« La plus petite action vaut mieux que la plus grande des intentions »
De nombreux fléaux frappent la communauté musulmane : la pauvreté, l’islamophobie, l’occupation de la Palestine (…). Pourtant, le plus grand de ces fléaux réside dans l’insouciance ou plutôt la passivité qui touche nombre d’entre nous.
Pour illustrer mon propos je vais prendre l’exemple de la Palestine : Combien d’entre nous, prenant l’admirable initiative d’assister à une conférence autour de ce sujet, se sont vus émus jusqu’aux larmes ? Combien, une fois cette émotion envolée, sont retournés à leur routinière insouciance ?
Qu’avons-nous alors compris de cette conférence ? Et plus généralement combien de constats faisons-nous sans pour autant agir ? Sommes-nous ici-bas pour pleurer ou au contraire pour agir ?
Face à des évènements tragiques, il est normal d’avoir un sentiment de révolte. Mais si cela reste sous forme de ressentit et ne se traduit pas sous forme d’action, la question est la suivante: en quoi ai-je été utile ? En quoi ai-je fais avancer la cause de l’islam ?
Nous devons transformer ce constat, cette émotion légitime, en action. Sans cet effort, elle reste simplement inutile. La sensibilisation autour d’une cause ne doit être que la première étape d’un processus menant vers l’action concrète. L’érudit Mahatma Gandhi disait : « Celui qui voit un problème et qui ne fait rien, fait partie du problème». Pleurer sur la situation de nos frères et sœurs en terre sainte c’est bien, boycotter les produits de l’occupation c’est mieux !
Le constat ne suffit pas, agissons maintenant :
Le Prophète (BDSL) dit dans le hadith authentique : « Si l’un de vous voit un mal, qu’il le change avec sa main. S’il ne le peut pas, qu’il le change avec sa langue. S’il ne le peut pas, qu’il le fasse dans son cœur… et ceci est le plus bas degré de la foi. » Hadith
Les paroles de ce hadith ainsi que sa construction m’ont profondément marqué. Le Prophète (bdsl) avait cette capacité d’exprimer en peu de mot de grandes idées riches d’enseignement. A la lecture de ce hadith, me sont apparus trois enseignements fondamentaux :
- Le premier est-que le fait de réprouver un mal uniquement avec le cœur, in fine de rester dans le constat, constitue «… le plus bas degré de la foi »,
- la deuxième est que le plus haut degré est celui de la main, celui de l’action concrète,
- la troisième enfin: le choix du niveau d’action (main, langue ou cœur), n’a pas à dépendre de la volonté de l’individu. D’une lecture approfondie peut découler une analyse évidente: le Prophète (bdsl) utilise le terme « s’il ne peut pas », et non « s’il ne veut pas ». L’action d’entraide devant « un mal » est une obligation pour les musulmans que nous sommes. Ne nous cantonnons pas à la réprobation morale si nous pouvons faire autrement. Car la réprobation morale ne dépassera pas le champ de notre personne, et comme est vaine la pensée qui ne peut éclore.
Mais avons-nous la capacité de faire autrement ?
Je suis las des discours défaitistes, pessimistes: «on ne peut rien faire » « nous sommes faibles» (…).
Un individu peut être de nature défaitiste, c’est déjà en soit condamnable. Mais ce qui l’est plus encore, c’est que cet individu devienne entreprenant lorsqu’il s’agit de démotiver autrui. Ce comme si le résultat lui appartenait, alors qu’il n’appartient qu’à Allah (Exalté soit-Il). Nous il est nous est simplement demandé d’œuvrer, nous avons une obligation de moyen et non de résultat, ce dernier est entre les mains d’Allah (Exalté soit-Il) uniquement et nous plaçons notre confiance en Lui :
{Que votre espoir soit en Allah, pour peu que vous croyez en Lui !} Sourate 5 Verset 23
Aucune action n’est inutile, on me répond souvent « oui mais arrête ! Ce n’est pas moi tout seul qui va changer les choses ! » Ma réponse sera celle de Edward Everett qui disait : « Certes, je ne suis qu’un. Mais je suis un. Je ne peux pas tout faire. Mais je peux faire quelque chose. Et le fait de ne pas pouvoir tout faire ne m’autorise pas à refuser de faire ce que je peux faire. »
Parmi les individus inactifs, il y a ceux qui n’agissent pas mais qui se permettent de critiquer autrui. A tout va, les défauts sont listés. Certes, personne n’est parfait et des actions d’associations peuvent être critiquées (les actions des associations et non les personnes …). Certes, celles-ci font parfois preuves de manquements. Mais ne vaut-il pas mieux faire l’objet de critiques pour son travail plutôt que son seul travail soit la critique de celui des autres ?
