Nous poursuivons nos discours sur le repentir. Nous avons parlé lors des sermons précédents de la vérité du repentir, de ses éléments constitutifs et des différentes catégories des péchés qui exigent le repentir. Aujourd’hui, nous allons aborder les causes qui empêchent le repentir. En effet, si le repentir est obligation pour tout musulman et toute musulmane, pourquoi les gens ne se repentent pas ? Si le repentir est une obligation immédiate qu’on ne peut ajourner, alors pourquoi les gens le retardent constamment ?
Parce qu’il existe plusieurs causes qui empêchent le repentir :
Première cause empêchant le repentir : La sous-estimation des péchés :
Nombreux sont les gens qui ne se rendent pas compte qu’ils sont coupables de péché, d’autant plus que beaucoup d’entre eux pensent que le péché réside uniquement dans la fornication et la consommation de l’alcool, alors qu’en réalité, les péchés que les gens commettent sont innombrables. Mais, ils ne s’en rendent pas comptent car ils s’y sont accoutumés : les péchés de la langue, des oreilles, des yeux et des sens, et plus grave encore, les péchés du cœur tels que l’arrogance, l’autosatisfaction, l’ostentation, la jalousie, l’amour du prestige, la haine, l’animosité …
La première chose qui pousse à se repentir est le fait de prendre conscience du péché ; le fait que le péché te perturbe, altère ta vie, te brule de l’intérieur au point de te sentir à l’étroit dans ta propre personne. Par contre le danger réside dans la sous-estimation du péché en disant : « ce péché est minime, si seulement tous les péchés que j’ai commis étaient comme celui-ci », sache que là réside le danger. Les pieu-prédécesseurs disaient : « le péché qui risque de ne pas être pardonné est celui à propos duquel son auteur dit : si seulement tous les péchés que j’ai commis sont comme celui-ci ».
L’un des pieux-prédécesseurs était tellement souffrant qu’on cru qu’il était mourant. Ses élèves lui rendirent visite. Ils le trouvèrent tout en pleurs. Ils essayèrent alors de le consoler en lui disant : ô Père d’untel, qu’est ce qui te fait pleurer ?! Nous ne t’avons jamais vu manquer une obligation religieuse ni transgresser un interdit ni négliger un devoir. Nous n’avons vu qu’un homme vertueux qui enseigne et appelle au bien. Il leur dit : « Par Dieu ! Je ne pleure pas pour avoir manqué une obligation ni pour avoir transgressé un interdit ni pour avoir négligé un devoir, mais je pleure car je crains avoir commis un péché insignifiant à mes yeux alors qu’il est énorme aux yeux de Dieu ! »
« Un péché insignifiant à mes yeux alors qu’il est énorme aux yeux de Dieu ! », Le Coran fait mention de ceci en évoquant la calomnie dont ‘Aïsha, que Dieu l’agrée, la mère des croyants, la véridique fille du véridique, a été victime. Ses détracteurs ont répandu à son sujet une rumeur portant atteinte à son honneur. Ils ne cessèrent de colporter la calomnie en sous-estimant cet acte. Dieu révéla alors une dizaine de versets dans la sourate « la lumière » innocentant ‘Aïsha, que Dieu l’agrée, et s’adressant à ses détracteurs en ces termes : « quand vous colportiez la rumeur avec vos langues et disiez de vos bouches ce dont vous n’aviez aucun savoir ; et vous le comptiez comme insignifiant alors qu’auprès de Dieu cela est énorme » (La lumière : 15).
Le Prophète (r) dit : « Certes, en prononçant un mot sans lui prêter attention, l’homme se trouve précipité en Enfer d’une distance équivalent à celle parcourue en soixante dix ans » (rapporté par at-Tirmidhi). Il s’agit là d’un mot prononcé sans lui prêter attention, mais qui porte atteinte à l’honneur d’une personne, à sa dignité ou la blesse.
