Le grand savant Ibn Qayyim Al Djawziya nous dit dans son livre Zaad Al Ma’ad (vol 2 p 72): «Il y a trois degrés pour le jeûne de Achoura :
Le plus parfait est de jeûner avec Achoura un jour avant et un jour après,
Puis le fait de jeûner Achoura avec le neuvième jour et c’est ce qui est montré par la plupart des hadiths,
Puis le fait de jeûner Achoura seul».
À l’instar de Ibn Qayyim, de nombreux écrits de plusieurs savants nous ont sont parvenus à travers les siècles sur la manière et l’importance de jeûner le jour de Achoura. Cela dénote l’importance de ce jour. Son importance est telle que certains compagnons du prophète Muhammed (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) le jeûnaient même en voyage comme Ibn ‘Abbas (qu’Allah l’agrée).
Ibn ‘Abbas (qu’Allah l’agrée) considéraient que « le mois de Ramadan peut être compensé par un nombre égal de jours, alors que Achoura, si son jour passe, on ne peut plus le compenser ».
Dans plusieurs hadiths (Hadith = parole prophétique), le prophète Muhammed (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) a évoqué le jeûne de Achoura. Il (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) nous a informé des raisons de ce jeûne et surtout de sa récompense.
D’après Abou Qatada (qu’Allah l’agrée), le Prophète Muhammed (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) a été interrogé concernant le jeûne du jour de Achoura. Il a dit : « Il efface les péchés commis l’année précédente» (Rapporté par Mouslim)
D’après Ibn Abbas (qu’Allah l’agrée), le Prophète Muhammed (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) ne recherchait pas le mérite d’un jour sur un autre jour après le ramadan sauf ‘Achoura (Rapporté par Tabarani)
D’après Abou Said Al Khoudri (qu’Allah l’agrée), le Prophète Muhammed (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) a dit : « Celui qui jeûne ‘Arafat, il lui est pardonné une année devant lui et une année derrière lui et celui qui jeûne Achoura, il lui est pardonné une année» (Rapporté par Tabarani)
D’après Ibn Abbas (qu’Allah l’agrée), lorsque le Prophète Muhammed (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) a jeûné le jour de Achoura et a ordonné de le jeûner, ils ont dit: « Oh Messager d’Allah ! Certes c’est un jour auquel les juifs et les chrétiens donnent de l’importance ». Le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit: «L’année prochaine, si Allah le veut, nous jeûnerons le neuvième jour». Ibn Abbas a dit : « L’année suivante n’est pas venue avant que le Prophète (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) ne décède ». (Rapporté par Mouslim)
D’après Ibn Abbas (qu’Allah l’agrée), le Prophète Muhammed (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) a dit : «Si Allah veut que je vive jusqu’à l’année prochaine, je vais jeûner le neuvième jour de peur de manquer le jour de Achoura» (Rapporté par Tabarani)
D’après Abou Qatada (qu’Allah l’agrée), le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a été interrogé concernant le jeûne du jour de ‘arafat. Il a dit: «Il expie l’année précédente et l’année en cours» (Mouslim).
D’après Said Ibn Joubayr (qu’Allah l’agrée), un homme a interrogé Abdallah Ibn Omar (qu’Allah l’agrée) concernant le jeûne du jour de ‘arafat. Il a dit: «Lorsque nous étions avec le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui), nous lui donnions l’équivalent du jeûne de deux années» (Tabarani).
D’après Abou Qatada (qu’Allah l’agrée), le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit: «Le jeûne du jour de ‘arafat, j’espère d’Allah qu’il expie l’année qui suit et l’année qui précède» (Tirmidhi).
D’après Qatada Ibn Nu’man (qu’Allah l’agrée), le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit: «Celui qui jeûne le jour de ‘arafat, il lui est pardonné une année devant lui et une année derrière lui» (Ibn Maja).
