Lors de l’une de ses visites à la Mecque, pendant son sommeil, le prophète Ibrahim (Abraham), que la Paix de Dieu soit sur lui, se vit dans son rêve en train d’immoler son fils. Il savait pertinemment que les rêves des prophètes sont vérité, ils ne sont pas sujets à l’erreur et Satan ne peut pas s’y introduire.
Il décida alors d’exécuter l’ordre de Dieu sans hésitation. Dieu dit en relatant cette extraordinaire histoire : « Et il dit : « moi je pars vers mon Seigneur, il me guidera. Seigneur fais-moi don d’une progéniture d’entre les vertueux. Nous lui fîmes donc la bonne annonce d’un garçon indulgent. Puis quand celui-ci fut en âge de l’accompagner, Ibrahim dit : « Ô mon fils, je me voit en songe en train de t’immoler. Vois donc ce que tu penses » » (37 : 99 – 102)
Arrêtons-nous un moment : pourquoi Ibrahim a-t-il consulté son fils Ismaïl, que la Paix de Dieu soit sur eux deux ? Il pouvait s’approcher d’Ismaïl alors que celui-ci dormait, puis l’immoler pendant son sommeil exécutant ainsi l’injonction divine !
Cette attitude nous enseigne que le père musulman ou la mère musulmane doit s’employer à faire participer l’enfant à la bonne œuvre et à l’associer dans la récompense divine. Ibrahim, que la Paix soit sur lui, n’a pas voulu se réserver l’exclusivité de la récompense.
Il y a en cela un immense enseignement aux parents : Tenez à associer vos enfants dans la récompense divine. Lorsque vous voulez donner une aumône, confiez-la à votre enfant et laissez-le la faire à votre place. Lorsque vous assistez à des cours dans la mosquée ou à une conférence, tenez à ce que vous enfants vous accompagnent. Beaucoup de parents assistent à des cours, à des conférences et à la Prière collective alors que les enfants sont, dans le meilleur des cas, à la maison. Les parents s’instruisent alors que les enfants sont dans une profonde ignorance. Les enfants ne partagent rien avec les parents, ni instruction ni récompense. Aussi, insistez sur ce partage en prenant Ibrahim, que la Paix soit sur lui, comme modèle.
Ibrahim, que la Paix soit sur lui, nous apprend également le sens de la consultation. Le père ne doit pas agir en tyran en imposant ses décisions. Il doit associer toute la famille pour que la décision soit celle de tous.
L’attitude du fils ne fut pas moins extraordinaire que celle du père : « Ô mon cher père ! Fais ce qui t’est commandé » (37 :102). Ismaïl sait parfaitement que le rêve des prophètes est une forme de révélation. Il n’hésita donc pas. Il ne dit pas : « Mais pourquoi ? Qu’ai-je fait ? Laisse-moi réfléchir, il s’agit de ma vie ! » C’est la soumission parfaite et totale, avec volonté, à la volonté de Dieu. Il n’a même pas dit : « Fais de moi ce qui t’es commandé », il a juste dit : « Fais ce qui t’es commandé » oubliant ainsi sa propre personne devant l’ordre de Dieu. La priorité est à l’ordre de Dieu, ma personne n’est que secondaire. « Fais ce qui t’est commandé » : exécute l’ordre de Dieu et ne pense pas à moi.
« Tu me trouveras, si Dieu le veut, du nombre des endurants » (37 : 102). Cette phrase renferme une énorme modestie et un parfait respect vis-à-vis de Dieu. Il n’a pas dit : « Tu me trouveras du nombre des endurants », car quel que soit la foi de l’être, il ne doit pas tomber dans l’autosatisfaction et l’extrême considération de soi. Ne sois pas imbu de ta science ni de tes compétences ! Attribue le tout à Dieu, car Tout appartient à Dieu.
Le père et le fils décidèrent alors d’exécuter l’ordre divin et de passer à l’acte. Le fils suggéra alors à son père de placer son visage vers le sol pour éviter que le père ne soit pris de pitié en voyant le visage de son fils. Le père fit ce que son fils lui suggéra. Dieu dit à ce sujet : « et il le jeta sur le front » (37 :103).
Ibrahim, que la Paix soit sur lui, prit le couteau, le posa sur la nuque d’Ismaïl et le tira vers lui, mais le couteau ne coupa pas.
Ibrahim réessaya alors en appuyant sur la nuque d’Ismaïl pendant qu’Ismaïl dit : « Coupe plus fort, père ! » Les deux tenaient tellement à exécuter l’ordre divin !
Ibrahim insista, mais le couteau ne coupa pas, de même que le feu ne brûla pas. Le couteau ne coupe qu’avec la permission de Dieu, et le feu ne brule qu’avec la permission de Dieu. C’est Dieu qui a donné au couteau le pouvoir de couper et au feu le pouvoir de brûler, et Il est capable de leur ôter ce pouvoir quand Il le veut.
Ibrahim et Ismaïl, que la Paix de Dieu soit sur eux, réussirent l’épreuve. L’objectif n’était pas l’immolation du fils. L’objectif était la réalisation de la soumission totale et parfaite, avec volonté, à la volonté de Dieu. Dieu dit : « Puis, quand tous deux se furent parfaitement soumis à l’ordre de Dieu et qu’il l’eut jeté sur le front. Voilà que Nous l’appelâmes « Ibrahim » ! Tu as exécuté la vision. C’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants. C’était-là certes l’épreuve manifeste » (37 : 103 – 106) Dans toute l’histoire de l’humanité, ce fut effectivement la plus grande épreuve qu’a pu connaitre un père au sujet de son fils. Qui donnerait la totalité de ce qu’il possède si on lui demandait d’en faire une aumône ? Que dire alors si on lui demandait de sacrifier et d’immoler son fils ? Que dire alors s’il s’agissait de son fils unique ? Que dire alors si ce fils unique est arrivé après 86 ans d’attente ? Que dire alors si les porteurs de cette nouvelle sont les anges ? Que dire alors si c’est Dieu Lui-Même qui le qualifia d’indulgent ?
Dieu dit : « Et nous le rançonnâmes d’une immolation généreuse » (37 : 107), un mouton corné qui a brouté quarante ans dans le Paradis, comme le décrit Ibn ‘Abbas, que Dieu l’agrée.
« Et Nous perpétuâmes son renom dans la postérité. Paix sur Ibrahim » (37 : 108) C’est ainsi qu’Ibrahim exécuta l’ordre et qu’Ismaïl s’y soumit.
Depuis, sacrifier une bête pour Dieu le jour du sacrifice est devenu une tradition commémorant le sacrifice d’Ibrahim, que la Paix soit sur lui. Il ne s’agit pas d’un simple mouton qu’on immole ni de viande que nous allons consommer. La fête du sacrifice est une revivification de deux sens primordiaux :
– Le sens de la soumission avec volonté à la volonté de Dieu en s’acquittant de Ses injonctions et en s’écartant de Ses interdits.
– Le sens du sacrifice : Ibrahim, que la Paix soit sur lui, était prêt à sacrifier son fils unique. Et toi, quel sacrifice es-tu prêt à faire pour servir l’islam ? Quel sacrifice as-tu déjà fait ? Donnes-tu suffisamment de ta personne, de ton temps et de tes biens pour servir ton Seigneur, et en le servant, tu serviras toute l’humanité. C’est la fête du sacrifice que nous célébrons et non pas de la fête du mouton !
Moncef Zenati
1 Comment
Meilleure contribution !!! Bravo !!!