Comment comprendre les textes coraniques et prophétiques au sujet du djihad ?
Ce thème a été discuté. Après échanges, le Conseil est parvenu à ce qui suit :
La bonne compréhension des textes juridiques émanant du Coran et de la Sunna, ainsi que la bonne compréhension des propos des jurisconsultes énoncés à propos du djihad, selon une voie scientifique, posée, dans un esprit de juste milieu, permet de préserver la pensée de l’excès et de l’application des textes dans des cas que ces derniers ne visent pas.
Les extrémistes justifient souvent leurs avis et leurs actions erronés en se référant soit à des textes coraniques et prophétiques authentiques mais mal compris ou mal appliqués, soit à des textes prophétiques dont la chaîne des transmetteurs n’est pas formellement établie et qui ne peuvent servir dans l’argumentation.
Parmi les règles délimitant la méthode saine de compréhension des textes coraniques et prophétiques, et de compréhension du patrimoine du droit musulman en matière de djihad, figure ce qui suit :
Premièrement : La bonne compréhension et le bon rapport aux versets relatifs au djihad
Il faut comprendre le Coran à la lumière des règles de la langue arabe comprenant le sens propre et le sens figuré, en respectant la progression thématique du texte et le fil du discours, sans exagération ni raffinement superflu, rassemblant les textes les uns aux autres, avec la conviction que les versets du Coran se confirment mutuellement : « S’il provenait d’un autre qu’Allah, ils y trouveraient certes maintes contradictions ! » (4 : 82)
Deuxièmement : la bonne compréhension et le bon rapport aux textes prophétiques relatifs au djihad
Il est nécessairement connu, pour tous, que la Sunna constitue la deuxième source législative de l’islam. Nous entendons par là la Sunna authentique formellement établie d’après le Messager de Dieu (r) comprenant ses dires, ses actes et ses approbations, énoncée par les hadiths dont la chaîne des transmetteurs est fiable, ne souffrant ni de discontinuité, ni de marginalité, ni de défaut, et ne contredisant pas un argument plus fort et plus fiable émanant du Coran ou parmi les autres hadiths, ou provenant de la logique scientifique et rationnelle.
Troisièmement : Du rapport au patrimoine du droit musulman
Le véritable droit musulman (fiqh) ne réside pas dans le fait de relater à partir des livres. En effet, les livres représentent leur époque et leur environnement. Le véritable droit musulman est l’effort de réflexion personnel (idjtihad) du jurisconsulte (faqih) pour son temps, son espace et son monde, de même que les anciens ont produit un idjtihad pour leur temps, leur espace et leur monde. Ce qui est bon pour une époque ne l’est pas forcément à une autre, et ce qui est bon pour un environnement ne l’est pas forcément pour un autre, d’autant plus, que de ne jours, le changement est devenu très important. Le véritable jurisconsulte (faqih) est celui qui allie entre ce qui doit être et le contexte, comme le stipule Ibn al-Qayyim, et ne vit pas dans ce qui doit être en abstraction de ce qui est.
Quatrièmement : Faire la distinction entre le muable et l’immuable dans la question du djihad
A notre époque, lorsque le jurisconsulte (faqih) parle de djihad, combat ou guerre, il doit être parfaitement conscient des changements considérables et profonds dans ce domaine au niveau international. Pour émettre un avis juridique juste, il doit faire la distinction entre l’immuable et ce qui est sujet au changement. Sans aucun doute, il existe à propos de cette question des principes immuables tels que :
– Le principe du repoussement des uns par les autres (sunnat at-tadafu’) que Dieu a établi dans le Coran.
– Le principe dans la relation des musulmans avec les non-musulmans est la paix, la guerre est incidente, prescrite au musulman à contre cœur.
– Le principe en matière d’appel à l’islam est : la sagesse, la bonne exhortation et la discussion de la meilleure des façons.
Mais il existe des changements qui se sont produits dans le monde, dont :
– la condamnation des guerres et l’aversion à l’égard de celles-ci et de ceux qui les provoquent.
– La volonté de paix et d’une coexistence pacifique les divergents.
– L’apparition de conventions internationales respectées, sommairement, dans le monde entier : la Convention des Droits de l’Homme, la Convention des Nations Unies, et autres.
– L’apparition des institutions internationales, reconnues mondialement, et auxquelles le monde a participé : l’Organisation des Nations Unies, Le Conseil de sécurité des Nations Unies, la Cour internationale de justice, l’UNESCO et ce qui s’y rattache.
Conséquences de ceci :
– L’obligation de respecter la souveraineté territoriale des pays, l’obligation de la résolution des conflits entre pays d’une manière pacifique, et l’interdiction de l’emploi de certaines armes.
– L’apparition de conventions internationales : l’Abolition de l’esclavage, Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre.
A la lumière de ce qui est exposé précédemment, nous pouvons, en tant que musulmans, conformément à l’islam, au Coran et à la Sunna de notre Messager (r), vivre dans un monde qui appelle à la paix et non à la guerre, à la sécurité et non à la peur, à la tolérance et non à l’intolérance, à l’amour et non à la haine, à l’entre connaissance et non au conflit.
Nous pouvons vivre avec les Nations Unies, les lois internationales, les conventions des droits de l’Homme, les droits des animaux, les organisations protectrices de l’environnement, et cela n’est pas étonnant, car l’islam par ses enseignements fut le premier à initier les principes internationaux, la protection des droits de l’homme, des faibles et des personnes handicapées notamment, la miséricorde envers les animaux, la protection de l’environnement et de toutes ses composantes, et la protection de l’équilibre de l’écosystème.
Conseil Européen de la Fatwa, 26ème session ordinaire, 4 – 8 octobre 2016, à Istanbul
Décision 1/26
2 Comments
Assalamou alaykoum, est-il possible d’avoir le lien de la source officielle de cette fatwa ?
Je suis complètement d’accord avec vous. Le problème est d’expliquer ce texte à Daech et consort.Je considère que ces déchets de la société ont pour mission de détruire l’islam.kadous