Les actes cultuels

La Prière des deux fêtes (de l’Aïd)

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Statut juridique

La Prière des deux fêtes est une sunna fortement recommandée pour quiconque est concerné par l’obligation de la Prière du vendredi. Quant à ceux qui ne sont pas concernés par l’obligation de la Prière du vendredi comme le voyageur, l’enfant ou la femme, la prière des deux fêtes est pour eux recommandée.

La première prière de l’Aïd célébrée par le Prophète (saws) fut celle du « fitr » (rupture du jeûne) en l’an 2 de l’Hégire.

Les pèlerins ne sont pas concernés par la fête du sacrifice, de même que les habitants de Mina qui ne sont pas des pèlerins, il ne leur est pas recommandé de l’accomplir collectivement, mais ils l’accomplissent individuellement pour éviter que les pèlerins ne la fassent avec eux.

Son temps légal

Le temps légal de la prière de l’Aïd débute environ une demi-heure après le lever du soleil « shourouq ». Il s’étend jusqu’au temps légal de la Prière du « dhohr ». Pour la fête du « fitr », il est recommandé de la retarder et de ne pas la hâter et ce, dans un souci de souplesse et de facilité pour les gens. Quant à la fête du sacrifice, il est recommandé de la célébrer au début de son temps pour permettre aux gens de procéder au sacrifice. C’est pour cette raison que l’imam doit alléger la prière de l’Aïd du sacrifice plus que celle de l’Aïd du « fitr ».

Comment s’y rendre ?

Les gens se rendent au lieu de la Prière après le lever du soleil, en marchant si possible, en prononçant le takbir « allahou akbar », le tahlil « la ilaha illallah » et le tahmid « wa lillahil-hamd ». Si la Prière a lieu en plein air, en dehors de la mosquée, les gens s’assoient dès leur arrivée et n’accomplissent pas de prières surérogatoires. Ils continuent le takbir jusqu’à l’arrivée de l’imam. Al-Boukhari et Mouslim rapportent que « le Prophète (saws) sortit le jour de la fête du « fitr » et accomplit deux rak’a sans accomplir des prières surérogatoires, ni avant ni après ». Par contre, si la prière a lieu dans la mosquée, il faut accomplir la salutation de la mosquée en dehors du moment de répréhension (attendre environ une demi-heure après le « shourouq »).

Comment l’accomplir

L’imam commence par la prière, sans adhan ni iqama[2], comme l’a fait le Prophète (saws) et après lui Abou Bakr, ‘Omar et ‘Othman. Lors de la première rak’a, l’imam prononce le takbir sept fois y compris le takbir de sacralisation « ihram »[3]. A la deuxième, il prononce le takbir cinq fois en dehors du takbir du déplacement[4]. Seul le temps nécessaire pour le takbir de ceux qui sont derrière l’imam sépare deux takbirs. Ne pas lever les mains sauf pour le takbir de sacralisation[5].

Au terme des deux rak’a, l’imam prononce un sermon à l’instar du sermon du vendredi (en deux parties séparées par une pause)[6].

L’imam répète le takbir pendant le sermon et les gens répètent derrière lui comme le rapporte Ibn ‘Abbas[7].

Le sermon de la prière de la fête de l’Aïd a un but éducatif, il n’est pas interdit de parler pendant le sermon même s’il est recommandé[8] de ne pas parler.

Le Prophète (saws) avait l’habitude de célébrer la prière de l’Aïd en dehors de la mosquée. Il ne l’a célébrée qu’une seule fois dans la mosquée à cause de la pluie[9].

L’oubli du takbir[10]

Chaque takbir est une sunna fortement recommandée. Aussi, si l’imam l’oublie et s’en rappelle pendant la récitation ou après, il l’accomplit et récite à nouveau, puis, il accomplit les prosternations d’oubli après le salam. S’il s’en rappelle après l’inclinaison, il continue sa prière et accomplit les deux prosternations d’oubli avant le salam final.

Celui qui accomplit la prière de l’Aïd seul (comme celui qui l’a manquée avec le groupe ou en a raté une rak’a), il devra accomplir deux prosternations d’oubli avant le salam même s’il n’oublie qu’un seul takbir. Quant à celui qui prie derrière l’imam, son oubli n’a aucune conséquence.

Le cas du retardataire qui a manqué le takbir ou une partie du takbir
  • Si l’imam est en train de prononcer le takbir, il le rejoint et répète avec lui les takbirs restants, puis rattrape le reste pendant la récitation de l’imam.
  • S’il rejoint le groupe alors que l’imam a commencé la récitation, il prononce le takbir sept fois avec le takbir de sacralisation (pendant la récitation de l’imam).
  • S’il rejoint l’imam à la deuxième rak’a, il prononce le takbir six fois en comptant le takbir de sacralisation, puis lorsqu’il se lève pour rattraper la première rak’a, il prononce le takbir sept fois en comptant le takbir de déplacement.
  • S’il trouve l’imam entrain de réciter mais ne sait pas s’il s’agit de la première ou de la deuxième rak’a, il prononcera par précaution le takbir sept fois avec le takbir de sacralisation.
Le retardataire qui a manqué la prière de l’Aïd

Il est recommandé de la rattraper, seul ou en groupe, en accomplissant les deux rak’a avec les takbirs[11] et sans sermon. Il est recommandé de la rattraper jusqu’à l’heure du zénith. Ne plus la rattraper après ce temps.

