Ramadan

Le mois du Ramadan est terminé. N’est-ce pas l’heure, pour nous, croyants, d’en dresser le bilan ?

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La pratique religieuse, au-delà de son aspect mécanique, vise essentiellement la perfection humaine, la pureté morale et spirituelle. Comme le rappelle le prophète Muhammad dans ces deux hadiths – entre autres – : « celui qui ne s’abstient pas de proférer des paroles mensongères, Dieu n’a nullement besoin qu’il se prive de nourriture et de boisson », « Allah ne regarde ni vos apparences physiques ni vos formes, mais Il regarde vos cœurs et vos œuvres ».

La réforme intérieure est avant tout donc, la visée essentielle des enseignements et pratiques islamiques et particulièrement le Ramadan.

Ce que retiennent, souvent, nos concitoyens du Ramadan, ce sont ses aspects extérieurs les plus médiatisés, c’est-à-dire s’abstenir de manger et de boire…qui ne sont, pourtant, qu’un aspect de cette pratique…

Le mois du Ramadan est d’autant plus important que nous vivons actuellement dans une ère planétaire, marquée par l’instantanéité, l’immédiateté, la surabondance… Notre modernité qui « a placé l’homme au centre de l’univers et coupé tout lien avec la transcendance » a dressé ainsi une certaine forme de cloison entre ciel et terre.

Face à cette absence de sens, le Ramadan est là pour nous rappeler la quintessence du message islamique, et même de l’existence tout court : la reconnaissance de l’Unicité divine.

Le Ramadan nous rappelle que notre vie ne peut se limiter aux choses quantifiables et mesurables et que notre for intérieur nous appelle à plus de dépassement, de « transcendance ». Comme le rappelle E. Morin, « Si la modernité se définit comme foi inconditionnelle dans le progrès, dans la technique, dans la science, dans le développement économique, alors cette modernité est morte ».

Les idoles de nos jours, ce ne sont plus les statues d’hier, mais plutôt l’ego surdimensionné, l’argent, les désirs, le consumérisme, le marché, etc. qui façonnent autant nos esprits qu’ils détournent notre regard de l’Essentiel et pèsent sur nos sentiments.

« Ne vois – tu pas celui qui a fait de sa passion sa divinité ? » interpelle le Coran.

Même s’il est important d’entretenir nos corps, force est de reconnaître qu’il est encore plus urgent de nourrir nos âmes et nos esprits dont la soif devient de plus en plus cruciale et parfois inquiétante.

Le Ramadan nous appelle ainsi à cultiver les valeurs immuables qui fondent notre humanité et dont on a plus besoin encore aujourd’hui : la modestie, la générosité, la fraternité humaine, l’altruisme, la tolérance…De même qu’à lutter contre nos faiblesses et carences : l’égocentrisme, l’hypertrophie du moi, l’aveuglement, l’arrogance, le dogmatisme, etc.

L’être humain est par nature faible et la pratique de l’auto-examen permanent est nécessaire. Ce dialogue intérieur, avec soi est primordial afin de rester sur le chemin de la perfection et d’espérer le bonheur dans ce bas monde et la félicité dans la vie dernière.

Le Ramadan nous appelle enfin à dépasser les apparences, les voiles, les pesanteurs mondaines et à pénétrer l’essentiel, avec la certitude « qu’au-delà des illusions égotiques, des leurres sociaux et des vicissitudes du temps », se trouve Un et Un seul Créateur que le musulman tente de se rappeler souvent à travers ses actes visibles et invisibles.

El Hadji Babou BITEYE, Enseignant.

Source : http://www.uoif-online.com/v3/spip.php?article1009

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