D’après Sahl Ibn Sa’d (qu’Allah l’agrée), le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit: «Celui qui jeûne le jour de ‘arafat, il lui est pardonné le péché de deux années de suite» (Abou Ya’la).
D’après Abou Said al-Khoudri (qu’Allah l’agrée), le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit: «Celui qui jeûne ‘arafat, il lui est pardonné une année devant lui et une année derrière lui et celui qui jeûne ‘achoura il lui est pardonné une année» (Tabarani).
En dehors du jeûne, rien n’a été relaté à propos de Achoura. Quant à ce qui a été inventé par certains gens comme le fait de porter ses meilleurs habits et l’embellissement, faire les grandes ablutions, s’appliquer du khôl, faire preuve de largesse vis-à-vis de la famille et faire de ce jour une occasion ou une fête religieuse pendant laquelle on immole des bêtes en guise de sacrifice, tout ceci n’a aucun fondement dans la religion et aucun argument authentique ne le prouve.
Il semblerait que ceci soit une réaction à l’attitude des chiites qui ont fait de ce jour un jour de tristesse, de deuil général, d’auto-flagellation, en commémoration de la tragédie qui a frappé le martyre al-Housseïn ibn ‘Ali (rad), assassiné injustement.
En vérité, les deux groupes ont tort. L’innovation ne peut être combattue par une autre innovation, et on ne peut remédier à une déviance par une autre déviance. Tous doivent revenir à ce que Dieu et Son Messager (saws) ont légiféré.
Ibn al-Qayyim dit : « Les hadiths incitant, le jour de Achoura, à s’appliquer du khôl, à l’embellissement, à faire preuve de largesse vis-à-vis de la famille, à la prière et aux autres actes méritoires, aucun d’eux n’est authentique, ni même un seul. Concernant ce jour, rien n’a été établi d’après le Prophète (saws) d’une manière authentique à l’exception de son jeûne. En dehors de cela, tout est invalide ». L’exemple le plus connu est : « Quiconque fait preuve de largesse vis-à-vis de sa famille le jour de Achoura, Dieu fera preuve de largesse vis-à-vis de lui pendant toute l’année ». L’imam Ahmed dit de ce hadith qu’il n’est pas authentique.
Quant aux hadiths incitant à s’appliquer du khôl aux yeux, mettre du gel sur les cheveux et se parfumer, ils sont le produit des menteurs. En opposition, d’autres en ont fait un jour de douleur et de tristesse. Or, les deux groupes sont des innovateurs, en dehors de la Sunna. Les gens fidèles à la Sunna se contentent de faire ce qu’a commandé le Prophète (saws), c’est-à-dire, le jeûne, et évitent ce que Satan a commandé comme innovations »[1].
Cheikh al-islam Ibn Taymiya fut interrogé sur les pratiques que les gens font le jour de Achoura telles que l’application du khôl, les grandes ablutions, l’application de henné, le serrage de main en guise de félicitations, les plats spécifiques, la manifestation de la joie et autre, y a-t-il ou pas à ce sujet un hadith relaté d’après le Prophète (saws) d’une manière authentique ? Et s’il n’existe aucun hadith authentique à ce sujet, faire cela est-il considéré comme innovation ? Ce que fait l’autre groupe, à savoir, les cérémonies funèbres, le deuil, l’assoiffement et autres choses comme l’autoflagellation, les lamentations et le déchirement des vêtements, est-il fondé ?
