Comme il fut énoncé dans le cours précédent, les savants divisent les attributs de Dieu en deux catégories : les attributs rationnels et les attributs textuels.
Les attributs rationnels « as-sifat al-‘aqliyya » sont les attributs que la raison conçoit tout à fait et instinctivement tels que l’existence, l’unicité, l’autosuffisance, la dissemblance avec les contingents, la vie, la science, la vue, la parole … Elle ne pourrait concevoir que Dieu en soit totalement ou partiellement dénué. Cette catégorie d’attributs n’est pas sujette à l’interprétation métaphorique « ta-wil ». Nous devons donc y croire sans faire preuve d’anthropomorphisme et sans en définir le « comment ».
Quant aux attributs textuels « as-sifat al-khabariyya », ils correspondent aux attributs dont la connaissance est exclusivement puisée dans les textes sans lesquels la raison n’aurait pu concevoir. Il s’agit des attributs dont la signification littérale laisse entendre une certaine ressemblance entre Dieu et Ses créatures tels que la main, les yeux, la descente, l’établissement sur le trône … etc.
Comment les compagnons ont-ils compris les versets mentionnant les attributs divins (les attributs textuels) ?
Les ont-ils pris comme ils sont, au sens littéral, sans qu’aucune métaphore ne traverse leur esprit ?
Ou les ont-ils compris intuitivement de la même manière dont ils comprenaient les textes arabes en ayant recours à la sémantique arabe qui comprend la métaphore, l’allusion et l’allégorie ?
Ou peut-être se sont-ils refusés à toute tentative de compréhension ou de commentaire de peur de glisser dans l’erreur ?
Après une étude analytique et comparative des textes provenant du patrimoine des « salaf », l’imam al-Qaradawi[1] conclue que les « salaf » ne partageaient pas tous la même et unique position. Certains d’eux eurent recours au « tafwid ». D’autres pratiquèrent le « ta-wil », quand d’autres furent adeptes du « ithbat ».
Le « tafwid » est une attitude qui consiste à éviter toute tentative de compréhension ou de commentaire des attributs textuels ; c’est-à-dire ne pas se prononcer sur le sens, Seul Dieu en a la parfaite connaissance.
La « ta-wil » est le fait de donner à un mot une sens différent de sa signification littérale, et ce, pour une raison juridiquement valable.
Le « ithbat » consiste à comprendre les attributs textuels au sens littéral en évitant tout anthropomorphisme. Par exemple : Dieu a une main au sens littéral, mais différente de la main humaine ; dieu a une main qui correspond à Sa perfection.
Première position des « salaf » : le « tafwid » :
Ibn Khaldoun dit dans « al-mouqaddima » : « Ils (les salafs) jugèrent que ces versets faisaient partie de la parole de Dieu. Aussi, ils y crurent, et ne s’exposèrent nullement à aucune étude ni interprétation, c’est là le sens de leur expression : lisez-les comme ils viennent, c’est-à-dire, croyez fermement qu’ils proviennent de Dieu sans essayer de les interpréter ni les expliquer car peut-être constituent-ils une épreuve. Aussi, il est obligatoire de s’abstenir et de s’y tenir »
On interrogea l’imam Ahmed au sujet des hadiths évoquant les attributs textuels, il répondit : « On y croit, sans en déterminer ni mode ni sens »[2]
Dans son livre « sayrou a’lami an-noubala », al-hafidh adh-Dhahabi relate que l’imam Malik dit à propos des hadiths mentionnant les attributs textuels : « Faites-les passer comme ils sont, sans explication ».
Avant quelques lignes, al-hafidh adh-Dhahabi dit : « Notre avis à ce sujet : croire et faire passer en remettant sa compréhension à son auteur, le véridique, l’infaillible »[3]
L’avis de adh-Dhahabi rejoint celui de l’imam Ahmed prouvant que la position des « salaf » y compris celle de l’imam Ahmed et celle des spécialistes du hadith à l’instar de adh-Dhahabi, consiste à faire preuve de « tafwid » et que cette attitude constitue le dogme « ‘aqida » d’une partie des meilleures générations de l’Islam conformément au verset : « alors que nul n’en connaît l’interprétation à part Allah. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science disent : « Nous y croyons : tout est de la part de notre Seigneur ! ».
