitimité qu’ils ne méritent pas après avoir trahi le pacte, failli à leur promesse, trahi le dépôt, kidnappé le président élu par le peuple, un an après son investiture. Ils prétendirent que le peuple les soutenait alors que la volonté du peuple se manifeste dans les urnes qui définissent la réelle majorité.

Le véritable peuple s’est levé pour affirmer son soutien au président qu’il a élu. Il ne l’abandonnera jamais, et il ne cédera jamais son droit. Mais l’armée qui a fait un coup d’état s’est emparé du pouvoir en son nom et a fait face à tous ses opposants en utilisant les forces de l’armée et de la police, aidés par les milices « baltajiya » qui comptent environ 4000 miliciens dans toute l’Egypte. Ils ont commis des massacres dans tous les coins d’Egypte dont les plus importants sont : le massacre devant les locaux de la gendarmerie nationale, le massacre commis devant al-minassa dans la rue d’an-Nasr, le massacre de la place de Rabi’a, le massacre d’an-Nahda à al-Jiza, tous ces massacres perpétrés par les armes lourdes de l’armée avec l’aide de la police, des milices, des snipers placés sur les toits et des avions. Le résultat de tout cela : plus de quatre milles martyres, environ vingt milles blessés, mille disparus, que nous pensons tués et enterrés dans des tombes collectives que le temps nous dévoilera bientôt, et dont les parents ne cessent de chercher en vain.

En plein milieu de ces troubles produits par les auteurs du coup d’état au cœur la chère Egypte, et que l’histoire n’a jamais vu, le dénommé ‘Ali Joumou’a se rend à une rencontre secrète avec les militaires au pouvoir, pour qu’il leur donne un avis juridique « fatwa » sur la façon de traiter leurs opposants.

Pourquoi ‘Ali Joumou’a se réunit-il avec l’armée en secret ?

Car il veut leur dire des choses que les savants ne pourront pas entendre et auxquelles ils ne pourront pas répondre. Ces propos n’ont été approuvé ni par le secréterait général de « dar al-ifta » ni par le cabinet de cheikh al-Azhar ni par le comité des grands savants d’al-Azhar ni par les savants d’al-Azhar enseignants à l’université, dans les instituts et dans les autres institutions. C’est un avis qui émane uniquement de ‘Ali Joumou’a, et c’est un avis qui lui ressemble et chacun dépense de qu’il possède.

Le cheikh dit et répète : frappe dans le plein ! Une expression connue chez les militaires qui signifie : frappe dans les zones mortelles : dans le ventre, dans la poitrine, dans le cou et dans la tête.

Une telle chose ne se dit pas à un soldat quelque soit la situation, même s’il venait à combattre un ennemi agresseur, car parfois il faut arrêter le combat et se contenter de la captivité.

Lorsqu’il s’agit du briguant armé qui s’en prend aux gens chez eux dans le but de les tuer et de spolier leurs biens, il est permis aux gens de le combattre, qu’il soit seul ou dans un groupe. Dans ce cas, les savants disent : On le combat par le minimum pouvant empêcher son agression. Si tu peux le capturer vivant et l’empêcher de nuire, alors ceci est obligatoire. Si tu peux l’empêcher de nuire en utilisant le bâton, alors utilise le bâton et non pas l’épée. Et si tu peux l’atteindre à la jambe ou à la main pour l’immobiliser sans avoir besoin de le tuer, alors tu dois le faire. Et si tu es dans l’obligation d’utiliser l’épée, la lance ou le fusil, alors fais-le, mais l’essentiel, c’est de ne pas commencer par les armes les plus lourdes. Commence par le plus léger. C’est ce qu’établit le droit musulman fondé sur la législation musulmane. Aucun savant religieux se référant au Coran et à la Sunna ne pourrait dire : frappe dans le plein et tue dans tous les cas.

Mais cheikh ‘Ali Joumou’a n’a pas les mêmes références que les autres savants. Il a plutôt les mêmes références que les milices « baltajiya ». Il soutient ceux qui détiennent la force contre les ayants droit, les soldats contre les savants, l’armée contre le peuple, l’épée contre la plume, le pouvoir contre le Coran et l’état illégitime contre la religion.

