Comprendre l'Islam

La Religion : un besoin pour l’Homme (5/5)

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La société a besoin d’entraide et de cohésion

La religion joue un rôle primordial dans la consolidation des relations entre les Hommes, en les considérant tous comme les serviteurs d’un Seul Maître qui les a créés, et les enfants d’un seul père qui les a engendrés ; sans oublier la fraternité religieuse et les liens de foi qu’établit la religion entre eux : « Les croyants ne sont que des frères. » (49 : 10)

Cette fraternité religieuse a un impact sur les âmes et la vie au point de trouver l’un d’eux aimer pour son frère ce qu’il aime pur lui-même. Plus encore, au point de préférer son frère à sa propre personne, même si lui-même était dans le besoin.

Dr. Cheikh Mohammad `Abd Allah Draz dit dans son livre Ad-Dîn (la religion) : « Il n’est pas nécessaire d’attirer l’attention sur le fait que la vie en société ne peut s’établir que par l’entraide de ses individus. Cette entraide ne peut s’accomplir que par des lois qui organisent ses différents rapports et déterminent ses droits et ses devoirs. Ces lois ne pourraient se passer d’une autorité qui garantit leur respect et empêche leur transgression ».

Il s’agit là de principes établis, en parler n’est que répétition lassante.

La question, toute la question est, quelle est cette force qui dissuade ou qui pousse à agir ?

Ce que nous voulons affirmer à cette étape de l’étude, c’est qu’il n’existe sur terre aucune force équivalente à la force de la religion ou qui pourrait même s’y rapprocher, à même à garantir le respect des lois, à assurer la cohésion de la société et la stabilité de son organisation, et à y consolider les sources du repos et de la quiétude.

Le secret est que l’être humain se distingue des autres êtres vivants par le fait que ses mouvements, ses agissements volontaires sont commandés par une chose qui n’est pas imperceptible par son ouïe et sa vue, qui ne se trouve pas entre ses mains, ne coule pas dans ses veines, ne circule pas dans ses muscles et nerfs, à savoir, une notion spirituelle, appelée pensée ou croyance. L’être humain est en permanence captif de cette pensée et croyance.

Certains se sont trompés en inversant cette réalité, pensant que la pensée et la conscience n’ont aucune influence sur la vie matérielle et économique. Au contraire, la pensée et la conscience sont influencées par celle-ci. Cette idée marxiste est avant tout un rabaissement de l’être humain. Elle le fait descendre du trône de sa dignité et le rabaisse au niveau de l’animalité. D’autant plus qu’il s’agit d’une représentation inversée des vérités formellement établies et observées dans le comportement des individus et des groupements à travers le temps. En effet, pour que les gens choisissent de vivre une vie matérialiste ne laissant la place ni au cœur ni à l’âme, il faut tout d’abord qu’ils se persuadent que leur bonheur réside dans ce type de vie. Ainsi, l’Homme est constamment commandé par une pensée : bonne ou mauvaise. Si sa croyance est bonne, tout sera bon en lui, et si elle est corrompue, tout ce qu’il y a en lui sera corrompu.

Oui, l’homme est guidé par son intérieur et non pas par ce qui est extérieur à lui. Ni les lois des groupes, ni l’autorité des Etats ne suffiraient à elles seules d’établir une cité vertueuse dans laquelle les droits seront respectés et les devoirs acquittés d’une manière parfaite. En effet, celui qui s’acquitte de son devoir sous la contrainte du fouet, de la prison et de l’amende, ne tarde pas à le négliger dès qu’elle s’assure d’échapper aux mailles des lois.

Il serait une erreur de penser que la diffusion des sciences et des cultures suffisent pour garantir la paix et la prospérité, à la place de l’éducation religieuse et éthique. En effet, la science est une arme à double tranchant : elle sert à construire mais aussi à détruire. Pour bien l’utiliser, l’existence d’un gardien éthique bienveillant qui l’oriente vers le bien de l’humanité, et non pas vers le mal et la corruption, est nécessaire. Ce gardien bienveillant est la croyance et la foi [1].

