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Elections en Tunisie: l’incohérence des donateurs de leçons…

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L’image que nous livre l’élite politique dirigeante en Europe face aux changements survenus dans les pays arabes est sidérante par son hypocrisie et son incohérence.

Voici des régimes démocratiques qui n’ont cessé de vanter les mérites du régime de Ben Ali en Tunisie, saluant les « prouesses économiques » qu’il a réalisées, l’émancipation des femmes qu’il a protégée et le matage rigoureux qu’il a imposé aux islamistes. Le président Chirac et la préférence de l’essor économique aux libertés d’expression, l’accueil triomphant du Président Sarkozy au colonel Kadhafi, les aides offertes par les services de renseignement britanniques pour pourchasser les opposants Libyens n’en sont que des exemples.

Les dictateurs déchus, de MElections en Tunisie: l'incohérence des donateurs de leçons...oubarak à Ben Ali ne cachaient pas à ce point là leur cynisme, et nos gouvernements européens ne sont pas dupes de la main de fer avec laquelle ces dictateurs tenaient le pouvoir et asservissaient leurs peuples.

Mais les politiques n’invoquent les grands principes que lorsque cela devient payant. Sinon, comment comprendre, aujourd’hui, l’impuissance de cette communauté internationale face aux massacres quotidiens que commet jour après jour, la junte de Bachar Al Assad en Syrie. Tueries, tortures sont aujourd’hui le quotidien du peuple syrien, mais les calculs politiques n’ont que faire de la souffrance de tout un peuple.

Certes, on n’est pas dans le monde des bisounours, Si l’Otan et la France en particulier s’est précipité vers la Libye, ce n’est pas que pour les beaux yeux des libyens, car ceux des syriens ne sont pas moins beaux.

Les peuples arabes, que ce soit en Egypte, en Tunisie, en Syrie ou en Lybie l’ont bien compris. Les droits fondamentaux et la liberté s’arrachent et ce ne sont certainement pas des pays qui ont soutenu leurs geôliers qui prodigueront des conseils utiles à ces peuples ou les aideront sans intérêt.

Aussi, il y a fort à parier que l’aide de l’Otan à la Lybie nouvelle ne soit pas gratuit. A l’heure ou le parti Ennahda est en passe de gagner les élections de l’assemblée constituante en Tunisie, les inquiétudes des alliés de Ben Ali d’hier, s’expriment face à un parti « islamiste ». Et vu le qualificatif réservé à ce parti, on ne peut que se moquer des sondages que nous servent les médias en France ; l’un d’eux propose la question suivante « la victoire des islamistes vous inquiète ? » La bonne presse dont jouit le terme islamiste ne laisse pas de doute sur les résultats « benaliens » de ce sondage !Elections en Tunisie: l'incohérence des donateurs de leçons...

Il ne s’agit certainement pas de donner un blanc seing à ce parti, ou à tout autre parti issu du choix libre des peuples libérés, mais plutôt de comprendre, que les chantres de la liberté et de la démocratie ne sont pas toujours ceux que l’on croit, et que les peuples libres sont ceux-là qui ne supportent plus d’être des élèves des ex-colonies, assistés et soucieux de l’avis de ceux qui les ont oublié des années durant.

Ce qu’il y a à craindre aujourd’hui, c’est que les spoliateurs des libertés ne laissent pas les peuples décider librement comme Israël l’a fait avec le peuple palestinien, emprisonnant, juste après leur élections, des élus du Hamas, parce que bien que les élections furent libres et transparentes, il fallait punir les palestiniens et leurs leaders (choisis et non nommés) pour leur mauvais choix.

Il est à craindre que la mauvaise foi triomphe et que les pressions, économiques et politiques aient raison de la détermination. Car les partis non bénis par les ex-forces coloniales, auront des défis plus énormes à relever. La preuve en est, l’angle de suspicion avec lequel les élections tunisiennes sont traitées.

 Ennahda ou pas, il est temps que les tunisiens et tous les peuples libérés, se saisissent de leur sort, élisent leurs dirigeants et les changent quand ils ne sont plus à la hauteur….

Hassan SAFOUI

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