Dans son célèbre « fath al-bari » Ibn Hajar cite, d’après Ibn al-Mounayyir », les trois positions existantes au sujet des attributs textuels :
La première : Il s’agit d’attributs d’essence établi par la révélation inintelligible pour la raison.
La deuxième : L’œil désigne métaphoriquement l’attribut de la vue, la main celui du pouvoir « al-qudra », la face celui de l’existence.
La troisième : Les faire passer comme ils sont en remettant leur compréhension à Dieu[4].
Ibn Hajar dit également dans « al-fath », penchant pour la position du « tafwid » : « La vérité consiste à s’abstenir de ce genre d’études, s’en remettre totalement à Dieu et se contenter de croire en tout ce dont Dieu impose la croyance à travers Son Livre ou à travers son Prophète (BDSL) … »[5]
Les adeptes du « tafwid » interdisent la traduction des attributs textuels, car en traduisant, on leur attribue une explication.
A noter que le « tafwid » se divise en trois catégories : le « tafwid » explicite, le « tafwid » proche du « taw-il » et le « ta-wil » proche du « ithbat ».
La deuxième position : le « ithbat » :
Pendant que certains prédécesseurs se refusaient tout commentaire et toute explication au sujet des attributs divins, d’autres étaient d’avis à les reconnaître au sens littéral sans en définir un mode et sans anthropomorphisme ; reconnaître les attributs textuels mais d’une façon qui correspond à la perfection de Dieu. Aussi, Dieu a une main, mais différente de la main des contingents, une main qui correspond à Sa perfection.
En réalité, il existe un grand nombre de texte provenant des « salaf » dont certains sont utilisés pour justifier le « ithbat », alors que d’autres sont utilisés pour justifier le « tafwid ». Un regard objectif sur ces textes permet de conclure que la signification littérale de certains est plus proche du « ithbat », mais que la plupart se rapproche davantage du « tafwid ».
Al-Bayhaqi rapporte, d’après la relation de Abou Daoud at-Tayalisi, que Sofiane ath-Thawri, Sho’ba, Hammad ibn Zeyd, Hammad ibn Salam, Sharik et Abou ‘Ouwana ne déterminaient aucun mode, ni d’anthropomorphisme. Ils relataient ces hadiths et ne se posaient pas la question : comment ? Abou Daoud dit : « C’est également notre position ».
Ce texte justifie la position du « ithbat », à savoir, reconnaître sans s’arrêter sur le « comment ».
Mohammed ibn al-Hassan ash-Shaybani dit : « Tous les juristes « fouqaha », de l’Est à l’Ouest, s’accordent sur l’obligation de croire au Coran et aux hadiths relatés par les transmetteurs dignes de confiance en ce qui concerne la description de Dieu sans anthropomorphisme ni explication. Quiconque en explique une partie et partage l’avis de Jahm, il s’écarte de la voie du Prophète (BDSL) et de ses compagnons, et quitte la communauté »[6].
Bien que certains utilisent ce texte pour affirmer le « ithbat », bon nombre de défendeurs du « tafwid » s’y réfèrent également pour justifier leur position.
Sofiane ath-Thawri dit : « Tout ce par quoi Dieu S’est décrit, son explication réside dans sa récitation sans aborder le sujet »[7]. Les adeptes du « tafwid » se réfèrent également à ce texte.
Après avoir cité le hadith évoquant la descente de Dieu, at-Tirmidhi fait le commentaire suivant : « Dieu est établi sur le Trône comme il S’est décrit dans Son Livre. Plus d’un savant affirme ceci concernant ce hadith et les attributs qui s’y rapprochent »[8]
Il dit également dans le chapitre « le mérite de la sadaqa » de son recueil : « L’authenticité de ces récits a été formellement établie. Il nous faut donc y croire sans imagination, sans nous interroger sur le « comment ». C’est ce qui a été relaté d’après Malik, Ibn ‘Ouyayna et Ibn al-Moubarak, à savoir, « passer-les sans s’arrêter sur le « comment » Il s’agit là de la position des savants de l’orthodoxie sunnite (ahl as-sunna wal-jama’a). Quant aux jahmites, ils les ont réfutés en disant qu’il s’agit d’anthropomorphisme. Abou Is-haq ibn Rahwih dit : « Il serait question d’anthropomorphisme si on disait : une main comme une main quelconque, ou une ouïe comme une ouïe ordinaire »[9]
At-Tirmidhi dit au sujet de l’exégèse de la sourate « ma-idah » (sourate 5) : « Les imams dirent : « Nous croyant en ces hadiths sans explication ». Parmi eux : at-Thawri, Malik, Ibn ‘Ouyayna et Ibn al-Moubarak »[10]. Les défendeurs du « tafwid » font également référence à ce texte.