Il n’a pas suffit à l’armée d’avoir tué, brûlé, torturé, saccagé, emprisonné père, mère, épouse fille et fils. Les milliers de morts et les milliers d’incarcérés ne leur suffit pas. Ils sont toujours avides de sangs interdits dont le Prophète (saws) a dit : « Le musulman ne cesse d’aspirer au pardon tant qu’il n’effuse pas un sang interdit » (rapporté par al-Boukhari d’après Ibn ‘Omar. Il dit aussi : « La disparition du bas-monde est moins grave pour Dieu que le meurtre d’un musulman » (rapporté par an-Nasa-y d’après Ibn ‘Omar).

Malgré cela, l’ex-mufti ‘Ali Joumou’a se manifeste en disant au nouveau gouverneur : « Frappe dans le plein. Ne sacrifie pas tes soldats pour ces dissidents « kharijites ». Heureux quiconque les tuera et heureux celui qui se fera tué par eux. Quiconque les tue sera le plus à même à se réclamer de Dieu. Il faut purifier notre ville et notre Egypte de ces voyous. Ils nous déshonorent. Ils sont répugnants de l’intérieur comme de l’extérieur. Le Prophète (saws) nous a mis en garde contre eux …

Le cheikh ou plutôt le général, recommande aux soldats de frapper dans le plein : dans les poitrines, les ventres, les têtes, les dos. Le soldat ne doit penser à immobiliser ou à arrêter, mais à tuer.

Il s’agit de fatwas empoisonnés, d’enseignements suspicieux et d’avis corrompus adressés aux soldats par celui qui occupait la fonction de mufti du temps de Moubarak, qui s’est éclipsé du temps de Morsi et qui est réapparu avec son mauvais visage, ses paroles stupides et ses actions folles pour inciter les soldats d’Egypte non pas à combattre les sionistes, qui sont ses amis, il est d’ailleurs entré à la mosquée de Jérusalem sous leur protection, mais à diriger leurs armes vers la poitrine de leurs coreligionnaires et de leurs compatriotes qui sont pour lui des kharijites (dissidents) dont il faut purifier l’Egypte : heureux ceux qui les tuent et ceux qui se font tués par eux… ces voyous … ces êtres à l’odeur répugnante … les chiens de l’Enfer … qui ne méritent pas notre Egypte … qui nous déshonorent …

C’est ainsi qu’il a remué l’animosité enfouie que les égyptiens avaient l’habitude de maîtriser, la haine qu’ils ne cessaient de combattre et la rancœur qu’ils s’employaient à cacher. Ainsi, ces soldats précédés des milices, accompagnés des racailles suivant tout croassant, ont pointé leurs frères de leurs armes, déchirant le tissus social et effritant le lien de fraternité qui lie les enfants de la patrie.

Comment seraient-ils des kharijites, cheikh ‘Ali ? Ils sont en dissidence avec qui ? Avec l’usurpateur du pouvoir légitime ? Avec les kidnappeurs du président légitime ?

Comment seraient-ils des kharijites alors que prendre les armes est la caractéristique principale des kharijites. Or, il n’a jamais été prouvé qu’un seule membre des frères musulmans ni de leurs alliés, pendant tout le mois du Ramadan, avant et après, était armé. Les frères musulmans sont sortis de chez eux pour se rendre sur les places publiques sans avoir à la main ni autour d’eux une arme, quelque soit la sorte de cette arme, ni blanche ni noire ni canon ni fusil ni revolver ni balles ni couteau ni bâton ni pierre, ni terre.

Comment cheikh ‘Ali qualifie ces gens de kharijites, alors qu’ils se font tuer sans avoir commis de crime si ce n’est le fait de dire que Dieu est notre Seigneur !

Les véritables kharijites sont ceux qui se sont rebellés contre le président élu et dont l’obéissance est un devoir conformément à la Loi de Dieu, aux injonctions du Coran et de la Sunna et au consensus de la nation.

‘Ali Joumou’a dit des meilleurs enfants de la nation parmi les savants, les médecins, les ingénieurs, les pharmaciens, les instituteurs, les comptables, les journalistes, les industriels, les agriculteurs … qu’ils sont des voyous, qu’ils sentent mauvais. Dieu dit vrai lorsqu’il décrit les semblables de ce cheikh en disant: « Les criminels riaient de ceux qui croyaient, et passant près d’eux, ils se faisaient des œillades, et retournant dans leurs familles, ils retournaient en se moquant » (83 : 29- 31)

‘Ali Joumou’a dit : « Ils disent : la légitimité ! Quelle légitimité ? Dans le droit musulman, l’imam emprisonné n’a plus de légitimité » Il répéta ceci deux fois, puis il dit « Le pire, c’est que son affaire est arrivé devant le tribunal, il est donc déchu de sa légitimité, s’il lui reste un semblant de légitimité ! »

La légitimité est établie, général ‘Ali, par les élections. Le président a été élu à la majorité des électeurs selon un scrutin transparent. Elle est aussi établie par la constitution votées à plusieurs tours et par le parlement qui l’a soutenu et qui s’est maintenu jusqu’au coup d’état militaire qui a trahi le pacte, failli aux promesses et outrepassé les limites.