Les propos de Mohamed ‘Abdouh 

Dans son livre risalat at-tawhid (le message du monothéisme), le professeur Mohamed ‘Abdouh démontre, à plusieurs égards, que la prophétie et le message divin sont un besoin pour les êtres humains, que le message divin est pour le genre humain ce qu’est la raison pour l’individu, et que les êtres humains ne pourraient en aucun cas se passer de la guidance de Dieu. C’est pourquoi, Dieu leur envoya des messagers annonciateurs et avertisseurs : « Il n’est pas une nation qui n’ait déjà eu un avertisseur. » (35 : 24). Il confirme ceci dans son exégèse de la sourate al-fatiha, en commentant le verset « Guide-nous dans le droit chemin » (1 : 6), où il indique que les gens ont besoin de la guidance de Dieu, comme le relate son élève Mohamed Rashid Rida dans son exégèse al-manar.

Il revient à cette notion dans le commentaire de la parole divine clôturant l’exposition des règles de l’héritage : « Tels sont les ordres d’Allah. Et quiconque obéit à Allah et à Son messager, Il le fera entrer dans les Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement. » (4 : 13). Il dit, que Dieu lui fasse miséricorde :

« L’obéissance au Messager est l’obéissance à Dieu elle-même, car il ne nous ordonne que ce que Dieu lui a révélé relevant de nos intérêts dans lesquels réside notre bonheur ici-bas et dans l’au-delà. Dieu a mentionné l’obéissance au Messager avec l’obéissance à Dieu car certains, avant le judaïsme et après, et aussi après l’islam jusqu’aujourd’hui, croyaient que l’être humain pouvait par sa raison et sa science se passer de la révélation. L’un d’eux disait : Je crois que ce monde a un créateur, omniscient et sage, mais j’agis en fonction de ce que ma raison juge bien ou mal. Or, ceci est une erreur, et si ceci était vrai, l’être humain n’aurait pas eu besoin des messagers. Nous avons dit précédemment dans l’exégèse de la sourate al-fatiha, que l’Homme a besoin, de par sa nature, de la guidance de Dieu, et que cette guidance est la quatrième forme de guidance que Dieu a octroyé à l’être humain après la guidance de l’instinct, des sens et de la raison. La raison, de tout temps, n’a jamais était suffisante pour guider une nation et l’élever sans l’aide de la religion. »

Objection et réponse 

En commentant les propos Mohamed ‘Abdouh, Rashid Rida évoque dans son tafsir al-manar, une opposition de certains sceptiques et athées et y répond d’une manière exhaustive. Il dit, que Dieu lui fasse miséricorde :

« Les sceptiques et les athées répondent à ceci en disant : Nous voyons un grand nombre de gens qui, bien qu’ils ne soient pas religieux, jouissent d’un très haut niveau de pensée et de bienséance, et accomplissent des bonnes œuvres bénéfiques à eux et aux gens. Au point où tout être doué d’intelligence loin du chauvinisme religieux souhaite que tous les gens soient comme eux. Un grand nombre de philosophes œuvrent même pour faire en sorte que les nations soient à l’image de ces individus dans leur bienséance et leur élévation.

Je réponds à cela par :

Premièrement :  Nous sommes en train de parler de la guidance des groupements humains tels que les peuples, les tribus et les nations dont le développement réalise la notion d’humanité dans leur vie sociale, qu’ils soient bédouins ou citadins. Or, l’histoire nous apprend que toute civilisation humaine a été fondée sur les bases d’une religion, y compris les civilisations idolâtres telles que les égyptiens antiques, les caldéens, les grecques… Le Coran nous apprend qu’il n’est pas une nation qui n’ait déjà eu un messager de Dieu pour la guider. Nous voyons donc que ces religions polythéistes ont toutes une origine divine. Puis, le polythéisme s’est introduit aux adeptes de ces religions jusqu’à dominer leur fondement originel, comme il s’est introduit aux adeptes des religieux après eux, dont le fondement s’est maintenu dans sa totalité ou partiellement, d’une manière catégorique ou conjecturale. Or, les êtres humains ne possèdent aucune religion dont l’histoire a préservé les fondements d’une manière complète à l’exception de la religion musulmane. En plus, ses livres ont retranscrit la façon dont le polythéisme, manifeste et subtil, s’est introduit chez un grand nombre d’adeptes des autres religions comme le christianisme, les religions ésotériques et autres, parmi ceux qui furent dominés par l’interprétation ou l’ignorance, au point de trouver de nos jours des gens appartenant à l’islam qui ne connaissent de ses règles que peu de choses qui les distingueraient de leurs voisins, comme la permission de la consommation de la chair bovine en Inde, la façon de se marier ou d’enterrer les morts dans certaines régions de la Russie !! Quiconque prend conscience de cela, ne s’étonne pas comment les religions monothéistes se sont transformées en religions polythéistes.