Il répondit : « La Louange est à Dieu, Seigneur des mondes. Il n’existe à ce sujet aucun hadith relaté d’une manière authentique ni d’après le Prophète (saws), ni d’après ses compagnons. Aucun imam parmi les musulmans n’a recommandé ceci, ni les quatre imams, ni d’autres. Les compilateurs de recueils de hadiths de référence n’ont rien relaté à ce sujet, ni d’après le Prophète (saws), ni d’après les compagnons, ni d’après les tabi’ines, qu’il s’agisse d’un hadith authentique ou faible. Rien de tout cela n’existe dans les compilations des hadiths authentiques, ni dans les « sounans », ni dans les « mousnad ». Aucun de ces hadiths n’était connu durant les meilleurs siècles. En revanche, certaines personnes parmi les générations les plus récentes ont rapporté des hadiths à l’instar de : « Quiconque s’applique du khôl le jour de Achoura sera préservé de la conjonctivite pendant toute l’année » ou «Quiconque fait les grandes ablutions le jour de Achoura ne tombera pas malade cette même année » et autres.
Ils ont rapporté des mérites concernant la prière le jour de Achoura. Ils ont également rapporté qu’en ce jour de Achoura, Adam s’est repenti, l’arche (de Noé) s’est accosté sur le mont al-Joudy, Youssef a été rendu à Ya’qoub, Ibrahim a été sauvé du feu, et le sacrifié (Ismaïl) a été racheté par un bélier.
Ils ont rapporté un hadith forgé et mensonger disant que « Quiconque fait preuve de largesse vis-à-vis de sa famille, Dieu fera preuve de largesse vis-à-vis de lui pendant toute l’année ». Cette narration est un mensonge imputé au Prophète (saws). Il est connu qu’il s’agit de la narration de Sofiane ibn ‘Ouyayna d’après Ibrahim ibn Mohamed ibn al-Mountashir d’après son père qui dit : « Il nous est parvenu que quiconque fait preuve de largesse vis-à-vis de sa famille, Dieu fera preuve de largesse vis-à-vis de lui pendant toute l’année »[2] ».
Par ailleurs, cheikh al-islam dit que lorsqu’al-Housseïn fut assassiné injustement, gagnant par la même le martyre par lequel Dieu l’a honoré et l’a fait rejoindre les membres de sa famille, vertueux et purs, et par lequel Dieu a humilié ceux qui ont été injustes envers lui et qui l’ont agressé, cela a provoqué un mal entre les gens. Un groupe ignorant et injuste est apparu : soit mécréant et hypocrite, soit égaré, manifestant en apparence une loyauté envers al-Housseïne et sa famille, qui a fait de ce jour une cérémonie funèbre, un jour de deuil et de lamentations, manifestant des rites appartenant à l’ère du paganisme tels que l’autoflagellation, le déchirement des habits et les condoléances à la manière du paganisme.
Un groupe s’est opposé à ces derniers. Il s’agit soit des « nasibites » détracteurs d’al-Housseïn et de sa famille, soit des ignorants qui ont rendu la corruption par la corruption, le mensonge par le mensonge, le mal par le mal et l’innovation par l’innovation. Ils ont ainsi inventé des récits au sujet des rites exprimant la joie et la gaité le jour de Achoura, comme l’application du khôl et du henné, le fait de faire preuve de largesse vis-à-vis de la famille, les repas spécifiques et autres choses qui se font habituellement pendant les fêtes et occasions religieuses. Ils ont fait du jour de Achoura une occasion comme les occasions des fêtes et des cérémonies de mariage. Alors que les autres en ont fait un jour de deuil dans lequel ils manifestent la tristesse et le chagrin. Or, les deux groupes sont dans l’erreur, déviants de la Sunna[3].
Texte tiré du livre « taysir fiqh as-siyam » (simplification des règles du jeûne) de cheikh Youssef Al-Qaradawi
[1] – al-manar al-mounif fi as-sahih wa ad-da’if p 111 – 113 [2] – majmou’ al-fatawa d’Ibn Taymiya Tome 25/ 299 – 300 [3] – Idid 307 – 310
Le nom « hijra », du verbe « hajara » signifie émigration, exode. A chaque fois qu’un prophète exalta son peuple à adorer un Dieu unique sans rien lui associer, une partie adoptait une attitude belliqueuse envers ce dernier et l’excluait de sa ville.