Ibn ‘Abd al-Bar dit: « Les savants de l’orthodoxie sunnite établissent unanimement l’obligation d’admettre tous ces attributs mentionnés dans le Coran et la Sunna. Ils ne définirent aucun mode à aucun de ces attributs. Quant aux jahmites, aux mou’tazilites et aux kharijites, ils dirent : Quiconque les admet est coupable d’anthropomorphisme. Ainsi, ceux qui les ont admis les taxèrent à leur tour de négateurs « mou’attila » »[11].
En réalité, en observant les expressions des « salaf », il est claire que la plupart appelle à s’abstenir de tout commentaire et de toute explication quant au sens des attributs textuels. Cette positon fut quasi-consensuel avant l’arrivée de Ibn Taymya qui imposa le « ithbat », affirma que le « ithnat » était la seule position des « salaf » et rejeta fermement toute autre position y compris le « tafwid ».
La troisième position des « salaf » : le « ta-wil » :
Certains pieux-prédécesseurs « salaf » ont eu recours au « ta-wil ». Ce « ta-wil » est tout à fait valable puisqu’il est conforme aux règles de la langue des arabes et à son utilisation habituelle à cette époque.
Ibn al-Jawzi dit en commentant le verset suivant : « Seule subsistera le « wajh » de Ton seigneur »[12] : « Les exégètes dirent : Le sens est : Seule Ton Seigneur subsistera. De même, ils dirent à propos du verset « Désirant son « wajh »[13] : c’est-à-dire, ils Le désirent »[14]
Ad-Dahhak et Abou ‘Oubayda dirent à propos du verset « Tout doit périr, sauf son « wajh » »[15] : « C’est-à-dire, sauf Lui »[16].
De même, les « salaf » expliquèrent le verset : « Il est avec vous où que vous soyez » par : Il est avec vous par sa science.
Pour les versets « Je suis avec vous-deux : J’entends et Je vois », « Jamais, car j’ai avec moi mon Seigneur qui va me guider », « Ne t’afflige pas, car Allah est avec nous », « Certes, Allah est avec ceux qui l’on craint avec piété et ceux qui sont bienfaisants », ils dirent que l’expression « avec » (ma’a) désigne le soutien, l’attention et l’aide de Dieu[17].
Ibn Taymya, lui, même est de cet avis, mais ne considère pas ces interprétations comme étant du « ta-wil ».
Dans son célèbre exégèse, Ibn Kathir a eu recours, à plusieurs endroits, au « ta-wil », notamment en expliquant la main.
Il dit en commentant le verset « Dis leur : En vérité la grâce est en la main d’Allah »[18] : C’est-à-dire que toute chose est sujette à la gestion de Dieu. C’est Lui qui dispense un bien et c’est Lui qui l’empêche. Il fait don à qui Il veut de la croyance, du savoir, de la capacité de disposer des choses. Il égare qui Il veut en aveuglant sa vue et sa clairvoyance, en scellant son cœur et son ouïe et en couvrant sa vue d’un voile. Il détient la preuve absolue et la sagesse infinie »
Pour le verset : « Et les juifs disent : La main d’Allah est fermée »[19], Ibn Kathir dit : « ‘Ali ibn Abi Talha rapporte qu’Ibn ‘Abbas dit : « Ils n’entendent pas par-là que la main de Dieu est enchaînée, mais qu’Il est avare et s’abstient de donner par pure avarice »
Puis il dit en commentant la suite du verset « Au contraire, Ses deux mains sont largement ouvertes »[20] : « C’est-à-dire au contraire, Il distribue largement Sa grâce, Il donne généreusement et il n’est de chose sans qu’il en détienne la trésorerie »
A propos du verset : « Ceux qui te prêtent serment d’allégeance ne font que prêter serment à Allah : la main d’Allah est au-dessus de leurs mains »[21], Ibn Kathir dit : « c’est-à-dire qu’Il est présent avec eux, Il entend leurs paroles, Il voit où ils sont, et connaît leur for intérieur et leur apparence. »
Il dit au sujet du verset : « Et construis l’arche sous Nos yeux »[22], « C’est-à-dire sous notre vue ».
