La femme musulmane représente l’objet de tous les fantasmes en Europe, tout particulièrement en France.
Stigmatisée de toutes parts, des représentants politiques aux donneurs de leçons tous bords confondus en passant par les médias: la femme musulmane serait de surcroit une femme « soumise », considérée comme une « mineure » de par le poids des traditions culturelles et familiales, sous le joug patriarcal, une femme « battue », réduite à être un objet sexuel, niée même dans son bon droit le plus élémentaire d’émettre un avis personnel…
Sans nul doute, l’image de la femme musulmane tant déformée dans la société, fait l’objet de beaucoup de frustrations chez les femmes musulmanes qui en souffrent.
Il est d’autant plus choquant que ce soit dans une société dite « démocratique » que ces femmes se voient dicter le modèle qu’il faudrait suivre, celui-ci étant considéré comme LE modèle unique d’émancipation de la Femme. Dès lors que celui-ci n’est pas suivi, la femme est considérée comme aliénée.
Adopter une façon uniformisée de se comporter, de se vêtir rend-t-il plus libre, plus émancipée, plus moderne ?
De quelle modernité parlons-nous ? De celle qui utilise sans cesse la femme comme objet de désir, comme un simple objet à qui l’on retire toute subjectivité !
De quelle liberté s’agit-il ? Celle qui consiste à parler à la place des femmes !
Quel sens recouvre l’émancipation féminine ? Celle d’avoir une pensée unique qui impose et emprisonne toute autre forme d’existence !
La femme musulmane est la grande oubliée des causes féministes, celles qui au nom même de ce principe excluent la Femme en tant que telle parce que musulmane.
Le paradoxe est que la femme musulmane est au centre des polémiques purement politiciennes alors qu’elle est la grande absente des débats faute de pouvoir prendre la parole médiatiquement, si bien qu’elle paraît invisible tant au niveau social qu’au niveau professionnel.
La femme française de confession musulmane, citoyenne à part entière n’a nullement besoin d’être renvoyée à ses origines culturelles que l’on souhaite en substance exclure de la société à laquelle elle appartient. Elle n’est pas cette étrangère que l’on décrit systématiquement comme étant la figure néo-coloniale que l’on doit irrémédiablement instruire, émanciper et libérer comme le voudrait le système politique.
La femme musulmane aspire à évoluer dans la société sereinement, et c’est bien cela qui fait peur aujourd’hui ! La réalité présente des jeunes filles et de femmes musulmanes (sur)diplômées, qui travaillent de façon très professionnelle, qui s’investissent activement dans le champ social, scolaire et auprès de structures associatives.
A contrario ce qui est bien réel, c’est un nombre important d’hommes politiques, de représentants de municipalités, de grands patrons qui ne sont résolument pas prêts à comprendre que ces mêmes femmes feront partie des cadres de demain, celles qui porteront les valeurs de la société à laquelle elles aspirent, celles qui permettront l’évolution des mentalités.
La femme musulmane que je suis porte cet optimisme, cette positivité d’esprit pour ouvrir les horizons d’un avenir meilleur, d’une France plus ouverte qui respire le « vivre ensemble » …
Meziani Safiya