Ainsi, le fait de suivre les messagers et la guidance de la religion sont fondamentaux pour toute civilisation, car l’élévation morale pousse à l’élévation matérielle. Le philosophe Herbert Spencer soutient que les bienséances et les vertus des nations, qui sont les fondements de leur civilisation, se reposent sur la religion et sont fondés sur la base de celle-ci. Il affirme que certains savants tentent d’écarter ces bienséances et vertus de leur fondement religieux pour les fonder sur la base unique de la science et de la raison. Or, précise-t-il, les nations qui subissent cette transformation, sombrent dans cette phase de transformation dans un désordre moral dont elles ignorent les conséquences et dont la nuisance n’est pas délimitée. Voilà le sens de ses propos dans l’un de ses ouvrages. Par ailleurs, il dit, lors d’un échange avec Mohamed ‘Abdouh : La vertu s’est levée du peuple anglais et s’est affaiblie au cours de ces dernières années du fait que la cupidité matérielle s’est considérablement renforcée.

Or, nous savons que la nation anglaise est l’une des nations les plus attachées à la religion, tout en ayant une civilisation plus avérée et un progrès plus général, car la religion est le fondement de la civilisation grâce à l’esprit des vertus et des bienséances qu’elle contient. Mais, la civilisation européenne est loin de l’esprit de la religion chrétienne, à savoir, le renoncement aux biens matériels, au pouvoir et à l’ornement de ce bas-monde. Si ce n’est la prééminence de certaines valeurs des Evangiles sur ces nations, elles auraient commis des excès dans leur civilisation matérielle ; un excès qui ne laisserait place  à aucune œuvre de bienfaisance. Leur civilisation aurait été rapidement anéantie. Et quiconque dit : plus une civilisation est loin de la religion, plus elle est proche de sa décadence et sa perte, ne se serait pas trompé dans le jugement et ne serait pas loin des règles de la sociologie.

L’essentiel de cette réponse à cette objection est que l’existence d’individus vertueux irréligieux ne remet pas en cause les propos de Mohamed ‘Abdouh, à savoir que la religion est la quatrième forme de guidance pour les Hommes, qui le mène vers la perfection civile dans ce bas-monde, comme elle le mène à la félicité dans l’au-delà.

Deuxièmement : On ne peut affirmer que l’individu athée que l’on voit doté d’un haut niveau de pensées et de bienséances ait grandi dans l’athéisme et a été éduqué selon l’athéisme depuis son jeûne âge, pour dire qu’il se soit passé en cela de la religion, car nous ne connaissons aucune nation qui éduque ses enfants dans l’athéisme. Nous savons au contraire que certains athées considérés parmi l’élite de leur peuple, étaient, dans leur jeunesse parmi les plus religieux et parmi ceux qui se tenaient le plus aux bienséances et au vertus de leur religion, puis l’athéisme est survenu plus tard dans leur vie, après l’étude approfondie de la philosophie  qui contredit certains fondements de cette religion selon laquelle il ont grandi.

La philosophie peut changer certaines conceptions et idées de l’être humain, mais elle ne contient pas ce qui pourrait enlaidir les vertus et les bienséances religieuses, ou ce qui déposséderait l’être humain de ses facultés et de ses qualités morales profondément ancrées en lui. L’athéisme prend le dessus sur certaines valeurs religieuses comme le fait de se contenter des biens licites. Il lui enjolive alors le fait de s’enrichir même par les moyens illicites tels que la transgression des droits d’autrui, les jeux de hasard, à condition de se garder de ce qui nuirait à sa réputation et de ce qui pourrait le jeter en prison. De même, en ce qui concerne le contrôle et la maitrise de ses passions, l’athéisme lui permet les turpitudes tant qu’il ne contrevient pas aux règles précédentes. Ceci concerne celui qui jouit d’une élévation au niveau de la pensée et des bienséances, quant à celui qui ne connait pas cette élévation, rien ne l’empêchera de commettre la corruption sur terre à l’exception de la force répressive et dissuasive.