Il commente le verset : « Et supporte patiemment la décision de ton Seigneur. Car en vérité, tu es sous Nos yeux »[23] en disant : « C’est-à-dire endure leur nuisance et ne fais pas attention à eux, car Nous te voyons, et tu es sous notre protection, et Dieu te préserve des gens ».
Quant au verset suivant « Voguant sous nos yeux »[24], Ibn Kathir fait le commentaire suivant : « voguant sous Nos Yeux, c’est-à-dire par Notre Ordre ; Nous la voyons et elle vogue sous notre protection »
Concernant le verset « Tout doit périr, sauf Son Visage « wajh »[25], Ibn Kathir dit : « Il nous informe qu’Il est l’Eternel, le Vivant, Celui qui subsiste par Lui-Même, qui ne peut mourir alors que toutes les créatures meurent, de même que lorsque Dieu dit : « Seule subsistera La Face « wajh » de Ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse »[26], Il exprime par la face son essence « adh-dhat », tout comme Sa parole « Tout doit périr, sauf Son Visage « wajh » », c’est-à-dire sauf Lui. Quant à Moujahid et ath-Thawri, ils disent : « C’est-à-dire ne subsiste que les actions qui Lui sont destinée »
Ainsi, il est évident qu’Ibn Kathir a accordé la prévalence au sens métaphorique des versets, pratiquant ainsi le « ta-wil » puisqu’il s’agit là d’un « ta-wil » tout à fait valable et conforme à l’utilisation de la langue arabe au moment de la révélation.
Al-Boukhari rapporte que Moujahid dit à propos du verset « Il S’est établi sur le Trône »[27] : « C’est-à-dire Il S’est élevé ».
Ibn ‘Abbas dit au sujet du verset dont la traduction littérale est « Le jour où un pied sera découvert » : « C’est un jour d’angoisse et de détresse ». Il dit également : « C’est la situation difficile, effrayante à cause des horreurs du Jour du Jugement. Ainsi, le sens du verset serait : « Le jour où ils affronteront les horreurs du jugement »[28]
L’imam Ahmed dit au sujet du verset : « Et que Ton Seigneur viendra ainsi que les Anges, rang par rang » (l’aube : 22), c’est-à-dire : lorsque l’ordre de Dieu viendra, à l’instar du verset : « … ou que survienne l’ordre de ton Seigneur » (les abeilles : 33)
Dans le récit où le médinois et son épouse qui passèrent la nuit sans couverture pour la réserver à leur invité qui n’était autre que le Prophète (BSDL), le Prophète (BSDL) dit : « Dieu a ri de ce que vous avez fait cette nuit « (rapporté par al-Boukhari et Mouslim, al-Boukhari a interprété le rire par la miséricorde.
Dans son livre « les Noms et les attributs » (asma was-sifat) p 456, al-Bayhaqi rapporte que Hammad ibn Zeyd interpréta la descente de Dieu au ciel de ce bas-monde citée dans les hadiths par l’attention qu’accorde Dieu à ses serviteurs.
Ibn Taymiya rapporte que Ja’far as-Sadiq interpréta le terme « wajh » dans le verset : « Tout est amener à périr sauf son wajh (sa face) » (le récit : 88) par la religion (‘ad-dine). Il rapporte de ad-Dahhak, qu’il s’agit du paradis, de l’Enfer et du Trône. Quant à lui (Ibn Taymiya), il estime qu’il vaut mieux l’interpréter par l’orientation des actions, c’est-à-dire, tout est amené à périr sauf ce qui est accompli en voulant l’agrément de Dieu. Puis il attribue ceci à la majorité des salafs.
A propos du verset : « A Allah seul appartiennent l’Est et l’Ouest. Où que vous vous tourniez, la « face » (wajh) d’Allah est donc là » (la vache 115), al-Bayhaqi dit : « Al-Mouzani rapporte que ash-Shafi’i, que Dieu l’agrée, dis au sujet de ce verset : « C’est-à-dire, et Dieu est plus Savant, c’est la direction vers laquelle Dieu vous oriente »[29]. Al-Bayhaqi rapporté également au sujet de ce verset que Moujahid a dit : « Il s’agit de la « qibla » de Dieu. Aussi, là où tu te trouves, ne t’oriente que vers elle »[30]
Les sept interprétations « ta-wil » d’Ibn ‘Abbas (t) :
Le compagnon Ibn ‘Abbas (t), l’exégète du Coran par excellence a eu recours au « ta-wil » à sept reprises. Cela prouve que le « ta-wil » était déjà pratiqué du temps des compagnons.