Le véritable croyant est celui qui craint ses péchés. Al-Boukhari rapporte que Ibn Mas’oud dit : « Le croyant voit ses péchés comme une montagne et craint que celle-ci ne s’effondre sur lui. Quant à l’hypocrite, il voit son péché comme une mouche qui se pose sur son nez et qui d’un geste de la main s’envole ». Le croyant ne sous-estime aucun péché. Le péché mineur est pour lui un péché majeur. S’il s’agit d’un péché majeur, il l’accentue davantage. Les pieux-prédécesseurs disaient : « Ne regarde pas la petitesse du péché, mais ais conscience de la grandeur de Celui à qui tu as désobéit ! ». Tous les péchés sont dangereux. S’il s’agit d’un péché mineur, celui-ci conduira au péché majeur, le feu ardent n’est-il pas constitué d’étincelles ?!
Al-Hassan al-Basri dit : « L’homme persiste dans son péché jusqu’à ce qu’il le sous-estime et le minimise dans son cœur, et c’est là le signe de la perdition, car plus le péché devient insignifiant aux yeux de l’homme, plus il devient énorme aux yeux de Dieu ».
Ainsi, sous-estimer le péché est la première cause qui empêche le repentir.
Deuxième cause empêchant le repentir : S’en remettre au Pardon de Dieu sans en rechercher la cause :
Dieu est sans aucun doute pardonneur et extrêmement miséricordieux. Certes, Sa miséricorde englobe toute chose. Mais cette miséricorde dont Dieu dit : « Et Ma miséricorde embrasse toute chose » (al-A’raf : 156) ; qui la mérite ? Dieu poursuit en disant : « Je la prescrirai à ceux qui Me craignent, s’acquittent de la zakat et ont foi en Nos signes » (al-A’raf : 156). Dieu dit également : « Certes, la miséricorde d’Allah est proche des bienfaisants » (al-A’raf : 56). Ainsi, Dieu est certes miséricordieux, Il est même le Tout Miséricordieux, mais Il ne distribue pas Sa miséricorde à celui qui la mérite et à celui qui ne la mérite pas, ni à celui qui réfutent Ses prescriptions ou qui ne se soucie point de Ses injonctions ni de Ses interdictions.
Aussi, garde-toi des faux espoirs. Le Prophète (r) dit : « Le sage est celui qui se demande des comptes à lui-même et qui agit en vue de ce qui vient après la mort. Et l’incapable est celui qui se laisse guider par ses passions tout en nourrissant au sujet de Dieu de vains espoirs » (rapporté par at-Tirmidhi) ; il vit dans le péché sans s’en soucier, puis espère le pardon de Dieu sous prétexte qu’Il est miséricordieux !
Certains exégètes rapportent dans leurs « tafsirs » que Dieu dit à Moïse : « Quel manque de pudeur de la part de celui qui convoite Mon Paradis alors qu’il me désobéit ! Comment ferais-je don de Ma miséricorde à celui qui fait preuve d’avarice quant à mon obéissance ?! » Comment veux-tu un Paradis large comme les cieux et la terre s’en en payer le prix ? Dieu dit : « Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du paradis » (le repentir : 111). Paie le prix, et tu recevras l’objet de la transaction. Le Paradis ne peut être accordé gratuitement sans fournir d’effort. C’est ce que l’islam nous apprend : récoltera celui qui sème, et quiconque fournit un effort en récoltera le fruit.
Troisième cause empêchant le repentir : l’espoir de vivre très longtemps :
C’est-à-dire, le fait que l’homme vive comme s’il était éternel, en excluant l’éventualité de mourir, comme si la mort était absente de son esprit. Etant donné qu’il voit la mort très loin, il remet toujours les choses à plus tard. Il commet le péché sans se repentir en disant : « Je me repentirai plus tard ». Les pieux-prédécesseurs disaient : « La plupart des gens de l’enfer sont ceux qui remettent les choses à plus tard » ils disaient également : « Je vais » (sawfa) est l’une des armes d’Iblis.