C’est le 15 juillet 622 de notre ère que le verset de l’hégire fut révélé. Il incita les musulmans à quitter la Mecque pour s’installer à Médine. Cette date correspond aussi au début du calendrier musulman, l’an 1 de l’ère islamique.
Les musulmans quittèrent la Mecque en secret, seuls ou en groupes. Lorsque tous les croyants eurent quitté la Terre Sainte de la Mecque et s’installèrent en sécurité à Yathrib (Médine à l’arrivée du prophète), le prophète Mohammad reçut la révélation d’émigrer à son tour. Après avoir été traité de menteur et avoir été victime de calomnies pendant plus de 13 ans, la prescription divine d’émigrer fut une miséricorde d’Allah.
Les Qourayches furent hostiles au message de l’Islam. Ils persistèrent dans leur combat et leurs persécutions, ce qui provoqua une inertie du côté de la da’wa (invitation à l’Islam).
Pourtant les gens de la Mecque vivaient sur la Terre de la Révélation, ne fut-ce pas sur leur terre qu’Ibrahim proclama l’unicité d’Allah ? Bien que l’arrivée des prophètes chez eux ne leur soit pas étrangère, ils n’acceptèrent pas le message du prophète Mohammad.
L’épreuve fut de taille lorsque les habitants de Taïf et les tribus arabes environnantes ont refusé et rejeté l’aide sollicitée par le prophète (psl). Mais SoubhanAllah, la vague de conversion à Médine apporta un soutien non négligeable au prophète. D’ailleurs, de nombreuses délégations de Yathrib lui rendirent visite.
Cet exil marque l’étape la plus significative de l’histoire de l’islam. On assistera à l’essor d’un système de valeurs et d’idéaux qui parcourront les terres et traverseront les siècles.
L’islam est arrivé comme un souffle de vie à l’humanité entière.
I. La Hijra du prophète (psl) : un exode planifié
Tous les compagnons du prophète se trouvaient à Yathrib et l’attendaient avec impatience.
Pour quitter la Mecque, le Prophète dû préparer son départ avec prudence, discrétion et stratégie. Il entreprit donc un départ nocturne de la Mecque à Thawr (ville située au sud de la Mecque).
Accompagné d’Abu Bakr As-siddiq, ils séjournèrent dans une grotte de Thawr durant quatre jours entiers afin de n’éveiller aucun soupçon. Asmae et Abdallah, les enfants d’Abou Bakr, étaient chargés de rapporter des vivres et des informations à propos des intentions des Qoraychites qui tentaient de nuire au prophète.
L’envoyé d’Allah a donc été prévoyant en se protégeant de l’ennemi et en tentant de percevoir leurs stratégies pour pouvoir les contourner.
II. La notion du Tawaqqoul
L’exemple de la planification stratégique met en évidence le devoir d’analyse et de vision permettant à l’Homme de se projeter sur le court comme sur le long terme, en évaluant les risques et les dangers à éviter avant d’entamer toute entreprise.
Or, à l’idée de planification et d’organisation vient s’imbriquer la notion de Tawaqqoul.
Qu’est-ce que Attawaqqoul ?
Attawaqqoul traduit le fait de placer sa confiance en Allah tout en étant dans l’action et d’être sûr de son soutien à toute épreuve.
Les concepts de planification et tawaqqoul ne peuvent être isolés. Par exemple, dans la grotte, le sens du Tawaqqoul prit sa pleine signification lorsque le prophète (psl) dit à son compagnon « Ne t’attristes pas, Allah est avec nous ». Mohammad (psl) fit l’effort de se protéger et Allah le protégea.
Enfin, le croyant doit faire l’effort lorsqu’il se retrouve face à une épreuve et surtout placer sa confiance en Allah. En effet l’action de l’homme doit fusionner avec la confiance en Allah.