1- Interprétation du « trône » (kursy) dans le verset : « Son « trône » englobe les cieux et la terre » (2 :255). Ibn ‘Abbas (t) dit d’après Ja’far ibn Abi al-Moughira, d’après Sa’id ibn al-Joubeïr : « Il s’agit de sa science » (tafsir d’at-Tabari). C’est-à-dire « Sa science englobe les cieux et la terre ».
2- Interprétation du verset « Allah est la lumière des cieux et de la terre » (24 :25). Ibn ‘Abbas (t) dit : « C’est-à-dire celui qui guide (hadi) les habitants des cieux et de la terre » (tafsir d’at-Tabari)
3- Interprétation des yeux dans le verset : « Et construis l’arche sous Nos yeux » (11 :37). Il dit : « C’est à dire sous notre vue » (tafsir al-Baghawi)
4- Interprétation de la face « wajh » dans le verset : « Seule subsistera La Face « wajh » de Ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse ». Il dit : « la face, c’est-à-dire Lui » (tafsir al-Qortobi)
5- Interprétation du pied « as-saq » dans le verset dont la traduction littérale est « Le jour où un pied sera découvert », il dit : « C’est un jour d’une extrême angoisse » (tafsir d’al-Qortobi et at-Tabari)
6- Interprétation du « côté » dans le verset (39 :56): « Malheur à moi pour mes manquements vis-à-vis du « côté » de Dieu » (traduction littérale). Il dit : « C’est-à-dire, pour avoir délaissé les actes d’obéissance envers Dieu, les ordres de Dieu et sa récompense » (tafsir « rouh al’ma’ani » d’al-Alousi)
7- Interprétation de la venue dans le verset : « Et que Ton Seigneur viendra ainsi que les Anges, rang par rang » (l’aube : 22), c’est-à-dire : lorsque l’ordre de Dieu et Son destin viendront (tafsir an-Nasafi)
Cas de « ta-wil » unanimes :
Tous les savants, y compris les adeptes du « ithbat », s’accordent à interpréter certains textes du Coran et de la Sunna à l’instar de l’interprétation de l’oubli attribué à Dieu dans le verset « Ils ont oublié Allah et Il les a alors oubliés »[31] par l’abandon et le détournement.
Pour le verset « Il est avec vous où que vous soyez », Ils l’expliquent unanimement par : Il est avec vous par sa science.
Le Prophète (r) dit : « Dieu Tout-Puissant dira le Jour de la Résurrection : « Ô fils d’Adam ! Je suis tombé malade et tu ne m’as pas rendu visite ».
Il dira : « Seigneur ! Comment Te rendrais-je visite alors que Tu es le Seigneur et Maître de l’univers?»
Dieu dira : « Ne savais-tu pas que Mon serviteur untel est tombé malade et tu ne lui as pas rendu visite ? Ne savais-tu pas que si tu lui avais rendu visite tu M’aurais trouvé auprès de lui?»
Ô fils d’Adam, Je t’ai demandé de la nourriture et tu ne M’as pas nourri.» Il dira : « Ô Seigneur ! Comment aurais-je pu Te nourrir alors que Tu es le Seigneur et Maître de l’univers?»
Dieu dira : « Ne savais-tu pas que Mon serviteur Untel t’a demandé de la nourriture, et que tu ne l’as pas nourri ? Ne savais-tu pas que si tu l’avais nourri, tu en aurais trouvé la récompense auprès de Moi ? »»[32]
C’est le Prophète (r) qui interprète ici les termes du hadith car on ne pourrait dire : Dieu est tombé malade, mais d’une maladie qui correspond à son essence et à sa perfection, et non de la façon dont les créatures tombent malades ! Ou que Dieu a eu faim, d’une manière digne de sa perfection, non de la manière dont les créatures ont faim !
