Article paru le vendredi 28 novembre 1952 dans le journal bimensuel : "Le Jeune Musulman" - Organe des jeunes de l'Association des Oulamas musulmas d'Algérie -.
A l’occasion de l’anniversaire de Mohammad – Que Dieu le bénisse – chaque Musulman doit méditer la vie de cet illustre sauveur de l’humanité qui fut l’auteur d’un bouleversement social étonnant. Car la vie de Mohammad doit servir d’exemple à nous jeunes, qui voulons œuvrer pour la prospérité de notre nation. Ceci est d’autant plus vrai que nous vivons à une époque où les grandes puissances occidentales prétendent servir l’idéal humanitaire le plus grand. Mais la réalité est tout autre ; il y a, surtout dans les pays colonisés, un renversement de valeurs : la délation est un fait héroïque; la trahison est décorée ; et vouloir clamer la vérité est un péché grave.
Voila la triste réalité ou nous somme. Mais un élément nouveau est venu nous réconforter : la jeunesse musulmane se met à coté de ses aînés pour porter le dernier coup au colonialisme. C’est ce qui me pousse, à l’occasion de cet anniversaire, à parler aux jeunes musulmans Algériens. Car à cette heure ou tant de problèmes se trouvent en suspens, où le drame intellectuel et moral, et même celui de la civilisation ne le cède en rien à celui que vivent les autres nations, je voudrai avec des jeunes considérer, s’il n’est pas dans ce chaos, quelques éléments d’espoir à cet effet, je passerai en revue les différentes intéressant, au premier point, les jeunes musulmans.
Ce faisant, je ne fais que m’incliner devant le principe qui veut qu’il faut détruire pour mieux construire. En effet, je pense qu’il est indispensable de connaître la vérité même si elle est choquante pour que l’on puisse partir de pied ferme. Cela étant, la jeunesse musulmane ne doit compter que sur ses propres moyens. C’est parce que la jeunesse à été le pilier de toutes les révolutions et l’élément enthousiaste de toute les renaissances, que la nôtre doit bien se connaître. C’est dans la mesure où cette introspection est sincère que les solutions de nos difficultés seront faciles, et le choix des moyens appropriés sera d’autant plus aisé.
Il est incontestable que la jeunesse qui remplit son devoir, peut créer des miracles. Enthousiasme, ardeur, foi inébranlable dans son bon droit, tels sont les principes qui guiderons le jeune dans son action. Grâce à ces efforts répétés, il pourra venir à bout des difficultés.
D’ailleurs, l’histoire est là pour lui donner raison : toutes les révolutions se sont appuyées sur une jeunesse vivante. Les Prophètes eux-mêmes, tels Jésus et Mohammad – Que Dieu les bénissent – ont été pénétré de cette vérité fondamentale : s’appuyer sur la jeunesse pour imposer la Vérité divine. Jésus eut pour compagnons des hommes de son âge. Mohammad fit appel à la vigilance de certains adolescents qui trouvèrent dans la Nouvelle mission (l’Islam) une occasion pour manifester leur dévouement. L’exemple de ‘Ali est plus édifiant : il n’hésitera pas, la nuit de l’Hégire, à dormir dans le lit du prophète, pour donner le change aux Koraïchites au risque d’être tué. Ousama, Zayd, Khalid, ‘Ali dans le monde arabe, Joseph, Mazini et l’italien Garibaldi s’attachèrent l’enthousiasme des jeunes. Garibaldi alla plus loin : il créa des organisations de jeunesse et tout patriote de moins de 40 ans devait y adhérer. Le jeune doit savoir que cette prise de position implique des responsabilités nombreuses. Mais la satisfaction du devoir accompli primera tout, tant il est vrai que l’amour patriotique est un véritable sacrifice.
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Il est un fait indéniable : un peuple ne saurait aspirer à la liberté sans la science. Pour pouvoir évoluer vers un progrès positif, il lui est indispensable de lutter contre l’analphabétisme. Une nation entière luttant contre l’ignorance qu’on perpétue délibérément, est digne d’estime. Aussi le jeune doit-il aider à la construction d’établissement scolaire. A ce moment, le jeune musulman algérien méritera de la patrie. Mais actuellement, la nation algérienne est, dans sa grande majorité, analphabète. Cette situation sert les intérêts des colonialistes qui ne manqueront pas de spolier nos richesses.
Ainsi, si notre jeunesse remplit avec fidélité son devoir vis-à-vis de la science, nos espérances ne tarderont pas à se réaliser.
Le devoir de chaque jeune algérien est claire, du moins actuellement. Il devra tendre tout ces efforts vers la science. S’instruire lui-même, donner sa quote-part pour la construction d’établissements scolaires et culturels, organiser des cours d’adultes tous les soirs, aider les organisations nationales, telle est l’attitude du jeune musulman. Ce faisant, il consentira des sacrifices énormes certes, mais l’avenir de notre beau pays s’en ressentira.
Cheikh Abd-el-Baki – (Traduit de l’Arabe par El-Kadir)
2 Comments
Et pourquoi ne pas souhaiter pour la France que la langue arabe soit enseignée partout dans les écoles primaires?!
Le prophète OSEE Ch. 4 v.6 sq déclare :
« Mon peuple périt faute de connaissance. Parce que tu as rejeté la connaissance, je te rejetterai de mon sacerdoce. » Il est clair que nous devons nous instruire des « choses de Dieu » et je souhaite pour l’Algérie que le français y soit enseigné partout dans les écoles primaires. Demandons à Jésus-Yashû cette lumière comme il est dit dans le Coran sourate 5:46 » Et nous lui (Jésus) avons donné l’Evangile , où il y a guide et lumière. »