Cette légitimité est telle une montagne élevée fortement enracinée que nul militaire ni civil pourrait omettre ou remettre en question.

Le général, qui se prétend soufi, alors qu’il déshonore le soufisme, prétend que les nombreux rêves du Prophète (saws) et des saints confirment ce qu’il dit !

Qui a dit, général ‘Ali que tes rêves et les rêves de tes semblables constituent une preuve juridique autorisant ce que Dieu a interdit et interdisant ce que Dieu a autorisé ?

Qui a dit que celui qui s’est présenté à toi comme étant le Prophète (saws) dans ton rêve est réellement le Prophète (saws) ?! Et si le Prophète demandait dans le rêve d’accomplir ce qui contredit la législation, son ordre serai-il exécuté ?! Ou si cette personne dans le rêve te dit : je suis le saint al-Badaoui ou ad-Dousouqi ou ar-Rifa’i ou autres, leur parole serait véridique alors qu’ils ne sont pas infaillibles ?!

Et qui a dit parmi les savants que ce genre de rêves permettrait d’effuser le sang que Dieu a rendu sacré et interdit, d’emprisonner les honnêtes citoyens, de mettre les femmes en prison sous la surveillance de soldats qui n’éprouve aucune crainte de Dieu et aucune pudeur envers les gens.

Le summum de la perversion, c’est lorsque cheikh Joumou’a dit : Lorsque j’ai vu les photos de la mosquée d’al-Fath à la poubelle ainsi que l’impureté et la saleté dans lesquelles ils se trouvaient à l’intérieur, c’est comme si les versets ont été révélés à leur sujet : une mosquée brûlé par le Prophète (saws), pourquoi ? Car il n’aime pas cette saleté ni cette ruse, ni ce nom en apparence alors qu’il cache la corruption en intérieur !

Cheikh ‘Ali voulait légitimer par-là les évènements tragiques qu’a connu la mosquée al-fath au Caire. La mosquée était l’une des grandes mosquées de la ville. Lorsque les gens en sortirent le jour des célèbres affrontements et après avoir été attaqué par l’armée, la police et les milices, ils y retournèrent pour s’y refugier étant donné qu’en islam, les mosquées sont des refuges contre tout injuste et tyran, l’abri du sans abri. Les gens sont rentrés dans la mosquée. Ils y sont restés toute la journée et toute la nuit alors que les milices, soutenues par l’armée et la police voulaient s’introduire dans la mosquée pour y commettre des massacres !

La mosquée fut partiellement ouverte pendant la nuit. Des gens en petit nombre en sont sortis. Certains d’entre eux ont été tués, d’autres blessés. Les soldats et les milices ont alors voulu monté en haut du minaret dont la porte était à l’extérieur. Il n’y avait personne pour les en empêcher. Le jour suivant, le restant des gens est sorti, un nombre parmi eux a été tué, d’autres incarcérés.

Ce jour-là, les gens n’ont pas eu le temps de produire des saletés dans la mosquée. Ils étaient du nombre des prieurs, croyants, purs, que Dieu aime, que les anges aiment, que les croyants aiment. Ils n’étaient pas comme a voulu les décrire ce grand falsificateur. Ils ne possédaient ni nourriture ni rien qui pourrait produire de la saleté.

Ceux qui ont souillé et profané la mosquée sont ceux qui sont rentrés après cela : la police et les tueurs qui les accompagnaient qui ont empêché que dans les mosquées de Dieu, on mentionne Son Nom, et qui s’efforcent à les détruire.

La mosquée brûlée par le Prophète (saws) est loin d’être semblable à la mosquée al-fath que les musulmans ont connus, dans laquelle ils ont prié pendant des années, dans laquelle de nombreuses prières du vendredi ont été célébrées et dans la quelle ont été formés de nombreux croyants commandant le bien, prohibant le mal et préservant les prescriptions de Dieu. Nous sommes loin de l’exemple de la mosquée de nuisance brûlée par le Prophète (saws) car cette mosquée, fut, depuis sa construction, édifiée pour en faire un mobile de rivalité ; d’impiété et de division entre les croyants, préparée pour celui qui auparavant avait combattu Dieu et Son Messager.

