Droit Musulman

La globalité de la shari’a

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La « shari’a » est une organisation complète qui englobe tous les aspects de la vie.

a- Elle englobe le culte qui définit le rapport de l’homme à son seigneur. C’est ce qu’exposent les règles du culte relatives à la pureté rituelle, à la Prière, au jeûne, au Pèlerinage …

b- Elle englobe tout ce qui concerne la famille comprenant le mariage, le divorce, la garde de l’enfant, les pensions, les testaments, l’héritage … et tout ce qui est lié à la formation de la famille musulmane. Tout ceci est connu sous le nom du droit du statut personnel.

c- Elle englobe les différents échanges et transactions financières comme la vente, la location, l’association, le don, le prêt … et autre contrats dont l’objectif est d’organiser les relations financières entre les individus et de garantir le droit de chacun. Ceci est inclus dans ce qu’on appelle « le droit civil ».

d- Elle englobe l’aspect économique relatif à la production des richesses, à leur distribution et à leur consommation. Ceci concerne également l’organisation de la trésorerie publique en déterminant ses sources et les voies pour lesquelles est destinée la zakat … Cet aspect détermine aussi le droit des nécessiteux dans les ressources de l’état et dans la fortune des plus riches. Il expose, en outre, ce que Dieu interdit en matière d’économie à l’instar de l’usure, l’accaparation des biens, disposer illégalement des biens des autres … La zakat constitue une parti importante du dispositif financier et social de l’islam bien que ce soit l’un des ses actes cultuels fondamentaux.

e- Elle englobe le code pénal. Ceci comprend les sanctions établies expressément par les textes appelées « had » et les sanctions qui font partie des prérogatives de l’autorité, non-mentionnées par les textes, appelées « ta’zir ». Ainsi, le code pénal est une branche de la « shari’a » et non pas la totalité de la « shari’a ». Les versets mentionnant les sanctions pénales ne dépassent pas les trente versets sur plus de six mille versets ! Comment réduire la « shari’a » au code pénal ?!

f- Elle englobe également le droit de la défense relatif à la magistrature, les plaintes, le témoignage, l’aveu, les serments … L’objectif étant l’organisation des procédures permettant de lever les litiges et la réalisation de la justice entre les gens.

g- Elle englobe aussi le droit constitutionnel qui détermine la nature du régime et ses fondements : l’obligation de choisir un gouvernant, ses conditions, les procédures de son chois et de sa destitution, ses droits et devoirs, sa relation avec le peuple, sa relations avec les organes de l’état, le statut de son obéissance et ses limites … et tout ce dont l’objectif est l’établissement de la relation entre le gouvernant et les gouvernés et des droits des individus et des collectivités.

h- Elle englobe également le droit international qui organise la relation entre l’état musulman avec les états étrangers en temps de guerre ou de paix.

Chaque aspect législatif de ce qui précède est une partie de la « shari’a » et donc de la religion de Dieu dont l’acceptation et la conformité sont une obligation. Il n’appartient à aucun musulman habité par la foi de réfuter une loi établie d’une manière catégorique dans tous les aspects de la vie. Dieu dit : « Il n’appartient pas à un croyant ou à une croyante, une fois que Dieu et Son Messager ont décidé d’une chose d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir. Et quiconque désobéit à Dieu et à Son Messager s’est égaré certes, d’un égarement évident » (les coalisés : 36)

C’est pour cette raison que le Coran adresse ces différentes législations à la communauté en utilisant la même formulation que ce soit pour ce qui relève du droit de Dieu comme la Prière ou le jeûne, ou ce qui relève de la famille et les affaires sociales.

Par exemple, nous lisons dans le domaine du culte : « Ô vous qui avez cru ! On vous a prescrit le jeûne comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété » (la vache : 183).

En ce qui concerne la famille, nous lisons : « Ô vous qui avez cru ! Il ne vous est pas licite d’hériter les femmes contre leur gré. Ne les empêchez pas de se remarier dans le but de leur ravir une partie de ce que vous aviez donné, à moins qu’elles ne viennent à commettre un péché prouvé. Et comportez-vous convenablement envers elle » (les femmes : 19)

Dans les domaines des échanges, nous lisons : « Ô vous qui avez cru ! Que les uns d’entre vous ne mangent pas les biens des autres illégalement. Mais, qu’il y ait du négoce entre vous, par consentement mutuel » (les femmes : 29)

De ce qui relève de l’économie, nous lisons : « Ô vous qui avez cru ! Craignez Dieu ; et renoncez au reliquat de l’intérêt usuraire, si vous êtes croyants. Et si vous ne le faites pas, alors recevez l’annonce d’une guerre de la part de Dieu et de Son Messager. Et si vous vous repentez, vous aurez vos capitaux. Vous ne lèserez personne, et vous ne serez point lésés » (la vache : 278 – 279)

Dans le domaine du code pénal, nous lisons : « Ô vous qui avez cru ! On vous a prescrit le talion au sujet des tués » (la vache : 178)

Concernant la preuve testimoniale, nous lisons le verset le plus long dans le Coran : « Ô vous qui avez cru ! Quand vous contractez une dette à échéance déterminée, mettez-la en écrit ; et qu’un scribe l’écrive entre vous en toute justice ; un scribe n’a pas à refuser décrire selon ce que Dieu lui a enseigné ; qu’il écrive donc, et que dicte le débiteur : qu’il craigne Dieu son Seigneur … » (la vache : 282)

En ce qui concerne l’organisation politique, nous lisons : « Ô vous qui avez cru ! Obéissez à Dieu, et obéissez au Messager et ceux d’entre vous qui détiennent le commandement. Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-le à Dieu et au Messager, si vous croyez en Dieu et au Jour Dernier » (les femmes : 59)

Concernant les relations internationales, nous lisons : « Ô vous qui avez cru ! Ne prenez pas pour alliés Mon ennemi et le vôtre, leur offrant l’amitié, alors qu’ils ont nié ce qui vous est parvenu de la vérité. Ils expulsent le Messager et vous-mêmes parce que vous croyez en Dieu » (l’éprouvée : 1) … jusqu’à ce que la sourate détermine la relation entre les musulmans et les non-musulmans : « Dieu ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Dieu aime les équitables. Dieu vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes » (l’éprouvée : 8 – 9)

Toutes ces prescriptions juridiques sont incluses dans un discours s’adressant aux croyant en interpellant la communauté par : « Ô vous qui avez cru ! » Ce qui prouve que toutes les lois prescrites par Dieu impliquent obéissance, conformité et exécution car ceci est une exigence du pacte de la foi.

Moncef Zenati
d’après « madkhal lidirasat ash-shari’a al-islamiyya » de Dr. Youssef al-Qaradawi

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