Si les pays européens n’avaient pas établi des  groupes pour maintenir l’ordre et préserver les droits de manière la plus organisée (police et gendarmerie), et s’ils ne s’aidaient pas des armées en cas de besoin, personne n’aurait respecté ni la dignité ni les biens d’autrui. L’anarchie et le désordre se répandraient dans les pays, alors que les dignités et les biens étaient préservés dans les nations sans l’existence de ces forces d’ordre, à l’époque où la religion était respectée dans ses lois et bienséances. Cela prouve que l’obéissance à Dieu et à Ses messagers est indispensable pour garantir le bonheur dans ce bas-monde » [2]

Témoignage de l’Histoire et de la réalité 

Les expériences de l’Histoire et celles de la réalité témoignent manifestement du besoin fondamental de la croyance dans la vie et de sa nécessité pour l’Homme. Il s’agit d’une nécessité pour l’individu pour connaître la quiétude, le bonheur et l’élévation de son âme, d’une nécessité pour la société afin d’assurer sa stabilité, sa cohésion et son progrès.

Le professeur al-`Aqqâd dit : « Les expériences de l’Histoire démontrent le besoin fondamental de la religion dans tous les grands mouvements de l’Histoire. Elles ne permettent à personne de prétendre que la croyance religieuse est une chose que le groupe peut supprimer, ou que l’individu peut s’en passer dans son rapport à ce groupe, ou dans son rapport à son entourage, y compris aux gens les plus proches de lui.

L’histoire nous répète qu’aucun des facteurs qui régissent les mouvements humains n’a jamais eu un impact aussi fort et aussi grand que le facteur de la religion. Dans la mouvance des nations, la force des autres facteurs, en dehors de celui de la religion, varie en fonction de la similitude existante entre ces derniers et la croyance religieuse quant à l’enracinement des sentiments authentiques et des pensées les plus intimes.

Cette force ne peut être égalée par aucune autre force, qu’elle soit tribale, nationale, morale ou émanant de l’usage et des lois, car ces forces concernent le lien existant entre l’individu et son pays, entre lui et sa société, entre lui et son genre, en fonction de la multitude des pays et des peules.

Quant à la religion, elle renvoie au rapport de l’individu à l’existence toute entière, et son champ englobe toutes les choses existantes : apparentes ou cachées, manifestes ou secrètes, passées ou futures, à l’infini. Cela constitue, au minimum, le champ de la croyance religieuse dans ses idéaux sublimes  et dans ses finalités suprêmes, même si l’esprit des religieux ne l’ont pas assimilés à toutes les époques.

Parmi les preuves tirées de la réalité prouvant que la religion est un besoin fondamental : tu perçois ce besoin fondamental en comparant le groupe religieux et le groupe qui n’a aucune religion ou qui ne se tient pas fermement à la religion.

Tu perçois également cette nécessité en comparant l’individu adhérant à une croyance globale et un individu qui n’a pas de conscience, instable au niveau des sentiments, avançant dans la vie sans un pilier central auprès duquel il pourrait se réfugier, et sans espoir auquel il pourrait aspirer.

La différence entre les deux  groupes, et entre les deux individus, est comparable à la différence entre un arbre fortement enraciné et un arbre totalement déraciné !

Il arrive rarement que tu vois un être dont la conscience est inactive, jouissant d’une part de force et de grandeur sans l’imaginer plus fort et plus grand si la foi habitait son âme à la place de l’inaction et de la perplexité » [3]

 

D’après madkhal lima’rifat al-islam (introduction à la connaissance de l’islam) de cheikh Youssef al-Qaradawi

[1] – ad-din (la religion) de Dr. Draz p 98 – 99
[2] – tafsir al-manar tome 3, p 428 – 431
[3] – haqa-iq al-islam wa abatil khousoumih p 15 – 16

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