Pendant que les chrétiens du monde célèbre la nativité de Jésus, l’Algérie fête les cinquante ans de son indépendance. Pour revenir sur ces deux évènements, Havre de Savoir a souhaité partagé avec ses lecteurs cet article paru dans la revue « le jeune musulman » (organe des jeunes de l’Association des Oulamas musulmans d’Algérie) paru le vendredi 2 janvier 1953 (sous l’occupation française). Certains passages sont toujours d’actualité, d’autres sont à remettre dans leur contexte. Bonne lecture :
« Voilà célébrée l’anniversaire de la nativité de Jésus Christ. Nous nous associons à cet heureux évènement avec la conviction des musulmans qui se savent liés au Christ par l’histoire et la spiritualité. Et nous souhaitons qu’en ce moment, ceux qui invoquent son nom sur terre, s’imprègnent plus que jamais de son message, si le vingtième siècle n’en a pas atténué la force.
Car, nous musulmans, ne sommes pas oublieux du message de Jésus, fils de Marie. Et nous ne saurions évoquer la sainte figure de ce prophète sans vénération et amour.
Nous aurions aimés que notre exemple pût inspirer les chrétiens, ceux d’entre eux qui méconnaissent le Prophète de Dieu Mohammad. Ceux qui reposent sur une obscure tradition de mépris à son égard ou de dérision. Nous les adjurons de se montrer plus équitables envers ce Prophète, au moins avoir transmis la plus claire et la plus pure image du Christ au quart de l’humanité.
En vérité, n’est-ce point Mohammad qui a le mieux compris et le mieux aimé Jésus ? Et qui pouvait le mieux comprendre et aimer que Mohammad, éclairé de l’esprit divin, purifié du fanatisme des adorateurs d’hommes, éloigné de la haine et de la malveillance des détracteurs ?
Le Prophète a bien entendu le message de Jésus. Et nous ne saurions ne pas l’entendre comme lui. C’est d’abord un appel à la spiritualité, dépouillés des souillures terrestres de la chair et de l’esprit. C’est aussi un appel à la douceur, à la fraternité, ce dont les hommes ne cessent d’avoir besoin.
Mais le Christ a aussi lutté, à sa manière, contre les puissances du mal telles que l’amour excessive de l’argent, l’égoïsme et l’injustice. Contre les pharisaïsmes coupables d’agir à l’encontre de ce qu’ils prêchent, c’est-à-dire, contre les moralisateurs qui favorisent le vice, contre ceux qui étouffent les cris des humbles et des innocents.
Il est temps que les chrétiens répondent au Christ. Il est temps qu’ils entendent sa parole : « Tu aimeras ton prochain », si du moins cette notion de « prochain » ne s’est pas terriblement rétrécie à mesure que l’humanité s’est « gonflée ».
Le spectacle affligeant du monde actuel est que la chrétienté a coûté beaucoup de sang, beaucoup de souffrances et de larmes aux autres communautés humaines. Est-ce qu’elle va traîner longtemps le remords de ses péchés et de ses erreurs ? Ou bien ne parvient-elle guère à convaincre les autres hommes de son « idéal de fraternité universelle et d’amour » ?
Ce qui nous réconforte, c’est que le monde islamique se réveille avec la décision de faire valoir sa mission de justice et de paix. Paix juste : voilà peut-être la vrai définition de l’islam. Et n’est-ce pas de même la pensée fondamentale de Jésus Christ ?
Nous pouvons nous réjouir de ce que notre religion associe fermement le message du Christ à celui de Mohammad. Puises « les autres » ne pas oublier ce trait de l’islam et lui en savoir gré ! »