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Nicolas Sarkozy, de la laïcité positive à la laïcité restrictive

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La conception de Nicolas Sarkozy d’une laïcité positive s’est heurtée en pratique à un certain nombre de restrictions dans l’expression publique des religions, visant en particulier la communauté musulmane.

Au lendemain de la présidentielle de 2007, le nouveau président Nicolas Sarkozy et les représentants des religions vivent une sorte de lune de miel. Ces derniers connaissent bien l’ancien ministre de l’intérieur. Les musulmans lui savent gré de la création du Conseil Français du culte musulman ; les catholiques sont favorablement impressionnés par ce président qui a osé dire tout haut son intérêt pour les religions dans un livre La République, les religions, l’espérance  (2005).

Cette lune de miel a pour nom la « laïcité positive » , concept façonné par le nouveau président de la République pour le discours du Latran, en décembre 2007, où, après avoir rencontré Benoît XVI, il met sur le même plan instituteur de la République et prêtre. Côté musulman, c’est la première fois qu’un président de la République se rend à la rupture du jeûne en octobre 2007 à la Mosquée de Paris.

Et à Riyad, en Arabie saoudite, en janvier 2008, dans ce pays à l’application stricte de la charia, le même Nicolas Sarkozy n’hésite pas à louer le « Dieu qui n’asservit pas l’homme mais le libère, le Dieu qui est le rempart contre l’orgueil démesuré et la folie des hommes ».  Un tel enthousiasme fait grincer quelques dents dans le camp laïque.

Deux tendances affrontement à l’Elysée

De leur côté, les responsables religieux n’en demandaient sans doute pas tant. D’autant plus que ces belles intentions vont progressivement être brouillées par des tentatives d’instrumentalisation de la religion, en particulier catholique, à des fins politiques, et surtout une crispation croissante sur la laïcité, dirigée contre la communauté musulmane.

Sur le premier point, note un observateur, deux tendances coexistent à l’Élysée : « Celle portée par sa conseillère Emmanuelle Mignon, qui connaît parfaitement le rôle des associations catholiques dans le tissu social, et celle d’un autre conseiller, l’ancien directeur de la rédaction de  Minute et de  Valeurs actuelles Patrick Buisson, dont la vision de la religion chrétienne est beaucoup plus politique. »

Pour preuve, la multiplication des clins d’œil aux racines chrétiennes de la France, tout récemment encore dans l’entretien au   Figaro Magazine  , l’évocation du « long manteau d’églises et de cathédrales qui recouvre notre pays » . Ce qui n’empêche pas l’épiscopat de critiquer parfois la politique gouvernementale, comme lors des expulsions des immigrés en situation illégale, l’été 2010.

Crispations sur la religion musulmane

Surtout, le débat se crispe sur la religion musulmane, visée par un certain nombre d’initiatives gouvernementales. En novembre 2009, après le référendum suisse sur les minarets, le président de la République écrit une « tribune » dans   Le Monde   où il demande aux religions de ne pas avoir un comportement « ostentatoire ».

Le débat sur l’identité nationale, lancé au même moment, puis sur la laïcité, mené par l’UMP, tendent à stigmatiser les musulmans : prières de rue, burqa, signes religieux dans l’espace public. « La laïcité ouverte devient une laïcité restrictive »,  observe alors un représentant de l’Église.

Inquiétude qui se traduit par un communiqué des représentants des religions de France réunis au sein de la Conférence des responsables de culte en France, qui sonne comme une mise en garde au gouvernement. Une rencontre avec le ministre de l’intérieur, Claude Guéant, aura lieu dans la foulée pour apaiser le climat, au cours de laquelle sont annoncées à la fois la mise en place de correspondants laïcité dans les départements et la publication d’un recueil des textes sur la laïcité.

Côté catholique, cependant, on ne saurait oublier que, grâce aux rencontres régulières avec le gouvernement (mises en place d’ailleurs par le gouvernement socialiste de Lionel Jospin), un certain nombre d’avancées significatives ont eu lieu, en particulier la reconnaissance des diplômes des universités catholiques.

ISABELLE DE GAULMYN

La Croix.com 15/2/12 – 16 H 50 mis à jour le 23/2/12

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