Les actes cultuels

Les causes d’exaucement des implorations « dou’a »

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Abou Hourayra (rad) rapporte que le Messager de Dieu (saws) dit : « Dieu est bon et n’accepte que ce qui est bon. Par ailleurs, Dieu a prescrit aux croyants ce qu’Il a prescrit aux Messagers en disant : « Ô Messagers ! Mangez de ce qui fait partie des bonnes choses et faites le bien »[1] et en disant : « Ô vous qui avez cru ! Mangez de ce qui fait partie des bonnes choses que Nous vous avons attribuées »[2]. Puis, il mentionna le cas de l’homme qui, prolongeant son voyage tout échevelé et poussiéreux, tend les mains vers le ciel : « Ô Seigneur ! Ô Seigneur ! » alors que sa nourriture est illicite, sa boisson illicite, ses vêtements illicites et qu’il se nourrit de choses illicites, comment serait-il exaucé ? » (rapporté par Mouslim)

Le Prophète (saws) indique ici les bienséances à observer pendant l’imploration de Dieu « dou’a » ainsi que les causes entraînant ou empêchant son exaucement.

En commentant ce hadith, dans son livre « jami’ al-‘ouloum wal-hikam », Ibn Rajab al-Hanbali en déduit quatre causes d’exaucement des implorations (dou’as) :

Premièrement : Le prolongement du voyage : Le voyage implique en soi l’exaucement de l’imploration comme l’évoque le hadith du prophète (saws) relaté par Abou Hourayra (rad) : « Trois implorations sont exaucées sans aucun doute : l’imploration de l’opprimé, l’imploration du voyageur et l’imploration du parent pour son enfant »[3]. Dans une autre version rapportée par at-Tirmidhi : « l’imploration du parent contre son enfant ».

L’imploration est plus à même à être exaucée pendant un long voyage car la longueur du voyage provoque chez le voyageur un sentiment de solitude et d’abaissement de soi, or le fait de supporter la difficulté et l’abaissement de soi font partie des causes les plus importantes de l’exaucement de l’imploration.

Deuxièmement : Faire preuve d’humilité dans l’habillement et dans l’aspect : Le Prophète (saws) parle d’un homme échevelé poussiéreux. Il dit dans autre hadith : « Combien d’homme échevelé, poussiéreux repoussé, s’il jurait pour que Dieu lui accorde quoi que ce soit, Dieu satisferait son serment »[4]. D’ailleurs, lorsque le Prophète (saws) sortit pour la Prière de demande de pluie, il sortit, humble, portant des vêtements très simples et suppliant Dieu[5]. On emprisonna injustement le neveu de Mouttarrif ibn ‘Abdillah (m 220H). Ce dernier mit ses vêtements les plus usés et prit une canne à la main. On lui dit alors : « Que fais-tu ? » Il dit : « Je m’humilie pour mon Seigneur, peut être acceptera-t-Il mon intercession en faveur de mon neveu »[6].

Troisièmement : Tendre les mains vers le ciel. Cette action fait partie des bienséances de l’imploration à travers lesquels on espère son exaucement. Le Prophète (saws) dit dans le hadith relaté par Salman (rad) : « Certes, Dieu, l’Elevé, est pudique et généreux, il éprouve de la gêne, lorsque l’homme  lève les mains vers lui, de les retourner vides »[7]. Par ailleurs, le Prophète (saws)  levait les mains pendant la Prière de demande de pluie « istisqa » au point de pouvoir voir le blanc de ses aisselles[8]. Pendant la bataille de Badr, il leva les mains pour implorer le soutien Dieu au point de faire tomber sa cape de par-dessus ses épaules.

Quatrièmement : L’insistance dans l’imploration en évoquant la Seigneurie de Dieu à plusieurs reprises. Il s’agit là de l’une des causes les plus importantes qui laissent espérer l’exaucement de l’imploration. ‘Aïsha, que Dieu l’agrée, rapporte que le Prophète (saws) dit : « Lorsque le serviteur dit « Ô Seigneur ! » à quatre reprises. Dieu dit : « Je suis à ton écoute, Mon serviteur. Demande et tu seras exaucé » »[9].