Cheikh ‘Ali détourne le sens des textes et impute des mensonges aux textes coranique, aux hadiths et au consensus de la nation. Ils se dressent contre les savants d’al-Azhar, contre les savants de la nation musulmane, contre les pieux prédécesseurs, contre les imams de la religions, se vantant d’avoir à ses côtés les officiers de l’armée. Et si tous ces gens étaient avec lui, ils ne lui seront d’aucune utilité devant Dieu. A quoi lui servira alors ce petit nombre qui s’est entretenu secrètement avec lui dans un endroit tenu secret à un moment non communiqué, devant la majorité des égyptiens, des arabes, des musulmans et des hommes libres et honnêtes du monde entier. Tous témoigneront contre lui le Jour de la Résurrection.

Ceux qui assistent aux endroits où s’expriment ‘Ali Joumou’a ne sont pas tous comme lui. Certains d’entre eux l’applaudissent car ils ignorent la Loi divine et la vraie position de la religion. D’autres l’applaudissent par peur de représailles. D’autres applaudissent avec leurs mains alors que leurs cœurs sont attristés par ce qu’il se passe autour d’eux. Ils sont en colère et désolés, mais ne peuvent rien faire.

Seigneur Dieu ! Nous te prenons comme témoins, ainsi que Tes prophètes, Tes Messagers, Tes anges et Tes anges porteurs du Trône contre ceux qui détournent Ta religion, se jouent de Ton Livre, parlant en Ton Nom sans connaissance et qui T’imputent à Toi et à Ton Messager des mensonges. Seigneur ! Démasque-les, divulgue leur secret et dévoile-les au grand jour et fais apparaître aux gens leur vraie nature « Ils cherchent à tromper Dieu et les croyants ; mais ils ne trompent qu’eux-mêmes, et ils ne s’en rendent pas compte » (2 : 9)

Nous appelons les égyptiens ; tous les égyptiens. Nous appelons les arabes ; tous les arabes. Nous appelons les musulmans sincères. Nous appelons toute personne ayant une conscience libre et un cœur qui bat pour la vérité, afin de soutenir le peuple égyptien opprimé et trompé jusqu’à sa victoire contre ses bourreaux et « les injustes verront bientôt le revirement qu’ils éprouveront » (26 : 227)

De Cheikh Youssouf Al Qaradawi – Traduit par Havre De Savoir

3 Comments

  1. Safa Chikhaoui Reply

    Un savant n’en sali pas un autre. ils essaient de se mettre d’accord et si ils y arrivent pas le plus savant se tait! et qu’en au verset qu’Il cite il va aussi pour lui-même, il a fait mourir combien de gens en Syrie?

    • Salam aleykoum safa,

      Se faire devant une injustice n’est vraiment pas l’attitude a avoir surtout pour un savant de l’islam…
      Je suis tout a fait d’accord avec lui sur le fait de mettre la lumière sur ces « pseudos-savants » qui tournent les textes afin de légitimer un despote sanguinaire…
      L’histoire nous le montre très bien et l’histoire se répète…

      Quand aux mort en Syrie, il n’a fait mourir personne mais c’est bien le « chien »( terme employé dans le coran pour designer ces gens la) qui est au pouvoir qui en est le responsable et non les savants qui se sont levés pour dénoncer cette injustice criante…

      Quand aux savants qui soutiennent ces bêtes sanguinaires qui n’ont d’autres projet que la guerre contre l’islam, je te renvoie au coran pour voir quel est le terme qui a été employé par ALLAH pour les décrire…

      J’en profite pour te souhaite un merveilleux aid et a toute la communauté…

      Salam aleykoum

    • Que Dieu te guide en disant qu’il a fait tuer des gens en Syrie. Il ne le sali pas mais il le dénonce pour sa participation honteuse et indigne a faire exécuter des femmes, des hommes et des enfants sans scrupule. Chaque âme rendra des comptes pour ce qu’elle a commis ou pour avoir dis des mensonges. Qu’Allah swt vienne au secours de nos frères et sœurs égyptiens mais aussi à tous les musulmans dans le monde qui subissent des injustices.

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