Dieu a créé les cieux et la terre par la vérité et a demandé aux hommes d’édifier leur vie sur la vérité, de sorte qu’ils ne disent que la vérité et n’agissent que selon la vérité.
La perplexité et le malheur des êtres humains sont dus à leur négligence de ce principe évident, à l’emprise sur leurs âmes et esprits de mensonges et d’illusions qui les ont éloignés du chemin droit et les ont faits déviés des réalités qu’il faut respecter.
De ce fait, l’attachement à la véracité en tout, le fait de s’en enquérir dans toute affaire et le recours final à elle dans tout jugement constituent un pilier fondamental dans la morale du fidèle musulman et une caractéristique essentielle dans son comportement. De même, l’édification de la société en Islam était fondée depuis les origines sur le combat des suspicions, le rejet des rumeurs et l’élimination de la défiance et du soupçon. Ce sont seulement les vérités qui doivent primer, dominer et être retenues pour promouvoir les différents rapports.
L’Envoyé de Dieu – que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix – a dit : « Prenez garde au soupçon, car le soupçon est le plus mensonger des propos rapportés » (Al-Bukhârî). Il a dit également : « Laisse ce qui te porte au soupçon pour ce qui t’en éloigne, car la véracité est une sérénité et le mensonge est de la défiance » (At-Tirmidhî).
Le Coran reproche à certains peuples leur précipitation vers les soupçons qui ont remplis leurs esprits de légendes et corrompu leur présent et leur avenir par des mensonges : « Vos pères ne suivent qu’une conjecture et ce qui passionne les âmes, alors que la Direction de leur Seigneur leur est parvenue » (Sourate : An-Najm – L’Etoile – verset : 23). « Ils n’en ont aucune connaissance ; ils suivent une simple conjecture. La conjecture ne sert à rien contre la vérité » (Sourate : An-Najm – L’Etoile – verset : 28). En raison de son grand respect pour la vérité, l’Islam harcèle les menteurs et les fustige impitoyablement.
‘Aïcha, la Mère des croyants, rapporte ceci : « Il n’y avait rien de plus détestable à l’Envoyé de Dieu – que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix – que la manie de mentir. Chaque fois qu’il apprenait qu’un homme avait menti, il le délogeait de son cœur jusqu’à ce qu’on lui rapporte qu’il s’en était repenti » (Ahmad).
Dans une version remontant à ‘Aïcha : « Il n’y avait rien de plus détestable à l’Envoyé de Dieu – que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix – que le mensonge. Quand un homme mentait en sa présence, il ne cessait de lui en tenir rigueur jusqu’à ce qu’il apprenne que cet homme s’en était repenti » (Ibn Hibbân).
Ceci n’est pas surprenant quand on sait que les anciens pieux se retrouvent dans les vertus et se reconnaissent en elles. Ainsi, lorsque l’un d’eux se comportait mal et cherchait à se distinguer par un comportement fautif, il devenait par cet agissement comme un galeux au milieu des sains. Son séjour ne devenait agréable que s’il était guéri de son mal.
D’ailleurs, les principaux traits qui caractérisaient la première communauté musulmane se résumaient dans la véracité du propos, l’exactitude de la formulation et la maîtrise des paroles.
Quant au mensonge, à la duplicité, à la fraude et à la calomnie, ce sont les signes d’hypocrisie et de rupture des liens avec la Foi, ou plutôt ce sont des formes de rattachements à la Foi selon le style des fraudeurs et des calomniateurs, c’est-à-dire le style des menteurs dans leur opposition à la réalité.
Extrait du livre « L’éthique du musulman » de Muhammad AL GHAZALI, éditions AL QALAM