Ainsi, l’homme remet à plupart son repentir car il est convaincu de vivre longtemps comme s’il avait conclu un accord avec l’Ange de la mort pour que ce dernier ne vienne pas à lui soudainement. S’il s‘agit d’un jeûne : qui a dit que la mort ne touchait pas les jeunes ? Qui a dit que seuls les vieillards mourraient ? Regarde autour de toi : Combien de jeunes sont morts en étant dans la fleur de l’âge ?
Qui a dit que le bien-portant ne pouvait mourir ? Qui a dit que seul le malade mourrait ? Combien de personnes avons-nous vu mourir alors qu’elles étaient en pleine santé. N’avez-vous pas entendu parler de la mort subite contre laquelle le Prophète (r) a demandé la protection divine ? N’avez-vous pas entendu parler de ceux qui ont perdu la vie dans les accidents de la route ?
C’est pour cette raison que le Prophète (r) nous a appris à vivre dans ce bas-monde avec le même état d’esprit que le voyageur de passage. Prépare-toi donc à partir !
Le Prophète (r) dit : « Sois dans ce bas-monde comme un étranger ou un passant » (rapporté par al-Bokhari) Ibn ‘Omar (t) dit : « Parvenu au soir, n’attends pas le matin, et parvenu au matin n’attends pas le soir » (rapporté par al-Boukhari).
Quatrième cause empêchant le repentir : Désespérer de la miséricorde de Dieu : En pensant que Dieu ne pourrait accepter ton repentir, en désespérant du pardon divin, or Dieu dit : « Et qui désespère de la miséricorde de son Seigneur, sinon les égarés » (al-Hijr : 56), « Ce sont seulement les gens incroyants qui désespèrent de la miséricorde d’Allah » (Joseph : 87)
Le véritable croyant est celui qui se positionne entre l’espoir en la miséricorde de Dieu et la crainte du châtiment de Dieu. Les deux dangers ici sont le fait de désespérer de la miséricorde de Dieu et de se sentir à l’abri de la colère de Dieu ; espérer excessivement le pardon de Dieu au point de se sentir à l’abri du châtiment divin ; et faire preuve d’une crainte excessive au point de désespérer de la miséricorde divine.
Ais donc espoir en la miséricorde de Dieu, mais tout en redoutant son châtiment. Dieu dit : « Est-ce que celui qui, aux heures de la nuit, reste en dévotion, prosterné et debout, redoutant l’au-delà et espérant la miséricorde de son Seigneur (est égal à celui qui ne le fait pas)… Dis : « Sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas » (les groupes : 9)
Quelques soient ses péchés, le musulman doit savoir que le pardon de Dieu est plus vaste et plus grand. Dieu dit : « Dis : « Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Car Allah pardonne tous les péchés » » (les groupes : 53). Ecoutez cette expression pleine de tendresse « Ô Mes serviteurs ! » En dépit de leurs péchés, Dieu ne les a pas privé de les compter du nombre de ses serviteurs, Il ne leur a pas soustrait la qualité de servitude qui les lies à leur Seigneur. Quelques soient les péchés qu’ils ont commis, ils sont Ses serviteurs, c’est Lui qui les a créés, qui les a comblés de Ses bienfaits apparents et cachés, Il les invite tendrement à revenir vers lui « ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Car Allah pardonne tous les péchés ».