III. La notion de Sacrifice
Les Mecquois donnèrent toutes leurs richesses et des familles furent déchirées. Pour quelles raisons ? Pour l’amour d’Allah et l’envoyé d’Allah. Pour l’amour d’Allah et son messager ils préférèrent soutenir financièrement l’islam et abandonnèrent leur titre de noblesse. Abou Bakr Assidique, Omar Ibn AlKhattab et bien d’autres compagnons donnèrent tous leurs biens pour la cause d’Allah et de son messager. Ils étaient les nobles et les riches de Qourayches, face à leur amour pour Mohammad plus rien ne paraissait avoir de l’importance. Ils sont devenus les principaux soutiens financiers de cette cause.
Certains ont sacrifié leur famille pour la hijra. L’un des premiers émigrés fut Abou Salama qui dut malheureusement quitter la Mecque sans sa femme et ses enfants et dont la femme Oum salama fut complètement affligée par cet événement.
Voilà un exemple de famille qui fut marquée par le sacrifice.
Un autre exemple de sacrifice : Ali Ibn Abi Talib, qui n’hésita pas à dormir dans le lit du prophète alors que les Qourayches avaient planifié de tuer le prophète dans son sommeil cette nuit là. N’y -a-t-il pas un plus grand sacrifice que de donner sa propre vie ?
Hommes, femmes et jeunes se dévouèrent pour la cause d’Allah et de son messager.
VI. Médine : un espace d’épanouissement
L’envoyé d’Allah se tourna vers une nouvelle ère géographique, l’asphyxie à la Mecque cantonna les musulmans à une immobilisation du message de l’Islam.
C’est alors que le prophète (psl) décida de chercher un nouvel espace où les musulmans trouveraient la paix et pourraient vivre leur foi en toute liberté.
C’est alors que le prophète Muhammad trouva un nouvel espace où les musulmans étaient en paix et pouvaient vivre leur foi sans contrainte puisqu’ils étaient sous la protection des Ansars (population de Yathrib). Le prophète (psl) participa à la stabilité de Yathrib en réconciliant les Ansars entre eux et en intégrant les Mouhajirins.
Cette stabilité contribua à la construction et l’épanouissement d’une nation. Cette nouvelle nation islamique basée sur l’amour, la fraternité, la solidarité, le partage… constitua un nouvel ordre équilibré qui répandra des valeurs universelles.
Il est à noter que le nouveau système économique de cette nation basé sur la justice interdira l’usure qui favorisait de trop grandes inégalités entre les riches et les pauvres.
D’autre part naîtra à Médine (l’ancienne Yathrib) la première constitution que l’humanité ait connue dans laquelle on verra apparaitre les statuts personnels, les bases de citoyenneté, les droits et les devoirs de tous. Elle précisa aussi le devoir du musulman de ne pas persécuter ceux qui sont différents, de les consulter et les concerter pour le vivre ensemble. Cette constitution établit de règles sociales justes et équitables pour que l’Homme puisse vivre en harmonie dans son environnement. Ainsi, le prophète (psl) construisit une nation où le respect et les valeurs de citoyenneté se propagèrent dans l’espace et dans le temps.
IV. Que signifie pour nous l’Hégire, musulmans d’aujourd’hui ?
Le prophète s’est battu pour que les choses changent. Il est un puissant modèle de leadership. Il avait dans l’esprit d’accomplir la mission qu’Allah lui confia.
Malgré le rejet et l’arrogance de certains, il fit preuve de patience et d’endurance en toutes circonstances.
De Yathrib, qui deviendra Medinat Rassoulilah puis Almedina, Il présentera son message à l’humanité entière. Il sollicitera les tribus arabes, interpellera les peuples et s’adressera aux rois.
Le prophète (psl) trouva en Médine un lieu de paix, d’amour, de solidarité et d’union. Cette paix à Médine traduira et assurera un retour victorieux vers la Mecque.