At-Tabarani et d’autres rapportent que des gens se plaignirent auprès du Prophète (saws) de la sécheresse. Il leur dit : « Agenouillez-vous et dites : « Ô Seigneur ! Ô Seigneur ! » et leva l’index vers le ciel. Aussitôt, la pluie tomba au point qu’ils souhaitèrent qu’elle s’arrête ».

Anas (rad) dit : « A chaque fois qu’un serviteur dit : « Ô Seigneur ! Ô Seigneur ! » son Seigneur dit : « Je suis à ton écoute, Je suis à ton écoute »[10]

‘Ata (m 114H) dit : « A chaque fois qu’un serviteur dit : « Ô Seigneur ! Ô Seigneur ! Ô Seigneur ! » Dieu le regarde attentivement (lui accorde son attention). » On fit mention de ceci à al-Hassan al-Basri qui dit : « Ne lisez-vous pas le Coran ? » Puis, il récita : « Ceux qui, debout, assis, couchés sur leurs côtés, invoquent Dieu et méditent sur la création des cieux et de la terre (disant) : « Ô Seigneur ! Tu n’as pas créé cela en vain. Gloire à Toi ! Garde nous du châtiment du Feu. Ô Seigneur ! Quiconque Tu fais entrer dans le Feu, Tu le couvres vraiment d’ignominie. Et pour les injustes, il n’y a pas de secoureurs ! Ô Seigneur ! Nous avons entendu l’appel de celui qui a appelé ainsi à la foi : « Croyez en votre Seigneur » et dès lors nous avons cru. Ô Seigneur ! Pardonne-nous nos péchés, efface de nous nos méfaits, et place nous, à notre mort, avec les gens de bien. Ô Seigneur ! Donne-nous ce que Tu nous as promis par Tes messagers. Et ne nous couvre pas d’ignominie au Jour de la Résurrection. Car Toi, Tu ne manques pas à Ta promesse. Leur Seigneur les a alors exaucés (disant) : « En vérité, Je ne laisse pas perdre le bien de quiconque parmi vous a fait, homme ou femme » » (la famille d’Imran : 191 – 195)

Par ailleurs quiconque médite les implorations citées dans le Coran, il réalisera que dans la plupart des cas elles commencent par « Ô Seigneur ! » à l’instar de : « Ô Seigneur ! Accorde nous belle part ici-bas, et belle part aussi dans l’au-delà ; et protège-nous du châtiment du Feu » (la vache : 201), « Ô Seigneur ! Ne nous châtie pas s’il nous arrive d’oublier ou de commettre une erreur. Ô Seigneur ! Ne nous charge pas d’un fardeau lourd comme Tu as chargé ceux qui vécurent avant nous. Ô Seigneur ! Ne nous impose pas ce que nous ne pouvons supporter » (la vache : 286), « Ô Seigneur ! Ne fais pas dévier nos cœurs après que Tu nous aies guidés » (la famille d’Imran : 8).

On interrogea l’imam Malik à propose de celui qui dit dans son imploration « Ô Maître ! ». Il répondit : « Il doit dire « Ô Seigneur ! » à l’instar de ce que disaient les prophètes dans leurs implorations[11].

Moncef Zenati

[1] – Les croyants : 51
[2] – La vache : 172
[3] – rapporté par Abou Daoud, at-Tirmidhi et Ibn Majah
[4] – rapporté par Mouslim
[5] – rapporté par Ahmed, at-Tirmidhi, an-Nasa-y, Ibn Majah et Abou Daoud
[6] – rapporté par Ibn ‘Asakir et adh-Dhahabi
[7] – rapporté par Ahmed
[8] – rapporté par al-Boukhari et Mouslim
[9] – rapporté par al-Bazzar
[10] – « jami’ al-‘ouloum wal-hikam » d’Ibn Rajab 1/273
[11] – « jami’ al-‘ouloum wal-hikam » d’Ibn Rajab 1/273

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