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Islamophobie: Est-ce mieux du côté de François Hollande ?

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Le quinquennat de Nicolas Sarkozy s’est caractérisé, vis-à-vis des musulmans, par une radicalisation qui était jusqu’ici le domaine réservé de l’extrême droite. C’est comme si le FN avait gouverné par procuration, étant donné que ses idées maîtresses relèvent plus des gesticulations d’un parti qui ne s’est jamais confronté à l’exercice du pouvoir, que d’un programme politique réaliste.

Les exemples ne manquent pas pour illustrer un tel constat. Rappelons-nous, en 2007, de Nicolas Sarkozy qui déclarait que : « La France est un pays ouvert, mais ceux que nous accueillons doivent prendre en compte nos valeurs. (…) On ne peut pas parler d’intégration sans dire ce que nous sommes, ce qu’est la France », mais aussi : « Ceux qui méprisent la France, ceux qui la haïssent ne sont pas obligés de rester ».

Une prise de position qui, en filigrane, visait principalement cette composante de la société française qui, avec les nouvelles générations, commence à devenir visible. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’a été concocté un débat « national », qui a fait un pschitt retentissant aux frais du contribuable, ainsi qu’un colloque de clôture pour le moins ridicule. Tout au long de ce funeste débat, les critiques sur sa pertinence, vu qu’une identité ne saurait être figée à jamais, ne manquèrent pas, et les débordements non plus. Le site internet du ministère, dont l’intitulé alliait perversement l’identité nationale et l’immigration, avait été inondé de messages pleins de haine à l’endroit des musulmans.

Le président ne porte peut-être pas les musulmans dans son cœur, et ce n’est bien sûr pas ce qui lui est demandé. Mais il est à craindre que cette aversion n’ait pas été de nature à ouvrir la voie à l’apaisement des esprits, en paroles et en actes. Les agressions à l’encontre des musulmans se multipliant dangereusement…

Rappelons-nous aussi de ce qu’avait révélé le journaliste de Libération Jean Quatremer dans son blog[1]. Selon ce journaliste, et lors d’une réception du Premier ministre irlandais, Bertie Ahern, puis suédois, Fredrik Reinfeldt, le 3 octobre 2007, le président français se serait livré à une véritable diatribe antimusulmane devant ses invités. Le chef de l’Etat s’est lancé dans un monologue, « dans un langage très dur, très familier, choquant pour tout dire», contre le «trop grand nombre de musulmans présents en Europe » et leurs difficultés d’intégration. Il a aussi décrit de façon apocalyptique le « choc des civilisations » qui oppose les musulmans à l’Occident… Ceci bien entendu pour argumenter sur l’incompatibilité de la Turquie avec l’Europe.

L’ironie du sort nous prouve aujourd’hui que la Turquie échappe à la crise économique que connaît l’Europe… Mais bon, là n’est pas le problème. L’histoire finit toujours par enseigner aux Hommes qu’il n’y a pas pire que l’orgueil… L’épisode du ministre de l’Intérieur (Sarkozy) nommant un préfet « musulman » (!) comme si la République liait le mérite à la confession, n’a trompé personne… Même la nomination des « ministres de la diversité », malgré la bonne intention dont certains l’ont crédité, a laissé un goût amer. L’inexistence du bilan de Fadela Amara, et la superficialité du passage de Rachida Dati au ministère de la Justice, en disent long sur la pertinence de ces nominations.

A ce propos, il me vient à l’esprit, la parole émanant d’un proche du président en 2010 : « Elle est beurette, diplômée, ne fait pas le ramadan et a fait un bon coup en s’affichant avec Elisabeth Badinter »,en parlant de Jeannette Bougrab, cette juriste qui a d’abord été nommée à la tête de la Halde, entraînant un changement radical du comportement de cette institution envers les droits des musulmans…

C’est cette même Jeannette Bougrab qui avait affirmé qu’elle ne « connaissait pas d’islamistes modérés », ce qui lui avait valu, selon le Parisien, le sévère rappel à l’ordre du Premier ministre. Il est vrai que le choix démocratique de pays arabes, qui venaient de se libérer de dictatures longtemps soutenues par la France, ne pouvait être commenté de la sorte par une ministre de la République.