La hijra nous concerne- t- elle ? Notre hijra est symbolique. Il n’y a pas de hijra après celle du prophète et de ses compagnons ; par contre notre hijra à nous consistera à s’éloigner et déserter tout ce qui déplait à Allah, biidniLah.
« Jamais je n’ai connu d’hospitalité aussi sincère, de fraternité aussi bouleversante que celles des hommes et de femmes de toutes races réunis sur cette vieille Terre Sainte, patrie d’Abraham, de Mohamed et des autres prophètes des Saintes Écritures. Jamais je n’ai été honoré comme ici. Jamais je ne me suis senti plus humble et plus digne.
L’Amérique a besoin de comprendre l’islam, parce que c’est la seule religion qui ignore le racisme. Ce pèlerinage m’a obligé à réviser certaines idées qui étaient miennes, à rejeter certaines conclusions auxquelles j’étais parvenu. Au cours des onze journées que j’ai passé ici, dans le monde musulman, j’ai mangé dans le même plat, bu dans le même verre, dormi dans le même lit (ou sur le même tapis) j’ai prié le même Dieu que mes coreligionnaires aux yeux les plus bleus, aux cheveux les plus blonds, à la peau la plus blanche. Dans leurs paroles comme dans leurs actes, les musulmans » blancs » sont aussi sincères que les musulmans » noirs « d’Afrique nigériens, soudanais, ghanéens. Nous sommes véritablement frères. Parce qu’ils croient en un seul Dieu, ils excluent toutes considérations de race de leur esprit, de leurs actes, de leurs comportements.
J’ai pensé en les voyant que si les blancs américains admettaient l’Unicité de Dieu, ils pourraient peut-être admettre l’unicité de l’homme et ils cesseraient de s’affronter, de nuire à autrui pour des raisons de couleur. Le racisme étant le véritable cancer de l’Amérique, nos » chrétiens » blancs devraient se pencher sur la solution islamique du problème ; solution qui a fait ses preuves, et qui pourrait peut-être intervenir à temps pour sauver l’Amerique d’une catastrophe imminente. Celle-la même qui s’est a abattue sur l’Allemagne raciste et qui finit par détruire les allemand eux-mêmes.
Chaque heure passe ici en Terre Sainte m’a permis de mieux comprendre le problème racial en Amérique. On ne saurait blâmer le noir pour son agressivité dans ce domaine. Il ne fait que réagir à quatre siècles de racisme conscient de la part des blancs. Mais si le racisme américain mène au suicide, je crois que les jeunes blancs de la nouvelle génération, ceux des universités, verront ce qui crève les yeux. Je crois que nombre d’entre eux opteront pour la vérité spirituelle. C’est le seul moyen qu’ait encore l’Amérique d’éviter le désastre. »
Peut-on jeûner le samedi le jour de Arafat sans le faire précéder d’un (autre jour de) jeûne ?
Le jeûne du jour de Arafat correspond cette année à un samedi. Jeûner ce jour-là pour les non pèlerins a deux mérites :
Il fait partie des dix premiers jours du mois de dhul hijja. Dans un hadith, le Prophète (paix et bénédiction sur lui) dit : « il n’y a pas de jours plus importants auprès d’Allah et au cours desquels les œuvres sont les plus aimées de Lui que durant ces dix jours. Ils demandèrent (les compagnonnons) : « même pas le jihad ? », il répondit : « même pas le jihad, sauf une personne qui est sorti avec sa richesse et ses biens et il n’est pas revenu » (c’est-à-dire qu’elle y perdrait sa vie et sa fortune) rapporté par Mouslim.
Le jeûne de ce jour a un mérite spécifique car il expie les pêchés de deux années, comme il a été rapporte par le Prophète (paix et bénédiction d’Allah sur lui) selon Abou Qatada : « j’espère la récompense d’Allah telle que ce jeûne (du jour de Arafat) efface tes péchés de l’année écoulée et ceux de l’année à venir » rapporté par Mouslim.
