Les musulmans célèbrent deux fêtes principales dans l’année : « ‘Aïd à al-fitr » (la fête de la rupture du jeûne annonçant la fin du mois de Ramadan) et « ‘Aïd al-adha » (la fête du sacrifice en commémoration du sacrifice du prophète Ibrahim, que la Paix de Dieu soit sur lui).
Mais les fêtes en islam ne sont pas de simples occasions pour organiser des cérémonies festives ou pour se réunir autour d’un festin bien que cela en fasse partie.
En effet, au-delà de leur dimension festive, l’islam vise à réaliser à travers ces deux fêtes des objectifs d’ordre spirituel et humanitaire.
Dimension spirituelle de l’Aïd
La dimension spirituelle se manifeste à travers l’Aïd dans la mesure où cette fête commence par la célébration de la Prière, par le « takbir » (dire allahou akbar », le « tahlil » (dire la ilaha illallah), le « tahmid » (dire al-hamou lillah). La fête de l’Aïd en islam est ornée d’invocations.
Les deux fêtes sont également liées aux actes d’adoration instaurées par l’islam. En effet, l’Aïd al-fitr arrive juste après le jeûne, pendant que l’Aïd al-adha se situe en période du Pèlerinage.
Ainsi la fête en islam n’est pas une occasion de se libérer des limites fixées par la religion pour satisfaire ses passions et ses désirs. Les fêtes en islam sont avant tout des fêtes spirituelles, fortement liées à Dieu ; des occasions pour se rappeler de Dieu. ‘Omar ibn ‘Abdel-‘Aziz disait : « Ce n’est pas un jour de fête pour celui qui met des vêtements neufs, mais un jour de fête pour celui qui redoute la menace divine ».
Cela ne signifie nullement que la joie et l’amusement n’ont de place dans les fêtes musulmanes. Au contraire, lorsque le Prophète (BSDL) vit Abou Bakr réprimander les deux femmes qui chantaient chez lui, il dit à Abou Bakr : « Laisses-les ! Chaque peuple à une fête, et ce jour est notre jour de fête » (rapporté par al-Boukhari et Mouslim). Cela signifie simplement que les différentes festivités doivent être dans la limite des prescriptions de l’islam.
Dimension humaniste de l’Aïd
La dimension humaniste et sociale se manifeste clairement à travers les fêtes musulmanes. Dans ces moments de fêtes, le musulman ne pourrait oublier son frère. Il ne pourrait faire la fête seul en oubliant les plus démunis. Les fêtes musulmanes bannissent l’égoïsme.
Ainsi, l’islam a-t-il instauré zakat al-fitr à l’occasion de l’Aïd al-Fitr. Le Prophète (BSDL) l’a prescrit, comme l’évoque Ibn ‘Abbas, pour qu’elle soit une purification pour le jeûneur de toute parole futile et de tout propos obscène ainsi qu’une nourriture pour les nécessiteux (rapporé par AbouDaoud). Le Prophète (BSDL) dit également à propos de la finalité de zakat al-Fitr : « Epargnez-leur la mendicité ce jour-là » (rapporté par ad-Daraqoutni et al-Bayhaqi).
De même, l’islam a instauré le rite du sacrifice pour que le musulman en dépense pour sa famille, ses proches, et les nécessiteux. C’est ainsi qu’est distribué le sacrifice : un tiers pour la consommation personnelle, un tiers pour se le partager entre voisins et proches et un tiers pour les pauvres. Plus la part des pauvres est grande, plus cela est mritoire. Dieu dit : « Mangez-en vous-même et faites-en manger le pauvre » (Sourate 22 : verset 27).
Cette largesse n’est pas limitée aux pauvres musulmans mais englobe les nécessiteux parmi les non-musulmans. En effet, Abou Daoud et at-Tirmidhi rapportent qu’on sacrifia une bête pour ‘Abdoulah ibn ‘Amr ibn al-‘As. Lorsqu’il rentra chez-lui, il dit : « En avez-vous offert à notre voisin juif ?! J’ai entendu le Prophète (BSDL) dire : « L’Ange Gabriel ne cessa de me recommander la bonté à l’égard du voisin au point ou je pensai qu’il allait lui attribuer une part de l’héritage ».