Il n’y a aucun péché, aussi grand qu’il soit, qui ne pourrait être englobé par le pardon de Dieu. Le Prophète (r)r dit : « Parmi ceux qui vivait avant vous, il y avait un homme qui avait tué quatre vingt dix neuf personnes. Il demanda quel était le plus grand savant de la terre. (Sa conscience s’est éveillée. Quelques soient ses péchés, le musulman finit par revenir à lui et se repentir grâce à ce morceau de chair qui, lorsqu’il est sain, rend tout le corps sain). On lui désigna un moine. Il alla le trouver et lui dit qu’il avait tué quatre-vingt-dix-neuf personnes. Est-ce qu’il lui restait une quelque possibilité de se repentir ? Le moine dit : « Non ! ». Il le tua sur le coup et compléta ainsi à cent le nombre de ses victimes (lorsque que l’homme est dans un désespoir total, rien ne l’empêche de commettre des actes insensés. Pourtant, ses méfaits continuent de le perturber. Il ne peut concevoir qu’il n’a plus la possibilité de se repentir ! Il poursuit alors sa quête) Puis, il demanda quel était l’homme le plus savant de la terre. On le lui désigna. Il lui dit : « J’ai tué cent personnes. Ai-je encore une quelque possibilité de me repentir ? » Il lui dit : « Oui, et qu’est-ce qui pourrait s’opposer à ton retour à Dieu ? (l’homme se sentit soulagé) Va à tel pays, là vivent des gens qui ne font qu’adorer Dieu Exalté. Adore Dieu avec eux et ne retourne plus à ton pays car c’est une terre de mal » Il se mit donc en marche et lorsqu’il fut à la moitié du chemin il fut atteint par la mort. Les Anges de la miséricorde et les Anges du châtiment se disputèrent à son sujet. Les Anges de la miséricorde dirent : « Il est venu repentant, désirant de tout cœur retourner à Dieu ». Les Anges du châtiment dirent : « Il n’a jamais fait de bien dans sa vie ». C’est alors qu’un Ange vint à eux sous une apparence humaine. Ils le prirent comme arbitre. Il leur dit : « Mesurez la distance qui le sépare de la terre du mal et celle qui le sépare de la terre du bien. Destinez-le ensuite à celle dont il est le plus proche ». Ils mesurèrent et trouvèrent qu’il était plus près de la terre qu’il voulait rejoindre et ce furent les Anges de la miséricorde qui lui retirèrent son âme » (rapporté par Mouslim)
Dans une autre version : « La cité vertueuse était plus proche d’un empan, il fut alors compté de ses habitants ». Dans une autre version : « Dieu, Elevé soit-Il, inspira à la terre de mal de s’éloigner et à celle du bien de se rapprocher. Puis, Il dit : « Mesurez la distance qui les sépare » Ils trouvèrent qu’il était plus proche d’un empan de la cité du bien. Aussi, fut-il absout de ses péchés »
Aussi, cher musulman, repens-toi sincèrement car la porte de la miséricorde divine est sans cesse ouverte, aucun obstacle ni portier ne peut t’en empêcher l’accès, « Dieu tend Sa main la nuit pour accepter le repentir du pécheur du jour et tend Sa main le jour pour accepter le repentir du pécheur de la nuit et ce, jusqu’à ce que le soleil se lève de l’Occident » (rapporté par Mouslim). Dieu nous appelle en ces termes : « Ô Mes serviteurs ! Vous péchez nuit et jour, et Moi je pardonne tous les péchés. Implorez donc Mon pardon et je vous l’accorderai » (rapporté par Mouslim)
Que Dieu nous pardonne nos péchés et nos excès. Seigneur Dieu ! Nous avons entendu l’appel de celui qui a appelé ainsi à la foi : « Croyez en votre Seigneur » et dès lors nous avons cru. Seigneur, pardonne-nous nos péchés, efface de nous nos méfaits, et place-nous, à notre mort, avec les vertueux !
Sermon de vendredi – Moncef Zenati
(Série purification de l’âme 11ème partie)
6 Comments
Je veux me repentir d’un péché que je commet tout le temps mais je n’arrive pas…je souffre.
J’ai bcp pleuré, alhamoulilaye,crayons notre seigneur, le bon, le tout miséricordieux. Choukran à celui qui a écrit ce beau texte. Ma foi est augmenté en le lisant
Merci infiniment alhamdouliLah
AlhamdoulilLah… Barakallahou fikoum pour cet article qui m’a sincèrement soulagé et redonné espoir.
Allahuma Ammmeeeeeeeen
Jazak Allahu Khayran pour ce magnifique rappel
Très intéressant et vraiment instructif ,
ce fût un réel étonnement en ce qui me concerne :
le fait d’apprendre qu’un Musulman éprouve beaucoup
d’interêt au sujet de la repentance.