La religion : un besoin inhérent à la nature humaine (fitra)
Ce que nous avons indiqué au sujet du besoin de religion est en rapport avec ses besoins intellectuels et rationnels. Mais il existe également un besoin lié aux sentiments et au subconscient. En effet, l’homme n’est pas seulement une raison telle une intelligence artificielle. Il est composé d’une raison, d’une conscience et d’une âme. Sa nature est ainsi faite. Par nature, aucune science ni culture peut le convaincre, aucun art ni aucune littérature peut étanché son désir insatiable, aucun ornement ni jouissance ne peut remplir le vide de son âme. Son esprit demeure perturbée, son âme affamée et sa nature originelle (fitra) assoiffée, ressentant un vide et un manquement jusqu’à trouver la foi en Dieu la conscience et la sensibilité humaines ont aussi un grand besoin de religion. C’est alors qu’il connaîtra la quiétude après l’anxiété, la sérénité après la perturbation, la sécurité après la peur. Il aura le sentiment de s’être trouvé.
Le philosophe Auguste Siatié dit dans son ouvrage Philosophie des Religions : « Pourquoi suis-je croyant ? Je n’ai jamais posé cette question ou, mieux, commencé à la formuler à peine, sans me voir immédiatement conduit à répondre ceci : Je suis croyant parce que je suis incapable de ne pas l’être, parce que la croyance est une exigence morale parmi les exigences inhérentes à l’être humain. On me dit :c’est là un effet de l’hérédité, de l’éducation ou de l’humeur. Ce à quoi je réponds : cet argument là, je me le suis très souvent objecté, et j’ai trouvé en fin de compte qu’il étouffait la question au lieu de la résoudre et que le besoin de croyance religieuse que j’observe dans ma vie personnelle, je le constate encore plus vigoureusement dans la vie sociale. La société humaine n’est en effet pas moins attachée profondément que moi à la religion »
Il n’est donc pas étonnant de trouver la croyance religieuse dans tous les peuples, primitifs et civilisés, dans tous les continents de l’Est, et à toutes les époques, antiques et modernes, même si la plupart ont dévié du droit chemin.
L’historien grec Plutarque dit à ce propos : « Dans l’histoire, on peut trouver des villes sans murailles, sans littérature, sans roi, sans maison, sans trésor, sans monnaie ni théâtre, mais on ne trouvera jamais une ville qui n’ait point de sanctuaire et point de divinité »
Bergson[1] dit : « On trouve dans le passé, on trouverait même aujourd’hui, des sociétés qui n’ont ni science, ni art, ni philosophie. Mais, il n’y a jamais eu de société sans religion.»
Jean-Pierre Vernant, historien, ajoute : « Il n’y pas d’exemples de groupes humains sans religion ».
C’est pourquoi le Coran a assimilé la Religion – au sens de croyance – à la nature originelle ou à la nature humaine (fitra) : « Dirige tout ton être vers la religion exclusivement pour Allah, telle est la nature que Dieu a originellement donnée aux Hommes. » (30 : 30).
[1] – Les deux sources de la morale et de la religion
madkhal lima’rifat al-islam (introduction à la connaissance de l’islam) de cheikh Youssef al-Qaradawi,
Traduit pas Havre De Savoir