Comprendre l'Islam

La religiosité artificielle – par cheikh Mohamed al-Ghazali

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Il n’y a pas plus obligatoire pour nous – alors que notre religion est la religion qui correspond parfaitement à la nature humaine – d’ôter le voile des vérités amères dont la falsification s’est répandue entre les gens. La confusion suscitée par cette falsification a induit les gens en erreur. Avec les jours, elle a acquis une sorte d’accoutumance et d’acceptation qui a failli faire abstraction de la valeur de la vérité en soi, et altérer sa quintessence pure par les pires formes de déformation et d’altération que l’être humain puisse imaginer.

Notre religion est la religion qui correspond à la nature humaine. Cependant des gens dont les âmes sont retombées dans leurs desseins les plus vils, qui ne se sont liés à leur bas-monde que par le plus bas de ses niveaux, ont insisté pour imposer à la religion de Dieu, par leur état, en prenant de ses enseignements l’ultime le couvercle qui n’a été instauré que pour conserver ce qui se trouve de l’autre côté, et cerner les mérites et les qualités de perfection se trouvant derrière celui-ci. Ils prennent ce couvercle et l’arrachent des plus belles merveilles qui le portaient, et l’utilisent pour habiller leurs âmes malades, cachant en dessous de celles-ci, des tas de passions et de futilités, puis sortent aux gens en trompant les simples d’esprit et les naïfs avec des aspects d’une religiosité artificielle et des formes de faux scrupule.

Ils n’ont ni religion ni dévotion. Ne te laisse point leurrer par des mains portant des chapelets. Si la terre était intelligente, elle aurait aimé ne pas les contenir, l’observateur n’y verra plus alors aucune silhouette.

Il ne faut pas faire preuve d’indulgence à l’égard de ce type de créatures, car ils sont une catastrophe pour la religion et ses adeptes.

Silence et silence

Je veux maintenant distinguer entre plusieurs aspects sous lesquels se sont manifestés à nous ces « religieux », et les enseignements de l’islam pour que Dieu fasse triompher la vérité et anéantir le mensonge en dépit de la répulsion des criminels.

Le silence est une bienséance pour l’âme. Le Coran l’a commandé et la Sunna l’a ordonné. Il n’y a en cela aucun doute. Mais de quel silence s’agit-il ? Il s’agit de se garder des futilités pour se consacrer au labeur de la vie ; se garder des frivolités par lesquels les nations tuent leur temps et qui provoquent leur mort. Voici le silence que connaît la saine nature établie par Dieu. Quant au silence qui n’est pas plus qu’une sorte d’inaction fautive, de fuite de la participation dans les domaines de la vie, et de renoncement à assumer les conséquences de l’action ; quant au silence derrière lequel certains se réfugient pour parfaire la beauté de la sérénité et pour se garder, par arrogance, de se mélanger aux autres…, il s’agit là d’un silence qui caractérise les natures mortes qui souhaitent l’utiliser comme monnaie dans les marchés de la religion.

Humilité et humilité

Il est demandé au croyant de faire preuve d’humilité et de douceur. Les nobles caractères de cette religion appellent ses adeptes à s’enjoindre mutuellement les plus hauts degrés de la miséricorde, de la tendresse, du pardon et de la douceur. Ainsi, le musulman se doit d’être docile et non pas coléreux. A partir de là, le musulman se doit d’être docile et non pas acrimonieux. Nous devons, ici, faire comprendre aux ignorants que cette douceur ordonnée n’est autre qu’une implication de la force de la foi qui ne s’incline pas face à l’injustice, et qui répond à la mauvaise action par une action équivalente. Ainsi, ceux qui courbent le dos pour que d’autres les montent au nom de la religion, et sous prétexte qu’ils sont des gens bons, la meilleur chose que l’on puisse leur dire :

Si les gens pieux sont imbéciles et ne comprennent rien, alors les ânes qui subissent l’humiliation sont pieux !

Que ces gens partagent certaines caractéristiques des animaux, mais qu’ils prennent garde de commettre ceci au nom de la religion.

Ascétisme et ascétisme

Ce qui caractérise les faux dévots de la manière la plus évidente, c’est le fait de manifester l’ascétisme dans la vie et le renoncement à ses parures ; se faire connaitre pour le fait de se priver de ses biens et de ses plaisirs. A mes yeux, ce renoncement (zuhd) est un double crime. Premièrement, ces gens ménagent leur nature cupide. Deuxièmement, ils comprennent mal la religion qu’ils veulent fabriquer. En réalité, ils renoncent au peu afin de se procurer des intérêts plus nombreux avec des limites beaucoup plus vastes. Ils sont les proies les plus faciles de ce bas-monde et de sa jouissance trompeuse, bien qu’ils insistent sur ce par quoi ils aimeraient se faire connaître.

Et puis nous nous posons cette question : qui a dit que la religion interdisait la parure de Dieu qu’Il a produite pour Ses serviteurs, ainsi que les bonnes subsistances ? Personne ! Et combien de personnes ornées sont plus attentives à leur au-delà plus que ceux qui se détournent des parures. Et combien de personnes parmi ces prétendants ascètes voient mourir en elles leur ambition avant et après la mort de la même façon.

Le fond et l’apparence

A chaque fois que les gens s’égarent de la vérité, ils s’en réclament d’une manière irréfléchie. Il est étonnant de voir un grand nombre de gens perdre l’esprit de l’islam, tout en insistant sur la préservation de son corps, ou plutôt d’une image de son corps, comme ils l’imaginent et non pas comme il est réellement. Les adeptes de la religiosité artificielle s’empressent vers ce dont l’accomplissement est facile, compatible avec leur nature métamorphosée, parmi des formes de vêtements, d’actes d’adoration ou d’apparences. Que les musulmans se gardent de voir ces groupes s’infiltrer dans leur rang, et qu’ils sachent que la religion se résume en deux mots : « Crois en Dieu, puis sois droit ».

Mohamed al-Ghazali
Min maqalat Mohamed al-Ghazali, 4/18

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