Les bonnes actions en ces jours bénis n’ont pas d’équivalence le reste de l’année, à savoir la lecture du Coran, le Dhikr, les invocations (pour soi, ses parents et sa communauté…), la demande de pardon, la glorification de Dieu, les prières (surtout les veilles nocturnes), l’aumône, la réconciliation entre les gens etc
Les musulmans sont invités à s’empresser d’accomplir toutes ces bonnes actions et à se concurrencer, car il n’y a rien de plus méritoire que la compétition dans le bien.
Jeûner le jour de Arafat un samedi ?
Pour certains savants, jeûner un samedi seul n’est pas autorisé, le Prophète (paix et bénédiction sur lui) a dit : « Ne jeûnez pas le samedi seul, sauf s’il s’agit d’un jeûne prescrit (obligatoire) » (rapporté par Ahmad et les auteurs des six recueils de la tradition prophétique (sunnan)).
Mais cette position n’est valable que si l’on jeûne un samedi sans raison juridique. Dans ce cas, il est seulement déconseillé par d’autres illustres savants. Par contre, si le jeûne est justifié par une occasion comme le jour de Arafat ou le jour de Achoura, ou par une habitude d’observer le jeûne un jour sur deux (le jeûne de Dawoud), dans ce cas-là, il est tout à fait permis de jeûner le samedi et cela ne pose pas de problème. Cependant il est préférable de faire précéder le jour de Arafat par un jour de jeûne.
Aux musulmans de redoubler d’efforts afin de profiter des bienfaits de ces jours bénis notamment le jour de Arafat, et de multiplier les bonnes œuvres et les invocations ce jour-là. Prions Allah de nous faciliter l’accomplissement de ces bonnes œuvres et de les accepter.
‘Ashoura correspond au dixième jour de Mouharrram. Conformément à plusieurs hadiths, il est fortement recommandé de jeûner ce jour là.
D’après Ibn Abbas (qu’Allah l’agrée), lorsque le Prophète saws a jeûné le jour de ‘Ashoura et a ordonné de le jeûner, ils ont dit: «Oh Messager d’Allah! Certes c’est un jour auquel les juifs et les chrétiens donnent de l’importance». Le Prophète saws a dit: «L’année prochaine, si Allah le veut, nous jeûnerons le neuvième jour». Ibn Abbas a dit: «L’année suivante n’est pas venue avant que le Prophète saws ne décède» (rapporté par Mouslim).
Dans cette vidéo, cheikh Moncef Zenati nous explique les véritables raisons et les différents niveaux de ce jeûne.
Quel est le statut légal du jeûne de ‘Arafa ? Quel est le mérite de ce jeûne ?
Le jour de ‘Arafa est le meilleur jour de l’année. Il correspond à un l’un des dix (premiers) jour de Dhû al-Hijja. Il a été rapporté que le Prophète (saws) a dit : « En jeûnant le jour de ‘Arafa, j’espère que Dieu – Qu’Il soit exalté – effacera les péchés commis durant deux années »
C’est un jour dont le mérite est incommensurable ; jeûner durant ce jour est généreusement récompensé.
Il est bien connu que ce jour est le 9ème de Dhû al-Hijja. Le musulman doit avoir l’intention de jeûner au minimum cette journée, s’il ne peut pas jeûner les huit jours qui le précèdent.
A chacun de nous son lot de péchés, d’erreurs, de négligences et de maladresses. Le jeûne de ce jour est une occasion pour les effacer et se purifier. Que l’homme blanchisse la page où sont consignées ses mauvaises actions.
Que le musulman s’empresse de jeûner le jour de ‘Arafa.
Quant au pèlerin, il ne lui est pas recommandé de jeûner durant ce jour, car il a besoin de forces pour implorer, invoquer et supplier Dieu.
Source : « Fatwâ Contemporaines »de Yusuf Al-Qaradawi – Edition Maison d’Ennour – Page 429.