L’imam Ahmed[33], lui-même, réputé par son attachement à la position des « salaf », a eu plusieurs fois recours au « ta-wil », notamment, pour les hadiths « La pierre noire est la droite de Dieu sur Sa terre »[34], « Le cœur du croyant est entre deux doigts parmi les doigts du Tout Miséricordieux »[35], « Je décèle, certes, le souffle « nafas » du Tout Miséricordieux du côté du Yémen »[36].
Conclusion :
Cette étude démontre clairement, preuve à l’appui, que les trois positions : « ithbat », « tafwidh » et « ta-wil » existaient du temps des trois premières générations de l’islam (salafs). Il s’agit donc de reconnaître ces différentes approches des attributs textuelles sans discréditer les adeptes de l’une d’elles. On peut être convaincu d’une approche plutôt que d’une autre, mais cela ne doit pas amener au dénigrement et à l’exclusion de l’autre. L’orthodoxie sunnite (ahl as-sunna wal-jama’a) se compose de trois écoles dogmatiques : les ash’arites, les matouridites et les traditionnistes. Les ash’arites et les matouridites qui représentent la grande majorité des musulmans du monde adoptent le « ta-wil », on ne pourrait donc qualifier la majorité des musulmans d’égarement. Une telle action serait une erreur aux conséquences particulièrement graves.
L’important est que toutes ces tendances s’accordent à dire que Dieu ne ressemble en rien à Ses créatures et qu’Il est exempt de toute imperfection et de toute insuffisance. Ceci est un fondement qui fait l’objet d’un consensus. Quant à l’interprétation ou pas des attributs textuels, ceci fait partie des ramifications de la foi et non pas des fondements. Or, la divergence au sujet des ramifications ne pourrait mettre en cause la validité de la foi.
Il est temps que les musulmans se libèrent de ces polémiques stériles qui divisent pour se concentrer sur l’essentiel qui unit. Les musulmans ne doivent pas se laisser détourner, par les polémiques d’hier, des défis d’aujourd’hui.
Moncef zenati
[1] – Dans son livre « fousoul fil-‘aqida » (thèmes relevant la foi)
[2] – « fousoul fil-‘aqida bayna as-salaf wal-khalaf » de al-Qaradawi p 68
[3] – « sayr a’lam an’noubala » 8/105 d’après « fousoul fil-‘aqida bayna as-salaf wal-khalaf » p 70
[4] – « fath al-bari » 13/390 d’après « fousoul fil-‘aqida bayna as-salaf wal-khalaf » p 71
[5] – « fath al-bari » 13/383 d’après « « fousoul fil-‘aqida bayna as-salaf wal-khalaf » p 71
[6] – « fousoul fil-‘aqida bayna as-salaf wal-khalaf » p 82
[7] – référence précédente p 83
[8] – référence précédente p 83
[9] – référence précédente même page
[10] – référence précédente même page
[11] – référence précédente même page
[12] – Coran s 55 v 27
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[13] – Coran s 18 v 28
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[14] – référence précédente 84
[15] – Coran s 28 v 88
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[16] – « fousoul fil-‘aqida bayna as-salaf wal-khalaf » p 84
[17] – « fousoul fil-‘aqida bayna as-salaf wal-khalaf » p 84
[18] – Corans 3 v 73
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[19] – Coran s 5 v 64
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[20]– Coran s 5 v 64
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[21] – Coran s 48 v 10
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[22] – Coran s 11 v 37
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[23] – Coran s 52 v 48
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[24] – Coran s 54 v 14
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[25] – Coran s 28 v 88
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[26] – Coran s 55 v 27
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[27] – Coran s 7 v 54
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[28] – Coran s 68 v 42
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[29] – « al-asma was-sifat » de al-Bayhaqi p 309
[30] – même référence même page
[31] – Coran s 9 v 67
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[32] – Hadith rapporté par Mouslim
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[33] – Au sujet du verset : « et que Ton Seigneur viendra ainsi que les Anges, rang par rang » (Coran s 89 v 22), l’imam Ahmed dit : « C’est-à-dire : et que l’ordre de Ton seigneur viendra, tout comme lorsque Dieu dit : « Les infidèles attendent-ils que les Anges leur viennent, ou que vienne l’ordre de Ton seigneur » (voir « al-asma was-sifat » de al-Bayhaqi p 292
[34] – Hadith rapporté par al-Hakim
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[35] – Hadith rapporté par Mouslim
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[36] – Hadith rapporté par Ahmed
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