Ce quinquennat fut aussi celui de deux ministres de l’Intérieur successifs, Brice Hortefeux, dont on se souviendra des propos limites sur « les arabes », et Claude Guéant, qui asséna entre autres que « certains Français ont le sentiment de ne plus être chez eux « , que le taux d’échec scolaire des enfants d’immigrés est plus élevé, ce qui a été démenti depuis.

Est-ce mieux du côté de François Hollande ? Celui-ci a repris, sans vérification aucune, l’information selon laquelle les femmes étaient séparées des hommes au congrès de l’UOIF; un mensonge éhonté ! Comme si, à cette rencontre, il y avait une « police des moeurs » qui contraindrait les hommes et les femmes à s’asseoir séparés les uns des autres ! Nous pourrions lui opposer la pratique, cette fois-ci avérée, selon laquelle, lors de meetings de nombreux prétendants à l’investiture suprême, avant le 22 avril et même avant le 6 mai, des personnes d’âge mûr étaient reléguées dans le fond des salles…

François Hollande, en réponse à l’appel fictif des 700 mosquées évoqué par Sarkozy, n’a pas osé pointer du doigt le propos réel celui-là, venant du président du CRIF, en soutien au président sortant, tenu dans un journal israélien ! Que n’aurions-nous pas entendu, s’il s’était agi d’un imam de France soutenant un candidat dans un journal arabe !

N’oublions pas la condescendance avec laquelle les socialistes traitent les « immigrés », et comment des couloirs des hautes sphères socialistes, sont nées des associations comme « SOS racisme », et « Ni putes ni soumises ». Deux associations qui, à maintes reprises, ont nié  « l’existence de l’islamophobie en France », la seconde n’ayant pas hésité à lier certains faits divers tragiques survenus dans les banlieues à la référence musulmane des acteurs et des victimes.

N’oublions pas non plus que c’est le Sénat, fraîchement élu et passé aux mains des socialistes, qui a lancé une nouvelle machine du laïcisme inquisitoire avec la proposition de loi contre les  nounous voilées… D’un côté, on nourrit la discrimination envers les musulmans au nom de l’identité nationale menacée d’altération, et de l’autre, au nom d’une sacro-sainte laïcité, qui ne se contente pas d’empêcher l’immixtion de la religion dans la gestion de « la chose publique », mais va jusqu’à imposer leur mode de vie et leurs « croyances et pratiques » aux musulmans.

Après le 6 mai, que l’on se retrouve avec Sarkozy ou Hollande à la tête de l’Etat, je crains fort que les musulmans ne restent l’épouvantail qui servira toujours de variable. L’islamophobie, bien que le terme soit galvaudé, n’a été citée par aucun des candidats, alors que nous sortons d’une période riche en profanations de mosquées et de carrés musulmans, marquée par une recrudescence de discriminations envers les musulmans.

Il est peut-être grand temps que le prochain président de la République française, qu’il se nomme Sarkozy ou Hollande, cesse de conforter les islamo-sceptiques et les racistes dans leur délire.

Les musulmans ne sont responsables ni de la perte de souveraineté de la France au profit d’un système capitaliste de plus en plus féroce, ni de l’effritement des liens sociaux et familiaux, ni des problèmes des banlieues… Il est grand temps que les musulmans de France refusent d’être à ce point instrumentalisés, parfois pour séduire l’électorat extrémiste, mais  parfois aussi, en acceptant que leur sensibilité soit chatouillée par des nominations faire-valoir, et des promotions qui n’en sont pas…

Il est grand temps que la France accepte enfin  ses musulmans. Ceux-ci, au lieu de s’attarder sur le fait de savoir qui est le candidat le moins  « islamo-sceptique », feraient mieux de se poser la seule question qui en vaut vraiment la peine : Quels sont les politiques capables d’opérer un vrai changement, et d’impulser une véritable force à notre pays ?

[1] Blog « Coulisses de Bruxelles », 14 novembre 2007.

Source : Oumma.com

4 Comments

    • Havre De Savoir Reply

      Wa alaykum salam, l’auteur est Hassan SAFOUI

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