Et d’une manière générale, l’islam saisi l’occasion des différentes fêtes (mariage, ‘aqiqa) pour réaliser cette dimension social. Le Prophète (BSDL) dit au sujet du repas du mariage : « Le pire des repas, est le repas du mariage auquel on appelle le rassasié et où on en prive l’affamé » (rapporté par Mouslim), et dans une autre version : « On en prive celui qui en a besoin, et on y appelle celui qui n’en a pas besoin » (rapporté par at-Tabarani).
Tel est l’esprit de la fête en islam. Manger seul, réunir sur la table toutes sortes de nourritures et toutes sortes de boissons, porter les plus beaux vêtements alors que pas loin de toi se trouve un frère, une sœur, un proche, un voisin, un pauvre qui ne trouve pas de quoi manger. Ne fait pas partie des valeurs de l’islam. Il ne peut y avoir de fraternité entre une personne qui met la main sur le ventre à cause de la douleur provoqué par l’indigestion et une autre qui met la main sur le ventre se plaignant de la douleur provoquée par la faim.
L’islam ne pourrait accepter une telle indifférence. Le Prophète (BSDL) : « Ne croit pas en moi, quiconque passe la nuit rassasié alors que son voisin, à côté de lui, a faim , tout en étant au courant » (rapporté par ad-Daraqoutni et al-Bazzar).
Ainsi l’islam fait de ces fêtes des moments de solidarité, de partage et de compassion pour que les musulmans fassent de ces qualités des traits de caractères. Le Prophète (BSDL) dit : « La personne la plus aimée de Dieu est la plus utile aux gens. Et l’action la plus aimée de Dieu est une joie que tu apportes à un musulman, le soulager d’une affliction, lui payer sa dette ou repousser de lui la faim. Accompagner un frère pour un besoin m’est préférable au fait d’effectuer une retraite spirituelle dans cette mosquée pendant un mois. Et quiconque retient sa colère, Dieu lui protège sa dignité, et quiconque contient sa rage, en étant capable de l’exprimer, Dieu lui remplira son cœur d’espoir le Jour de la Résurrection. Et quiconque accompagne son frère pour un besoin jusqu’à le lui réaliser, Dieu lui raffermira ses pieds (sur le pont), le jour où les pieds glisseront » (rapporté par ad-Daraqoutni).
La dimension humaniste des fêtes musulmanes se manifestent également à travers les vœux que les musulmans s’adressent mutuellement, mettant ainsi fin aux disputes et aux rancunes, réformant, à l’occasion, les liens de fraternité car « l’altération des relations, comme dit le Prophète (BSDL) est celle qui coupe, je ne dis pas quelle coupe les cheveux mais la religion » (rapporté par Abou Daoud, Ibn Hibban, et at-Tirmidhi). La fête de l’Aïd doit être un moment de pardon et de réconciliation. Le musulman se doit, ce jour-là, de rechercher ses proches, ses parents, ses frères et sœurs, ses voisins afin de rétablir les liens avec ceux qui les ont rompus, de faire acte de charité envers ceux qui ont refusé de la lui accorder, de faire preuve de pardon à l’égard de ceux qui ont fait preuve d’injustice à son encontre. Telles sont les nobles caractères que le Prophète (BSDL) est venu accomplir : « Je n’ai été envoyé qu’afin d’accomplir les nobles caractères » (Rapporté par Malik).
Moncef Zenati
2 Comments
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Islam de Paix et d’Amour ! Prions pour que les chrétiens d’expression arabe puissent vivre leur foi chrétienne en toute quiétude ! Que les malheureux coptes en Egypte vivent dans la paix et non dans la TERREUR !