Les actes recommandés de l’Aïd
  • Accomplir les grandes ablutions. Le temps légal de cette action commence avec l’entrée du dernier sixième de la nuit. Il est recommandé de les faire après l’accomplissement de la Prière du « fajr ».
  • Se parfumer et porter de beaux habits.
  • Se rendre à la prière en marchant, si possible, à l’aller, et emprunter un autre chemin pour le retour.
  • Prendre un petit-déjeuner pour l’Aïd du « fitr », ne serait-ce que quelques dattes ou de l’eau pour marquer la rupture du jeûne du mois de Ramadan. Pour l’Aïd, il est préférable (si possible) de retarder le petit-déjeuner de façon à consommer de son sacrifice en guise de premier repas de la journée.
  • Prononcer le takbir en se rendant au lieu de prière et en attendant l’imam. Ibn ‘Omar, que Dieu l’agrée, prononçait le takbir le jour du sacrifice et le jour du fitr, à haute voix, jusqu’au lieu de prière, puis, il prononçait le takbir jusqu’à l’arrivée de l’imam[12]. La formulation du takbir est la suivante : « Allahou akbar, allahou akbar, la ilaha illallah, Allahou akbar, allahou akbar, wa lillahil-hamd »
  • La Sunna est de célébrer la prière de l‘Aïd en dehors de la mosquée (si ceci est possible) sauf pour les habitants de la Mecque, il est préférable de l’accomplir dans la mosquée sainte.
  • Le sermon est recommandé pour la prière de l’Aïd. Il est recommandé qu’il soit après la prière. Si le sermon est donné avant la prière, refaire la prière après le sermon. Si la prière n’est pas refaite, la prière de l’Aïd demeure valide, car le sermon est une sunna et ne constitue pas une condition de validité de la prière[13] contrairement à la prière du
  • Il est recommandé de réciter la sourate « al-a’la » ou « al-ghashiya » pendant la première rak’a, la sourate « ash-shams » ou « al-layl » pour la deuxième.
  • Prononcer le takbir pendant les jours du sacrifice au terme de quinze prières obligatoires, à partir de la Prière du dhohr, le jour du sacrifice (le 10ème jour de dhoul-hajja) jusqu’à la Prière du fajr du quatrième jour (le troisième jour de tachriq)[14]. Sa formulation « Allahou akbar (trois fois), la ilaha illallah, allahou akbar allahou akbar, walillahil-hamd ». Ad-Daraqotni rapporte que Ibn ‘Omar a dit : « Le takbir pendant les jours de tachriq commence après la Prière du dhohr du jour du sacrifice et prend fin après la Prière du sobh, le dernier jour de tachriq ».
  • Il est recommandé de manifester et de répandre la joie dans la famille en faisant preuve de largesse. Il est permis, pendant les jours de l’Aïd, de s’amuser et de se détendre sans excès en s’écartant du péché. Mouslim rapporte que ‘Aïsha, que Dieu l’agrée dit : « Abou Bakr entra chez moi alors que deux femmes médinoises étaient à mes côtés en train de chanter des chants que les médinois chantaient le jour de « bou’ath ». Elles n’étaient pas des professionnelles de la chanson. Abou Bakr dit : « Des instruments du diable dans le foyer du Messager de Dieu ?! » C’était un jour de fête (Aïd). Le Messager de Dieu (saws) dit alors : « Ô Abou Bakr, chaque peuple a une fête, et aujourd’hui, c’est notre fête ».
Félicitations et invocations

Il est permis d’adresser aux autres des félicitations à l’occasion de l’Aïd par l’imploration du pardon divin et de l’acceptation des œuvres car ceci contribue à renforcer les liens de fraternité. Abou Oumama al-Bahili rapporte d’après une chaîne de transmetteurs jugée forte « jayyid » qu’en rentrant chez eux, les compagnons se disaient les uns aux autres : « Que Dieu accepte de nous et de vous » (taqaballahou minna wa minkoum).

Interrogé à ce sujet, l’imam Malik dit : « Je ne le connais pas mais je ne le réprouve pas. Je dis que ceci fait partie des bonnes paroles que Dieu a loué dans le verset : « Ils ont été guidés vers la bonne parole » (22 :24)[15] »

Moncef Zenati

[1] – selon l’école malikite

[2] – Dans le « mouwatta » de l’imam Malik : « La prière de la fête du fitr et celle de la fête du sacrifice ne contenaient ni adhan ni iqama et ce, jusqu’à nos jours »

[3] – Ceci est l’avis des malikites. Pour les shafi’ites et les hanbalites, prononcer sept « takbir » en plus du takbir de sacralisation.

[4] – Pour les hanafites, prononcer trois fois le takbir après le takbir de sacralisation, puis trois fois lors de la deuxième rak’a, après la récitation et avant l’inclinaison.

[5] – Ceci est l’avis des malikites et des hanafites

[6] – Ceci est l’avis de la majorité

[7] -« at-taj wal-iklil » 2/197

[8] – « mawahib al-Jalil » d’al-Hattab, 2/196

[9] – rapporté par al-Hakim et Abou Daoud

[10] – Selon les malikites. Pour les shafi’ites et les hanbalites, les takbirs ne se rattrapent pas car il s’agit d’invocations recommandées dont le moment est passé. Ceci est valable pour l’imam et le retardataire.

[11] – Pour les hanafites, il accomplit quatre rak’a sans les takbirs supplémentaires.

[12] – rapporté par at-Tirmidhi et ad-Daraqotni

[13] – Le sermon est une condition de validité pour les shafi’ites

[14] – Ceci est l’avis des malikites, pour les hanbalites le takbir après les Prières obligatoires commencent après la Prière de sobh du jour de ‘Arafat jusqu’à la Prière du ‘Asr du troisième jour de tachriq.

[15] – voir « mawahib al-jalil » et « at-taj wal-iklil »

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