Allah nous informe dans le Coran : {En vérité, Allah ne change pas l’état d’un peuple tant que celui-ci ne change ce qui est en lui-même. } (Sourate 13 – Verset 11) ce verset est explicite, chacun d’entre nous doit entamer une réforme intérieure et profonde. Léon Tolstoï, romancier Russe, disait : « Beaucoup veulent changer le monde mais peu veulent changer ce qu’il y a en eux-mêmes » autrement dit le problème vient de nous-mêmes. Nous sommes pleins de bonnes intentions, mais malheureusement vide d’actions. Tu veux être utile au Palestinien ? Boycotte les produits issus des colonies Israéliennes, tu seras déjà plus utile qu’en restant passivement dans ton émoi.
L’excuse de la spiritualité ou de se consacrer à la recherche de la science
Souvent on entend « moi je préfère me consacrer au côté spirituel plutôt car l’action dawatique cela crée souvent des problèmes (…) » ou encore « j’en connais, ils sont dans la dawa mais d’un point de vue spiritualité pour moi ce ne sont pas des modèles etc… ». Le problème ici est que nous avons une conception chrétienne de la spiritualité. N’oublions pas qu’en Islam, les notions d’ermite et de monastère n’existent pas ! La seule réelle spiritualité est celle qui pousse à l’action, qui nous donne cette force d’agir, qui nous motive, nous sert de moteur dans cette dawa. Quel niveau de spiritualité à celui qui n’agit pas ?
Une spiritualité forte est indispensable à l’être humain pour supporter les épreuves de la vie, sans elle, il risque à chaque difficulté de remettre en cause le Destin d’Allah (Exalté soit-Il) et de ne pas accepter son sort. Mais les épreuves sont inhérentes à notre vie ici-bas.
{Ne voient-ils pas que chaque année on les éprouve une ou deux fois ? Malgré cela, ils ne se repentent, ni ne se souviennent.} Sourate 9 verset 126
Si ce besoin de spiritualité est vrai pour tout musulman, cela est encore plus vrai pour le prédicateur. L’action dawatique a aussi ses dangers propres mais le Prophète (bdsl) a dit : « Le croyant qui fréquente les gens et supporte leur gêne est meilleur que celui qui ne les fréquente pas et n’endure pas leur nuisance. »
De plus comment, pouvons-nous quantifier cette spiritualité ou même le savoir d’une personne si ce n’est dans l’action. Muhammad Ibn An-Nadr a dit: « La science débute par l’écoute et le silence, puis la mémorisation, puis la mise en pratique, puis la propagation. » (« As-siyar » 8/175). La propagation …
Il faut sortir arrêter cette quête d’une spiritualité « sensationnelle », celle qui ne dépasse pas le ruissellement des larmes, et chercher, comme les compagnons, une spiritualité qui nous permet de déplacer des montagnes pour notre cause.
Le prophète (bdsl) n’a-t-il pas dit que le meilleur des musulmans est le plus utile aux autres ?
‘Othman
4 Comments
Que celui qui veut agir regarde autour de lui, car il y a de nombreux musulmans en détresse à deux pas de nous, des mamans seules dont les enfants partent à la dérive, des vieilles personnes isolées, grands-pères, grands-mères, qui se meurent, et dont les enfants ne s’occupent pas. Quelle honte!
cela raisonne en moi comme au sens qu’a su apporter Hassan Al Banna RahimahoLLAH dans ses principes fondamentaux … Merci Othman pour ton « cri du coeur »! on en a tellement besoin comme pensées positives hamdollah tu as su recadrer les choses avec des mots simples Merci encore pour cette grande lucidité d’esprit qui se fait rare de nos jours!
Bel hymne à l’action et à l’engagement.
Magnifique !